suite du débat (Securibourse)

par Graham ⌂ @, dimanche 11 janvier 2009, 21:19 (il y a 5798 jours) @ jmp
édité par Graham, dimanche 11 janvier 2009, 21:41

En réponse à Plegoff

Je ne comprends pas bien le sens de la remarque. Je n’ai pas voulu être manichéen. Il n’y a pas une génération vieille et mauvaise et de nouvelles victimes. On ne gagne rien à mêler la morale à un état de faits. Il ne s’agit pas de morale mais de la divination d’un possible et ultérieur rapport de forces. Il suffit d’établir des constats et à partir de ces constats d’essayer de deviner des possibilités. Si ma présentation a eu aspect manichéen, c’est que j’ai mal exprimé. Que la fondation d’une société est le plus souvent erratique, sujette tantôt à des formes de conservatisme, tantôt à des changements brusques, faites de strates successives qui s’entassent les unes les autres sans ordre logique est d’abord une nécessité dans l’ordre pratique mais aussi une évidence dans l’ordre des idées.
Toutefois, ce n’est pas parce que l’on exclue le jugement de la morale, en bon ou mauvais, que l’on est autorisé à se dispenser des responsabilités. Il est certain qu’aucun individu, pris en particulier, n’est responsable de l’état de la société. Néanmoins chacun, par les positions politiques qu’il prend au cours de sa vie, est responsable d’une fraction de la somme du tout. Nous sommes en démocratie. Nous élisons ceux qui nous gouvernent. Nous les réélisons même souvent. Nous sommes donc en partie responsables du choix des hommes à qui l’on délègue notre part de souveraineté. On pourra évoquer que l’on ne sait pas ou que l’on a guère de choix. Nous disposons, dans l’heureux pays dans lequel nous vivons, toujours de suffisamment de moyens d’investigations pour comprendre les principaux problèmes qui agitent notre société. Ainsi, si nous ne voyons pas, c’est parce que à un moment où à un autre nous avons pris la décision de ne pas voir ou de seulement rechercher. Quant au problème de la responsabilité exécutive, toujours encore nous vivons en démocratie, les lois nous permettent de nous associer, de nous politiser pour représenter une voix alternative qui n’existe pas dans nos représentants politiques. Si nous ne le faisons pas, c’est notre responsabilité et il n’y aucune légitimité à dire que nous n’avons pas le choix de bons représentants. Ainsi, au final, si nous ne sommes pas responsables individuellement des erreurs de la collectivité, nous participons tacitement et par consentement à l’état de faits, d’une part parce que nous sommes libres de comprendre ou non, d’autre part parce que nous sommes libres du choix de nos représentants ou de nous politiser. Nous collaborons donc par consentement passif. Ce que je pressens n’est rien d’autre qu’une perception analogue à la mienne que pourraient avoir les prochaines générations. Or à un mal que l’on ressent, on cherche une cause ou un responsable, afin de ne plus en pâtir. Si l’on n’y parvient pas, toute la violence du mal s’intériorise et on développera des tendances morbides (voire suicidaires comme l’on peut déjà en voir aujourd’hui en isolé dans nos sociétés). Si l’on y parvient, on chasse le mal en le reportant sur l’exutoire responsable de tous les maux. Il s’agit maintenant de réfléchir à la société que l’on lègue aux générations suivantes. Cette description est faisable bien que longue. Que chacun y pense en aparté et avec honnêteté. Veut-on bien voir ce que l’on lègue > Je ne pense pas. Cercle vicieux : n’est-on pas responsable de sa volontaire ignorance > C’est sans doute ce que penseront ceux qui nous suivrons. Ils diront : vous avez voulu d’un tel pacte social, mais n’y en ayant pas par avance consenti nous aujourd’hui n’en voulons pas parce qu’ils nous lèsent, nous ne sommes pas responsables de vos errances mais nous le sommes de notre avenir, notre avenir n’est pas le résultat de vos échecs, nous n’acceptons pas ces conditions iniques qui vous favorisent à notre détriment. Voilà en substance ce que je pressens intuitivement. Cela pourquoi > Parce que si j’étais en leur lieu et place, c’est ainsi que je réagirais. Ce n’est jamais que la suite logique à l’évolution de nos mœurs. La génération 68, n’a-elle pas déjà ainsi procédé dans la sphère privée, en ne faisant plus dépendre l’avenir de l’individu des impératifs de la famille > Pourquoi demain, cela ne serait-il pas concevable collectivement: une génération nouvelle entière reniant collectivement celles qui l'a précédée et qui n’offrent à leurs vies pour perspectives qu'un système déclinant devenu malsain et des valeurs de renoncement. La jeunesse ne pourra pas toujours se contenter des miettes. On la persuade depuis vingt ans de la difficulté à vivre et on l'incline au renoncement. Demain, dans des conditions plus encore dégadrées, elle risque tout simplement de ne plus pouvoir seulement survivre. Elle voudra d'autres lendemains qui chantent. Elle les conquerra. Et c'est tant mieux.

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