Riches pdg mais pauvres gestionnaires (Securibourse)

par malfougasse @, sainte-tulle(04), vendredi 13 février 2009, 09:04 (il y a 5764 jours) @ Hubisan_

Riches pdg mais pauvres gestionnaires

Le Québécois moyen a beau se remuer dans sa tanière à la seule vue d’Henri-Paul Rousseau, il n’en demeure pas moins que les 380 000 $ reçus par le capitaine en fuite de la Caisse de dépôt et placement sont de la graine à moineau en comparaison des boules de suif qu’ont ingurgitées les incompétents de Wall Street et consorts.

Ah! le talent! Ce qu’il faut débourser pour l’obtenir. Au moins 10 % des revenus des sociétés cotées à la Bourse servent à payer les 5 plus hauts dirigeants de ces compagnies, selon le magazine Mother Jones. Il y a 30 ans, le salaire des principaux dirigeants des multinationales équivalait à 40 fois celui du travailleur moyen. L’an dernier, c’était autour de 400 fois.

Une recherche de Teachers, la caisse de retraite des enseignants de l’Ontario, révélait pourtant l’an dernier que le rendement d’une société n’est aucunement tributaire du salaire versé à un PDG. Autrement dit, un illustre inconnu qui dirigerait une société bénévolement a autant de chances de succès qu’un Henri-Paul très grassement payé, mettons.

Pour preuve, le mois dernier, le quotidien britannique The Guardian traçait le portrait des 25 zéros reconnus responsables de la crise économique mondiale. Et tous archi-surpayés. Parmi ceux-ci, Chuck Prince, PDG de Citigroup – autrefois connue comme la plus grosse banque du monde –, viré après avoir mené cette vache à lait vers une quasi-faillite. Pour le consoler – et probablement l’aider en vue du délai de carence de 2 semaines à l’assurance emploi américaine –, on lui a donné 140 millions de dollars (canadiens) en compensation. C’était au contrat.

Un autre, John Thain, le dernier PDG de la vénérable banque d’affaires Merrill Lynch avant sa liquidation à la Bank of America, a récolté 26 millions de dollars pour 9 mois de travail, avant de se faire congédier par son Nouveau Maître en janvier dernier. Son prédécesseur, un autre membre de la fameuse bande des deux douzaines du Guardian, avait néanmoins récolté 190 millions à son départ, en remerciement pour ses sévices rendus. En plus de son salaire annuel de 55 millions.

Au moins, Thain s’est refusé à lui-même une prime de Noël. Bravo. Il n’a pu cependant résister aux yeux de cabots piteux de ses collègues à la direction de Merrill Lynch : ils se sont partagé alors quatre milliards de dollars en primes annuelles, une gracieuseté du patron avant son congédiement.

Et des contribuables américains, puisque la Bank of America a reçu 20 milliards de dollars du gouvernement pour avaler Merrill Lynch et ses pertes s’élevant à 15 milliards en 2008. Cela inclut bien entendu les 25 millions de dollars accordés au nouveau vice-président Peter Kraus pour la signature de son contrat d’embauche. Entré en fonction au début de septembre, il quittait deux semaines plus tard. (Il a ainsi battu le record de 20 millions de dollars de paie qu’a reçus la même semaine Alan H. Fishman, le PDG de la Washington Mutual, une institution financière saisie par le gouvernement américain. Il était en poste depuis trois semaines seulement.)

Richard Fuld aura eu, lui, l’insigne honneur de couler l’insubmersible Lehman Brothers, une banque d’investissement fondée en 1850, et qui a survécu à une guerre civile, deux guerres mondiales et la Grande Dépression. Il lui a fallu tout de même huit ans pour y parvenir. Un travail colossal récompensé par une paie de 480 millions de dollars. «Pardon, c’est plus proche de 350 millions, je pense», a-t-il tenu à préciser devant des parlementaires américains. Mais il n’en est pas sûr…

À leur défense, il faut dire que ces joyeux drilles n’ont pas quitté leur barque de plein gré, contrairement à H.-P. Rousseau. Sa «prime» n’était pas une indemnité de départ, mais de démission. Même les 25 zéros de la crise mondiale n’y avaient pas pensé à celle-là! Cela permettait, dit-on chez son employeur, de compenser sa faible rémunération de 1,8 million de dollars en moyenne (50 fois le salaire d’un travailleur moyen) au cours des 3 dernières années. C’était le prix à payer pour sa compétence… et pour l’encourager à déguerpir avant que les dégâts ne s’étendent trop. Son passage de cinq ans à la Caisse est marqué par un rendement de presque zéro.

Bon, il est vrai que les 13 milliards de dollars qu’il a achetés en papiers commerciaux adossés à des actifs plombent sa performance. Des trucs exotiques que même le célèbre financier Warren Buffett – l’homme le plus riche de la planète – n’osait approcher avec une perche tant il n’y comprenait rien.
En voilà un, au moins, qui mérite son salaire…

http://carriere.jobboom.com/marche-travail/analyse/2009/02/10/8336226-jm.html


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