Utilité d'un PER évaluant la cherté des marchés (2)

par Graham ⌂ @, samedi 12 août 2006, 22:55 (il y a 6669 jours) @ Graham

(2)
Certains investisseurs – ce n’est pas mon cas – confrontent le PER de telle valeur à celui du marché pour sélectionner les valeurs décotées, dans l’espoir d’une reconsidération ultérieure du marché qui valoriserait mieux les « pépites » dénichées. Cette méthode n’est pas sans intérêt dès lors qu’une diversification suffisante atténue le risque d’erreur particulière. Cette sélection monocritère à partir d’un faible PER a été préconisée par Ben.Graham (le père de l’investissement dans la valeur) à la fin de sa vie. L’apôtre de la marche au hasard des marchés, Burton G. Malkiel, l’a reprise aussi et proposé à tous les suractifs de l’investissement. Je ne m’étends pas sur cette méthode qui a fait ses preuves avec une avérée réussite. Ce n’est pas mon objet. Car enfin, il ne s’agit pas ici de savoir si telle société est décotée par rapport au marché mais si le marché est à son prix, sous-évalué ou surévalué. A cette fin, je ne connais pas d’autre moyen que celui, empirique, de comparer le PER actuel du marché avec sa courbe historique (l’intuition de Labadie sur mes intentions est remarquable !). Ceci relativise beaucoup tous les avis qu’un peu prestement les intervenants ont sur la cherté du marché. Cela incite aussi à une saine défiance. La valorisation des marchés est somme toute très variable dans le temps. Je pars du postulat empirique que les choses humaines se reproduisent incessamment dès lors que la mémoire des évènements s’estompe. On parvient à l’affirmation que si les marchés ne sont pas surévalués actuellement avec un PER proche de 16, ils ne sont pas non plus survendus. A cette fin, rappelons le long cycle baissier de la fin des années 60 au début des années 80. Les principaux indices n’évoluèrent guère en valeur nominale. En valeur réelle, corrigée de l’inflation, la perte de valeur de ces indices correspond à une baisse d’environ 60% (elle n’est plus baissière que de 0,5% annuellement si l’on inclut les dividendes versés). Or la raison principale de cette chute ne réside pas dans une défaillance accrue des sociétés - leurs bénéfices continuèrent à croître à un taux moyen annuel de 6% - mais dans un réajustement de leurs modèles de valorisation. C’est ainsi qu’un 1966, le PER moyen du SP500 était d’environ 17 quand, en 1982, celui-ci n’était plus que de 7,5. Une grande part de l’exceptionnelle rentabilité des actions depuis 1982 jusqu’à l’éclatement de la bulle tient uniquement à ce phénomène de rattrapage. On ne peut plus aujourd’hui sensément espérer une même rentabilité des actions sur la période qui s’engage puisque aujourd’hui déjà la valorisation du marché dépasse légèrement sa moyenne historique.

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