Merci Pasca711 (Securibourse)

par Graham , dimanche 04 août 2024, 01:10 (il y a 44 jours) @ fabrice

Ce n’était pas à proprement parler de l’intuition, même s’il en rentre dedans, plutôt une sorte de raccourci probabiliste. Alors, mon estimation de la juste valeur à un an tournait autour de 3 milliards d’euros. La valorisation était à 2,5 milliards. Ainsi, pour un gain maximum de 20% en comparaison de cette référence, j’étais exposé à toute sorte d’aléas pendant neuf mois. Les trois principaux étaient les conséquences de l’incendie, la fin de la guerre en Ukraine et un fléchissement des tensions avec l’élection aux USA de Trump et la non autorisation de la vente du site de Fos-sur-Mer. Au moment où je vendais, cela faisait quasiment deux mois et demi qu’il avait eu lieu et que la raffinerie de Gravenchon (soit les deux tiers de l’activité) fonctionnait à moitié régime sans que la société ne communique plus sur cet incident grave. Je calculais grossièrement les effets que cela produirait sur le compte de résultats. Il était très difficile de bien les évaluer mais les résultats seraient assurément inférieurs à ceux de l’année dernière et peut-être même très fortement inférieurs bien qu’à aucun moment je n’ai considéré que les marges fléchiraient. À cela se rajoutait la volatilité naturelle de l’action. J’ai ainsi supposé qu’à ce moment le risque de baisse à six mois était au moins équivalent si ce n’est plus aux chances de hausse et que le potentiel de variation pouvait être plus grand sur mauvaises nouvelles qu’il ne pouvait l’être sur celles des bonnes nouvelles qui me paraissaient plus limitées. Il m’est alors paru évident que conserver le niveau d’exposition que j’avais était à 190€ par action insensé. Je le pensais dès 150€ par action. J’ai laissé cependant quelque temps la tendance se poursuivre. La raison pour laquelle je me suis pris à faire de la psychologie de marché – chose que je ne fais pas ordinairement – est que le potentiel était réduit et sa possibilité de réalisation lointain et que j’avais une nette conscience de l’incapacité du marché à se persuader de la valeur des actifs et à tenir sa position. La moindre mauvaise nouvelle et son opinion serait ébranlée. Les derniers acheteurs de court terme furent quelques fonds arrivés tardivement et une poignée de spéculateurs. Je n’ai observé personne, hormis moi, miser sur le potentiel à long terme. Tout le monde misait sur les annonces récentes. Bref, la tendance à court terme ne pouvait être que fragile les six mois devant.
Il s’agit désormais de réévaluer le potentiel et le risque à la lumière de ce qui a changé ces trois derniers mois et de ce qui demeure constant. Exercice difficile. Mon estimation de la valeur fondamentale à un an a un peu baissé de la distribution du dividende et des moindres résultats de ce semestre. Pour autant, la décote actuelle trouve sa justification dans la communication opaque qui entoure la société, dans le risque de non réalisation de la cession, de taxation exceptionnelle des profits des énergéticiens mais aussi au travers de la turbulence des marchés et de la fragilité globale de la zone euro. Je me place désormais plus dans une position de long terme qui mise sur la capacité de la société à délivrer de bons résultats jusqu’à la fin de la décennie. Nécessairement mon exposition s’ajuste au niveau d’incertitude et je ne serai plus autant exposé que j’ai pu l’être en début d’année. Je crois être le seul investisseur particulier à faire un tel pari de long terme, d’une certaine manière contrariant mais sur une autre échelle de temps.

Dans la mesure où une performance à un an relève plus du hasard que du talent, je ne tire pas de conclusion du classement du JTB. Sur plusieurs années, c’est tout autre chose. De manière générale, je trouve que les performeurs habituels du JTB s’en sortent, à quelques exceptions près qui ne sont pas significatives, fort bien cette année. Ce qui est remarquable et prouve une nouvelle fois, s’il le fallait, la qualité de très bons investisseurs qu’ont les joueurs du JTB. Serait-ce que le JTB serait-ce un petit Graham-et-Doddsville français ?

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Graham