Avatar

La mondialisation se poursuit...

par jmp ⌂ @, Boulogne/Mer, jeudi 15 juin 2006, 09:24 (il y a 6727 jours) @ jmp

Ultime emblème, « l'impérialisme culturel américain » recule. De nombreux exemples l'attestent. En Corée, les films nationaux constituent plus de la moitié des recettes depuis 2004. En Allemagne, l'un des grands succès de l'année est « La Vallée des loups », film turc à gros budget (10 millions de dollars) racontant la lutte de soldats turcs en Irak contre les Américains. Dans la télévision, il y a une génération, « Dallas » dominait impitoyablement l'univers des séries. Jusqu'au fin fond de la Côte d'Ivoire, des gamins se baladaient avec des T-shirts à l'effigie de JR et Sue Ellen. Aujourd'hui, les Vietnamiens passent des heures devant une série coréenne et la telenovela argentine « Muñeca Brava » remporte un franc succès au Cameroun ou au Sénégal. Dernier exemple : méconnu de l'Amérique, le football gagne du terrain médiatique dans le monde entier, comme par exemple au Japon.

Pour une fois, des mots à rallonge expriment clairement la réalité : nous ne vivons pas la « démondialisation », mais une « désaméricanisation » qui touche non le monde, mais la mondialisation elle-même. Si l'empire américain reste fort, de nouvelles puissances nationales ou régionales émergent à ses côtés. Et après avoir été piloté par les Etats-Unis, l'essor des échanges est désormais orchestré par les entreprises géantes du monde entier. Ce changement majeur pourrait bien menacer la mondialisation elle-même. D'abord parce que les Américains sentent que le mouvement leur échappe et réagissent en se crispant - d'où l'agacement de la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice dès qu'elle entend le mot « multipolaire » ou la montée de la tentation protectionniste à Washington. Ensuite et surtout, parce qu'il n'y a plus de leadership incontesté ou de clivage organisateur et pas, ou pas encore, de volonté commune d'ouverture. D'où, par exemple, la difficulté d'avancer dans le round de négociations commerciales de Doha. Sans arbitrage, l'essor d'une saine concurrence peut déboucher sur des rivalités commerciales délétères, voire sur des antagonismes meurtriers. Cela n'est pas une rumeur, mais l'histoire du monde.

JEAN-MARC VITTORI est éditorialiste aux « Echos ». jmvittori@lesechos.fr

--
jean-marie


Fil complet:

 Fil RSS du sujet

powered by my little forum