Un article qui parle (un peu) de DLTA (Securibourse)

par jpa @, jeudi 06 décembre 2012, 17:37 (il y a 4371 jours) @ jmp

Pour de vrai!
Mais très brièvement

http://lexpansion.lexpress.fr/economie/delocalisations-le-combat-sans-fin-du-super-low-...

Délocalisations: le combat sans fin du super-low cost

Adieu la Chine, bonjour le Bangladesh! Afin de comprimer leurs coûts, les multinationales quittent des pays pourtant très compétitifs pour implanter leurs usines dans de nouveaux eldorados salariaux.

Entre la Moldavie et la Macédoine, son coeur balance. Jean-Claude Bontaz n'organise pas ses prochaines vacances le doigt sur une carte. Non, le directeur général de Leman Industrie, sous-traitant automobile savoyard, prépare sa future délocalisation. Et confesse bien des difficultés à se décider. Installée depuis dix ans dans la banlieue de Tunis, son usine ne donne plus le rendement des débuts. Depuis le "printemps arabe", le climat social en Tunisie s'est dégradé et les salaires ont fait un bond de 25 %. "Autrefois, les syndicats étaient inexistants et le gouvernement faisait en sorte que les industriels puissent investir en toute tranquillité. C'est terminé, tout ça", soupire-t-il.

Trop cher. Il a bien une autre usine à Timisoara, en Roumanie, mais elle est "au taquet", et le salaire minimal a pris 30 % depuis qu'il y a planté son enseigne, au milieu des années 2000. Alors, la Chine > Il y est déjà, à seulement quatre heures de Shanghai. Mais, là encore, le coût moyen d'une heure de travail y augmente en moyenne de 12 % par an. Et ça fait dix ans que ça dure. Il va falloir arbitrer une nouvelle fois, trouver le prochain eldorado salarial. Non pour engranger des milliards de profits, mais pour rester "compétitif" par rapport à ses concurrents équipementiers de l'automobile, prêts à réaliser tous les sacrifices humains, à déplacer des sites comme des briques de Lego. Leurs clients, les constructeurs automobiles, ne leur feront pas de cadeau.

Cette loi d'airain ne s'applique pas seulement à l'automobile en crise, mais aussi à l'électronique. Le coréen LG, lui, remise au placard le centre de recherche-développement délocalisé il y a seulement trois ans à Tunis. Il a déjà tranché, ce sera la Pologne. La liste des délocalisations en chaîne s'allonge avec le cas de Nokia. En 2008, le géant finlandais de la téléphonie mobile défrayait la chronique en annonçant la fermeture de son usine allemande de Bochum pour aller s'implanter à Jucu, une bourgade de l'ouest de la Roumanie. Un miracle pour le tissu industriel de cette région, que la chute du régime communiste et la transition chaotique des années 90 avaient décimé. Las, trois ans et demi plus tard, l'histoire se répète. Nokia a finalement plié bagage pour aller s'installer dans le nord du Vietnam, laissant sur le carreau 2 000 salariés.

"Toujours plus loin, toujours moins cher", tel est le triste slogan d'une mondialisation sous l'emprise de la crise. Les Tunisiens, les Roumains ou quelques Chinois embourgeoisés de la côte est, tous ces salariés tout juste "émergés", vivent désormais sous la menace d'une délocalisation chez le voisin plus pauvre "en voie d'émergence". Voilà le low cost menacé par le super-low cost. Voilà les délocalisations 2.0, plus exotiques, encore plus économiques et tout aussi ravageuses. Il y a ceux qui ne jurent plus que par le Vietnam, l'Indonésie et le Cambodge ; ceux qui estiment que le Sud-Est asiatique est déjà trop cher et partent à l'assaut des nouveaux ateliers du monde en Bulgarie, au Bangladesh, et jusqu'en Afrique.

Des salaires qui grimpent trop, et le site déménage

Dans la formidable partie de Monopoly industriel qui se joue, les multinationales excellent dans l'art de jongler avec les écarts de salaires pour s'approvisionner au meilleur prix. Elles passent d'une délocalisation à une autre, à la faveur d'une main-d'oeuvre en apparence inépuisable, cette fameuse "armée industrielle de réserve" du capital chère à Karl Marx. Cette course économique menée sur le level playing field - littéralement, le terrain de jeux aplati - sort de l'extrême pauvreté de nouvelles zones, mais empêche une classe moyenne d'émerger. Comme si, arrivés à un certain niveau de salaire, l'ouvrier ou le contremaître devaient craindre pour leur poste. Pour preuve, il n'y a plus grand monde pour miser aujourd'hui sur la Chine.

Dans les réunions feutrées des conseils d'administration, l'ex-atelier du monde n'est plus le choix "par défaut". "Enrichissez-vous !" avait lancé - après François Guizot, ministre de Louis-Philippe - au début des années 90 Deng Xiaoping, le père des réformes. "La Chine n'est plus un pays low cost. Il y a dix ans, le coût d'un ouvrier était de 150 à 200 euros par mois. Aujourd'hui, il faut dépenser le double", raconte Margaux Fildier, responsable des achats de Delta Plus, qui fabrique à Suzhou (80 kilomètres de Shanghai) des vêtements de sécurité. Dix ans qu'elle parcourt la Chine !

