à plus long terme, il y a pire que la déflation (Securibourse)

par Graham ⌂ @, vendredi 09 janvier 2009, 18:42 (il y a 5801 jours) @ jmp
édité par Graham, vendredi 09 janvier 2009, 18:46

Tout le monde se persuade qu'il faut agir pour éviter les effets en spirale vicieux de la déflation (destruction d'emplois, baisse de la consommation, baisse de l'activité et des marges des entreprises, chomage partiel, technique, puis définitif, baisse de consommation, etc.; sans parler des effets sur les finances publiques des Etats avec une baisse nette des revenus issus des impôts). Les moyens à très long terme sont, sans doute, pires que l'inaction.
La difficulté résulte de ce que l'on agit avec les moyens qui ont provoqué la crise et qui provoqueront une plus grande crise ultérieurement:
-baisse des taux d'intérêts
-absence de contrôle de la qualité de la dette et facilité de prêts (voire rachat ciblé d'actifs toxiques)
-garantie de l'Etat ou des Institutions
-plans de relance des Etats, comme si l'essentiel des mesures mises en place ces dernières années n'étaient pas déjà des essais de relances artificiels.
-etc.
Ceci donc, que l'on voyait au niveau de la sphère privée, c'est à dire qui étaient essentiellement concentrés à l'intérieur des bilans des établissements bancaires se retrouvent désormais dans la sphère publique, au niveau des finances des Etats et des bilans des banques centrales, prêteurs en dernier ressort.
On en vient à ce que J-P Petit même concède:
» Il faut bien comprendre que l'augmentation de la dette publique a vocation à se substituer à la dette privée des ménages et des entreprises.

Cette phrase m'effrait, d'autant que très probablement après bien des essais non concluants qui coûteront chers, on aboutira certainement à cette conclusion. Cette phrase signifie que les excès de cette génération ainsi que ceux de la précédente seront payées par les suivantes. La dette publique est remboursée en différé après bien des années par les générations à ce moment actives, par le biais des impôts. C'est une amputation de richesse différée dans le temps aux générations suivantes. Je ne sais pas si nous sortirons assez vite de cette crise. Je sais toutefois que cette crise ne trouvera que des solutions provisoires et précaires. Une fois encore, nous différerons pour mieux tomber plus tard. Le pire, selon moi, sera dans plusieurs années. Quand les finances publiques de la plus part des Etats, obérées plus encore par la recherche de solution à cette crise, ne seront plus en mesure de garantir les minima sociaux qu'un peuple peut supporter (retraite, indemnités de chomage, santé, services publiques, sécurité intérieure et extérieure, etc.) et qui garantissent sa stabilité et sa paix à la fois sociale et extérieure. Que se passera-t-il> On recourra encore au vieux moyens usés, sauf que les charges seront telles qu'elles étoufferont les classes actives et, pire encore, enlèveront toute espérance aux plus jeunes générations. Que feront ces jeunes générations alors> Elles refuseront le pacte social scellé quelques générations plus tôt, qui les lèsent outrancièrement. Ces générations nouvelles, nos enfants et petits enfants, refuseront d'en assumer les conséquences pénibles parce qu'elles ne s'en ressentiront pas, à juste titre, responsables. Le conflit intergénrationnel, dont on commence à entendre parler ci et là, sera à son comble. Les sociétés seront prêtes alors pour des révolutions.

Ce propos est sans ambition et ne cherche pas à convaincre. Je suis cependant certain que dans le meilleur des mondes vers lequel nous tendons chacun ne pourra compter que sur lui et sur ses proches pour faire face aux difficultés de la vie. L'Etat Providence s'agite vainement au cours de sa lente agonie. Il est aujourd'hui vieux et de plus en plus impuissant. C'est vers l'avenir lointain, incertain toutefois que probable, que chacun devrait regarder avec un regard lucide, acéré et dénué d'idées reçues et bien pensantes. Le temps de l'idéalisme est passé. Il faut se préparer au grand choc pour notre civilisation que sera concommittemment le déclin de puissance et de richesse de l'Occident envers le reste du monde et le conflit intergénérationnel en dedans des structures de nos sociétés.

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