Ce qu'il faut entendre des propos de Mlle Royal

par Graham ⌂ @, samedi 11 novembre 2006, 15:43 (il y a 6580 jours) @ Graham

Quelques uns se sont troublés des propos de Mlle Royal et y voient une des raisons de la chute du cours d’Acadomia. Je ne crois pas, pour ma part, que ces paroles dépassent le niveau de la démagogie, ni encore qu’elles puissent être suivies d’effets réels. A horizon d’un an ou moins en cas de défaite socialiste, il y a lieu de croire que toutes ces considérations seront oubliées et n’auront plus d’incidence sur le cours d’Acadomia. Pour lors, venons-en à la dispute d’idées !
La mécompréhension de l’activité professorale de Mlle Royal est complète. Il ne s’agit pas de polémiquer sur la quantité de travail des professeurs de l’éducation nationale. Elle est tout simplement suffisante et ceux-ci ne peuvent pas tout. Aux 18 heures d’enseignement proprement dit, il faut ajouter les heures de préparation et de réactualisation des cours, il faut égaler ajouter les heures de correction des copies scolaires. Un travail de qualité fait rapidement monter les heures de travail totales des professeurs, d’après ces considérations, à 35h par semaine. Si ces mêmes professeurs sont capables, par après, de faire encore des heures supplémentaires de soutien rémunérées, il faut en voir la raison dans la faiblesse des salaires des professeurs et la nécessité qu’ils ont, eux aussi, d’accroître leur faible revenu. Ensuite, les professeurs de l’éducation nationale ne sont en aucun point responsable du nombre disproportionné d’élèves dans les classes scolaires, nombre qui empêche tout suivi individualisé. Les sociétés de soutien scolaire, à l’instar d’Acadomia, répondent à ce besoin. Il s’agit après de savoir laquelle propose le meilleur service. S’agissant, alors, d’accorder s’il est ou non équitable que dans notre République il faille recourir à des entreprises privées pour garantir la réussite scolaire de nos enfants, ce point relève de considérations d’abord morales puis économiques avant d’être politiques. Morale d’abord, parce que simplement les enfants ne peuvent pas être tous égaux naturellement en capacité, et que nécessairement certains réussiront mieux que d’autres. Et cela n’est que la manifestation naturaliste et darwinienne de l’ordre physique et mécanique du monde. Qu’après, il faille atténuer les déséquilibres et les inégalités naturels, c’est un point de morale qui dépend largement de conditions économiques préalables. Le budget de l’éducation nationale est déjà important et ne peut point être accru sans de nouveaux impôts. Ceci n’est point immédiatement envisageable. Ensuite, j’imagine difficilement comment la qualité de l’enseignement dispensé pourrait être accru. Pour connaître quelques professeurs, la charge de travail qu’ils assument, ainsi que leur détermination, je me persuade que l’on ne peut guère perfectionner beaucoup avec les moyens existants le système actuel. Restent alors, comme moindre mal, les sociétés de soutien. Certes, leur existence signifie la défaillance d’un système en déperdition. Il faut bien pourtant accepter les faits. Désormais donc, ce sont les familles qui doivent assumer la charge économique supplémentaire pour garantir la réussite de leur rejeton. Ce système est-il si inéquitable > Pas tant. Pourquoi > Les sociétés de soutien scolaire ont principalement pour clients des parents dont la catégorie socioprofessionnelle se range dans les employés/ouvriés. Ce sont eux qui recourent à de tels prestataires de services. Les enfants de cadres sont pour la plus part déjà inscrits dans des collèges et lycées privés, qui délivrent un enseignement de meilleur qualité, ou du moins avec des moyens plus grands. Donc en somme, quasi tout le monde rétribue déjà des acteurs privés pour la scolarité de leur enfant. Il n’y a que les familles les plus pauvres qui ne le peuvent pas. Et là, il en va de la responsabilité de l’Etat et non des entreprises de soutien.


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