Partout, c'est le même scénario. Sur les bords du Yangzi Jiang, dans le delta de la rivière des Perles, dans la province du Guangdong, le ras-le-bol des ouvriers chinois se traduit par une inflation salariale galopante. Après une vague de suicides, Foxconn, le sous-traitant d'Apple, a dû doubler les salaires dans son usine de Shenzhen. A Foshan, les ouvriers d'un sous-traitant de Honda ont campé devant les grilles de l'usine jusqu'à ce qu'ils obtiennent une revalorisation de leurs rémunérations de 30 %. Parfait, mais les voilà trop chers par rapport même à leurs compatriotes.
La compétition se joue désormais entre provinces

Car certaines multinationales prennent le chemin des provinces centrales, profitant de la politique d'ouverture du grand Ouest chinois, la Go West policy. La bataille des coûts se mène aussi à l'intérieur, comme une guerre civile, mais avec des victimes économiques. A Chongqing, Chengdu, Wuhan, le nouveau triangle gagnant, le salaire net moyen est de 20 % moins élevé qu'à Shenzhen. Mais pour combien de temps > Selon le cabinet Capital Business Credit, 40 % des multinationales projetteraient de quitter la Chine pour l'un des dragons du Sud-Est asiatique.

Adidas a renoncé cet été à avoir ses propres usines en Chine pour aller coudre ses chaussures aux trois bandes au Vietnam. Le salaire moyen d'un ouvrier à Hô Chi Minh-Ville faisait jeu égal en 2011 avec celui pratiqué dans le delta de la rivière des Perles il y a dix ans. Le Vietnam, Jacques Rostaing connaît bien. Sa société de maroquinerie y est installée depuis presque vingt ans : "Les salaires ont quand même quintuplé. Et l'administration vietnamienne est telle qu'il faut recruter des emplois non productifs. Or un chef comptable, compte tenu des charges sociales, c'est 1 500 dollars par mois."

Qui dit mieux > Les Philippines, où le salaire minimal n'a progressé que de 5 % en dix ans ; la Birmanie, après des années d'isolement ; la Bulgarie, avec un salaire moyen de 350 euros par mois, soit deux fois moins qu'en Hongrie et trois fois moins qu'en Croatie. Le Bangladesh a vu débouler, ces dernières années, les grandes enseignes du type H&M, Zara ou Uniqlo. Mais, en matière de coût du travail, on n'est jamais sûr de rien.
La source des réservistes est inépuisable

Cet automne, au Bangladesh, la police à fait usage de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes pour disperser des dizaines d'ouvriers du textile en grève. "Le printemps arabe a libéré un peu partout les revendications sociales", constate Dominique Jacomet, le directeur général de l'Institut français de la mode. Finalement, seuls les super-low cost peuvent arrêter cette mécanique infernale de déflation salariale. Mais il reste encore du monde prêt à entrer dans la ronde de la mondialisation pour quelques dollars. La source de réservistes dans cette guerre des coûts paraît inépuisable.

La cuisine démographique de Craig Barrett, l'ex-PDG d'Intel, livrée lors d'une interview à .Cent, fait froid dans le dos : "Prenez les populations russe, indienne et chinoise, et retirez les 90 % de paysans ; il reste 300 millions de personnes instruites, soit une réserve supérieure à la main-d'oeuvre des Etats-Unis." Le calcul de coin de table - mais pas vraiment plus élaboré que ceux conçus par les grands consultants américains - vaut également pour l'Europe. Et conduit tout droit à une proposition pour gagner la bataille des prix : faire baisser son coût du travail pour redevenir attractif.

Un peu récessif, franchement malthusien, mais quelques pays européens s'y lancent tête baissée. En Grèce, le coût unitaire du travail a baissé de 11,5 % au premier trimestre, ce qui n'a pas empêché des multinationales, comme Coca-Cola et le Crédit agricole, de plier bagage. En Espagne, le salarié coûte 6 % moins cher aujourd'hui qu'il y a deux ans, et les investisseurs reviennent. Fin octobre, Ford a transféré à Valence son usine belge de Genk. La bataille se joue aussi entre Européens. La guerre des coûts ne connaît pas les fuseaux horaires.
L'Europe, nouvelle tête de pont de l'électroménager chinois et sud-coréen

Cruelle ironie de l'histoire. A l'heure où les multinationales quittent la Chine pour aller puiser en Asie du Sud-Est une main-d'oeuvre encore moins chère, les géants asiatiques, eux, viennent produire des réfrigérateurs, des lave-vaisselle et des téléviseurs... dans la vieille Europe.

Après Samsung, LG a ouvert une usine d'électroménager en Pologne. Le groupe sud-coréen, qui entend ainsi profiter d'une main-d'oeuvre bon marché et formée autrefois par Philips, Bosch et Siemens, espère devenir le n° 1 de l'électroménager d'ici à 2015.

Les Chinois, qui nourrissent de grandes ambitions sur le marché des téléviseurs, ne sont pas en reste. TCL assemble déjà des télés en Pologne... dans une ancienne usine Thomson, tandis que le chinois Changhong a choisi la République tchèque comme tête de pont pour lancer ses téléviseurs en Europe. Enfin, Haier étudierait une implantation en Europe de l'Est pour y produire une partie de ses produits électroménagers.

Objectif des marques asiatiques : la conquête du marché européen. De six semaines, les délais d'approvisionnement passent ainsi à trois jours. De quoi satisfaire aux exigences de la grande distribution occidentale.


Fil complet:

 Fil RSS du sujet

powered by my little forum