un peu de recul n'est pas mauvais (Securibourse)

par Graham ⌂ @, dimanche 05 avril 2009, 23:29 (il y a 5713 jours) @ NadegeL

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Chaque chose négociable, par définition, vaut un prix. Chacun, dans sa vie quotidienne, fait l’estimation de la valeur des choses négociables et la compare au prix affiché. Chacun, à partir, de ces estimations est à même de déterminer un prix en dessous de laquelle la chose négociable devient une bonne affaire. Je ne remets pas en cause cela. Ce serait inepte. C’est la nature même du système commercial. Dans le cas particulier de Wavecom, ou d’une autre société quelconque, non plus. Je ne dis ainsi nulle part qu’il n’est pas judicieux d’investir dans Wavecom à 5€ ou à 8€. Non. Par contre, j’ai dénoncé une présentation outrancière de cette société qui a conduit à survaloriser nettement ses perspectives sans jamais mettre en avant ses faiblesses.

Il est intéressant d’observer l’évolution de la valeur de Wavecom dans le temps. Prenons pour point de départ janvier 2003. Cette date marque, peu ou prou, la fin du précédent modèle de valorisation qui avait conduit Wavecom à être négocié à des niveaux stratosphériques sans communes mesures avec ses errances d’alors. On observe qu’à l’exception de la période comprise entre mai 2004 et juillet 2005 et au courant de l’été 2006, Wavecom a toujours coté jusqu’en février 2009 au-dessus du prix de l’OPA de SierraWireless. On observe encore depuis janvier 2007 une fièvre spéculative assez nette par l’accroissement des volumes de négociation sur le titre. Cette fièvre est concomitante à une forte publicité autour de la société dans les médias financiers ainsi que sur de nombreux sites boursiers. On peut supposer sans grand risque d’erreur que de nombreux particuliers se sont laissés séduire par les avis consensuels d’alors. Il est remarquable de noter qu’aucune réserve n’atténuait les perspectives de cette société, ni ne soulevait les risques potentiels. Sur le plan économique, il s’est avéré que Wavecom, à partir de 2007, n’a cessé de décevoir, accumulant les avertissements sur chiffres d’affaires et sur sa rentabilité. On conçoit dès lors clairement les exagérations qu’il y a eu sur la façon de valoriser au plus juste les fondamentaux de cette société. Wavecom n’a été une affaire, au point de vue boursier, qu’au pire moment de la débâcle sur les sociétés à connotation technologique lors du crash du début de la décennie. Par après, Wavecom s’est révélé n’être qu’une société aux fondamentaux économiques médiocres qu’un engouement excessif, relayé par toutes sortes de médias, a permis de valoriser selon un modèle de valorisation inadéquat et excessif.

Cet exemple est riche d’instruction. Il montre les nouvelles tendances qui conduisent à certaines bulles qui affectent de temps en temps certaines valeurs. Dans le cas de Wavecom, nous avons une société dont l’intérêt du business est difficile à cerner. Pareillement sont malaisés à saisir : la concurrence sur son marché, la qualité de sa recherche et la réalité de ses innovations. Ce faisant, tout peut-être dit et imaginé. Dès lors, il suffit qu’émerge un consensus pour qu’un flux positif influe à la hausse un titre. C’est ce qui s’est passé pour Wavecom. On pourra aussi s’apercevoir de l’influence croissante du média Internet dans la façon de valoriser les sociétés. Aujourd’hui les journaux financiers et patrimoniaux ne sont plus suivis. On recherche d’autres supports pour se faire son opinion. L’impartialité supposée de l’Internet est séduisante et séduit. Grâce à des sites comme Boursorama et Boursematch, on suit les avis de ceux qui paraissent les plus éclairés. Les fonds « mid and small » jouent de ces relais. Gérant le plus souvent à court terme, ils identifient les valeurs les plus susceptibles de fièvre communicative. Tous les acteurs du secteur financier discernant la manne se placent, émettent des avis positifs et contribuent à amplifier les phénomènes à la hausse. L’illiquidité des titres « mid and small » est condition de ces phénomènes et les autorisent. A la fin, il y a toujours l’impartialité des meilleurs intervenants d’Internet pour rassurer les suiveurs. Le média Internet a aujourd’hui supplanté les journaux pour former et conditionner les opinions.

Autre aspect instructif : aujourd’hui il est bon, comme le fait Bimbo, de déceler les meilleurs intervenants qui occupent les forums boursiers. Souvent, ceux-là sont aussi bons, voire meilleurs (car moins astreints) que les professionnels. Il est souvent judicieux de les imiter et de les suivre. Comme on peut faire avec les gérants de fonds, il n’est peut-être pas mauvais d’établir un jugement sur la valeur de tel ou tel. Je me permets de donner mon avis sur Nakama. Dans les faits, ses performances sont remarquables. Toutefois ses avis sont souvent exagérés et orientés. Il n’émet guère de réserve sur les titres qu’il sélectionne. Ces titres, par la complexité à les aborder, sont difficiles à saisir et pour cette raison se prêtent particulièrement aux fièvres communicatives et aux bulles dont j’ai parlé plus haut. On peut dire n’importe sur eux, tant que l’on est dans le consensus qui arrange tout le monde, c'est-à-dire tant que l’on contribue à la fièvre communicative, promesse de gains futurs. Je dis que, dans une optique à long terme, il faut plus que se défier de toutes sortes de fièvres. Concernant Nakama, j’observe qu’il est fort à dénicher des sociétés excessivement décotées. Toutefois, j’observe que son biais technologique le conduit à s’égarer souvent sur les perspectives réelles des sociétés qu’il suit. J’en déduis que s’il est souvent judicieux de le suivre quand il se positionne (investissement dans la valeur), il faut commencer à être particulièrement prudent dès lors que le titre choisi s’est déjà bien revalorisé et a retrouvé des niveaux plus normatifs. Ils deviennent alors des valeurs spéculatives à rumeurs. L’évolution boursière des titres qu’il a sélectionné tend à justifier cette réserve. Pardon si je vexe.

Je reviens une dernière fois sur les insinuations de Nakama à mon encontre.
J’évoque mes avis comme chacun fait. A la différence, que j’expose le plus souvent mes réserves dès lors que j’en parle publiquement. Dans le cas de STS Group, je crois bien que ma seule intervention a consisté à émettre une réserve nette sur l’honnêteté des dirigeants. J’ai choisi ce titre pour sa décote, sa profitabilité, son -semble-t-il- avantage technologique. Je déplore l’opacité et, me semble-t-il, les erreurs de gestion des capitaux. Je crains une arnaque comme il s’en fait souvent sur le marché libre. La plus part du temps quand j’investis sur ce type de titre, je n’émets pas mon avis, pour la raison que l’illiquidité et l’opacité qui règne autour de ces titres autorisent toutes sortes de malversations et que je ne veux pas en être le complice par mes contributions. Comme Nakama a abordé la comparaison de Mobilegov avec STS Group, je réponds. STS Group, pris en compte la prochaine augmentation de capital, aura une valorisation d’entreprise de 12m€, à comparer aux 8m€ de Mobilegov. Or, STS Group a un historique de chiffre d’affaires et de rentabilité extraordinaire. Mobilegov lui n’a rien. Malgré mes réserves sur l’honnêteté des dirigeants et malgré l’avertissement de fin d’année dernière sur le niveau de profitabilité future de l’entreprise, les deux ne sont pas comparables, car sans proportion en tout. Mobilegov a tout à prouver. Tout comme Ferco. Et Nicox pourrait bien se révéler être dans ce même cas tout comme l’a été Wavecom.

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