La Cnim réinvente le catamaran (Securibourse)

par jpa @, vendredi 06 juillet 2012, 11:53 (il y a 4524 jours) @ Hubisan_

http://www.usinenouvelle.com/article/la-cnim-reinvente-le-catamaran.N176107

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Pour répondre aux nouveaux besoins de la Marine nationale, la Cnim a imaginé un catamaran à tirant d'eau modulable servant de barge de débarquement. L'Usine Nouvelle l'a testé.

Le mistral souffle sur la rade de Toulon. Pourtant, le L-Cat (landing catamaran) reste impassible. Les 200 tonnes de cette barge de débarquement se pilotent aisément à l'aide d'un joystick et d'une petite manette en guise de barre. Les quatre moteurs hydrojets pivotants font merveille. Le L-Cat peut même réaliser un « 360 » en pivotant sur son axe ou se déplacer latéralement. Les ingénieurs des Constructions industrielles de la Méditerranée (Cnim) ont créé un bateau unique au monde, un catamaran à tirant d'eau modulable. En mer, son comportement est marin. En approchant d'une plage, son plancher mobile, d'une épaisseur de 1,5 mètre, est descendu à l'aide de puissants vérins hydrauliques. Eurêka ! Lorsqu'il touche l'eau, il augmente le volume de la carène. Le catamaran se transforme en quelques secondes en un bateau à fond plat à très faible tirant d'eau. La Cnim, ancien chantier naval de La Seyne-sur-Mer (Var), reconverti dans la valorisation des déchets et dans la sous-traitance pour le nucléaire et l'aérospatiale, assure la maîtrise d'oeuvre du L-Cat, fabriqué par le chantier Gamelin (Socarenam) à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Sur les huit exemplaires commandés par la Marine nationale, pour un montant de 125 millions d'euros, le deuxième vient d'être livré. Or ce projet aurait pu ne jamais se concrétiser.

Au début des années 2000, l'armée a besoin d'un bateau de débarquement capable de parcourir des distances plus longues et à plus grande vitesse, car le navire principal doit désormais rester hors de portée visuelle des armes au sol modernes, soit à une vingtaine de milles environ. Les barges à fond plat, peu marines et lentes, sont devenues inadaptées. « La Royale » lance donc un appel d'offres, avant de l'annuler en 2003 à cause d'un budget réduit. Les ingénieurs de la Cnim parviennent toutefois à convaincre leur direction de poursuivre le projet. En 2009, grâce aux emprunts d'avenir, la Direction générale de l'armement peut le relancer. La Cnim remporte l'appel d'offres portant sur les huit unités du catamaran (dont quatre fermes), rebaptisé EDA-R (engin de débarquement amphibie rapide). Le premier exemplaire est finalisé dès 2011. Le L-Cat a été créé par une équipe regroupée dans un même grand bureau afin de favoriser les échanges entre les différents responsables. « Nous travaillons en appliquant la spirale de l'architecte naval, du profil de la mission à l'estimation des coûts, en passant par les aménagements, la propulsion, l'estimation des poids et de la stabilité, explique Johan Barraud, le responsable technique du projet. Une fois les paramètres définis, on repart sur une nouvelle boucle, pour améliorer l'ensemble. » Car chaque modification d'un paramètre en modifie un autre.

De nombreux tests d'optimisation

Si Johan Barraud s'appuie sur des outils informatiques (le logiciel OPX2 pour la gestion des approvisionnements, Windchill pour les données techniques, Autocad pour la CAO), l'expérience des hommes demeure primordiale. Les problèmes à régler sont nombreux. En déplacement à vide, l'hydrojet reste légèrement hors de l'eau et livre toute sa puissance. Mais à pleine charge, il se retrouve sous l'eau, d'où une perte de rendement. Quelques calculs sont réalisés en avant-projet, avant de passer rapidement à des essais sur une maquette dans l'immense bassin de carène de Wageningen, aux Pays-Bas. « Nous nous sommes vite calmés sur la modélisation, reconnaît Johan Barraud. La vitesse très élevée du catamaran crée des phénomènes de surface planante, avec des geysers, des tourbillons, des variations d'assiette : on arrive à la limite de ce que savent faire les logiciels. »

La maquette a permis de valider et d'affiner les solutions choisies. Face aux difficultés d'optimiser les deux modes, à vide et en charge, et parce qu'aucun précédent n'existe pour un catamaran de ce poids et de ce tirant d'eau, plusieurs formes sont testées. Principal souci : la chasse au poids, dans le respect des normes militaires de fiabilité et de longévité. Un aluminium haute performance a été retenu pour supporter des taux de contrainte importants. L'optimisation des quatre systèmes de levage hydraulique, d'une puissance de 85 tonnes chacun, a été particulièrement poussée. Afin de réduire leur longueur, ils sont constitués d'un système double. La Cnim a par ailleurs déjà reçu une vingtaine de délégations étrangères. La Russie et l'Inde en tête, suivies du Brésil, de l'Afrique du Sud, du Canada, pourraient se montrer intéressés. Une version civile est également en préparation, destinée à assurer un support logistique dans des régions côtières difficiles d'accès et à intervenir lors de missions humanitaires, comme après une catastrophe naturelle.

MODULABLE EN QUELQUES SECONDES

Avec ses 30 mètres de longueur et 12,6 mètres de largeur, le L-Cat entre dans le radier du bateau mère. Le plancher en position basse lui permet de réduire son tirant d'eau à 0,70 mètre. Grâce à son plancher mobile et à de puissants vérins hydrauliques, le L-Cat peut réaliser un accostage classique sur un quai... ... une infrastructure détruite... ... ou sur une plage.


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