l'inflation des actifs et la monnaie de singe (Securibourse)
Ceci est très intéressant. Ce qui est étonnant, c'est que de nombreuses et diverses personnes souvent qualifiées à partir des mêmes constats parviennent à des avis aussi divergents.
Ainsi nous constatons tous qu'il y a une inflation générale des actifs. Pour autant, il n'y a guère dans les pays occidentaux une augmentation proportionnelle des revenus particuliers ou des PIB à l'échelle des pays (ou seulement pour ceux, et seulement pour la fraction de leur patrimoine qui spéculent, sur les classes d'actifs). Des experts tels que Touati ou JP.Petit en ont traité à leur manière. Bien d'autres encore autant qualifiés. Pour notre forum, je retiens les avis répétés de Labadie, les miens quelquefois, et ceux dernièrement d'Hubisan. Labadie parvient à une déflation selon une logique économique mécanique imparable. Hubisan pense que l'inflation des actifs, étant généralisée et conséquentes des besoins mondiaux déséquilibrés par la Chine et les pays émergents, est devenue normale et devrait s'entretenir d'elle même. Pour moi, je suis plutôt de l'avis de Labadie, mais à son mécanisme économique, j'associe une sorte de psychologie des foules et des grands ensembles. Je crois que l'ensemble tiendra non parce que économiquement ce système serait viable, non plus parce qu'ayant dépassé les limites, il en devient inexorable et nécessaire, mais pour une raison bien plus simple. Le système tient parce que la grande majorité croit qu'il ne peut en être autrement et que par la multitude des actions individuelles ou par la multitude des actions des ensembles, grandes et petites, nous perpétuons la logique de ce système. Jusqu'où ira-t-il> Impossible à prédire. Or toutes choses humaines a son terme. Reprenons: inflation donc de tous les actifs mais sans la corrélation d'une hausse proportionnelle des revenus individuels ou des PIB, du moins en Occident. Or, si je me souviens bien, 70% des produits mondiaux sont le fait de l'économie occidentale. Un ralentissement de l'économie occidentale correspondrait à un ralentissement de l'économie mondiale, Chine et pays émergents compris étant trop dépendants dans leur croissance de la première. De quoi dépend la consommation occidentale> Des revenus ou s'ils sont insuffisants du crédit. Cela rappelle les USA avec leur taux d'épargne négatif et leur consommation fondée sur le crédit et la revalorisation des actifs. Il y a eu bien des précédents du même type, par exemple les tulipes hollandaises où chacun s'endettait pour aquérir des tulipes dont le prix augmentait chaque jour simplement parce qu'alors tous en voulaient en prévision des prix futurs.
De quoi dépend le crédit> En dernière instance des banques centrales. Mais que vaut une monnaie scripturale qui n'a point de contrepartie pour justifier son émission exponentielle. Rappelons qu'il n'y a pas si loin un billet de banque ne valait que s'il s'échangeait pour une certaine quantité d'or. Rappelons encore, car c'est très significatif, que les billets de banques, mais aussi les assignats et bien d'autres choses encore, ne valaient qu'en fonction du degré de confiance et de certitude que les gens voulaient bien mettre en eux. C'est à dire bien peu. Rappelons encore ce temps des Princes qui battaient la monnaie et qui essayaient d'augmenter la quantité de monnaie en réduisant la proportion d'or dans les pièces qu'ils émettaient. Personne n'étaient dupes de cette monnaie de singe. Or que faisons-nous aujourd'hui> Strictement la même chose, à la différence que les billets de banques sont devenus une habitude et un mode d'échange dont guère de personnes n'ont le souvenir de l'origine. Quand chacun se persuadera que l'on ne peut émettre une quantité infinie de monnaie, on recommencera à s'interroger. On commence à le faire à propos de la monnaie américaine et c'est bien la raison principale de sa faiblesse actuelle. Continuons encore un peu. Si on veut maîtriser l'inflation des émissions, on restreint la facilité du crédit. Mais si le crédit est durci, où trouvera-t-on les revenus pour consommer> Dans les salaires> Chacun se rend bien compte que nos économies ne sont pas compétitives face à des pays qui sont à deux doigts d'être aussi compétents que nous en tout et qu'en conséquence nos salaires ne se rehausseront pas ces prochaines années. C'est d'ailleurs ce que tous constatent depuis déjà quelques années. Dans la croissance des PIB> Même diagnostic à quoi il faudrait rajouter les excès d'endettements des Etats ces dernières années.
A quoi aboutit-on> Pour se payer des actifs chers, il faut disposer de revenus élevés ou s'endetter. Le crédit risque forte d'être restreint les années futures. Il est déjà à ses limites: taux extraordinairement bas et durée de prêt excessivement longues. Comment fera-t-on avec des taux en hausse, les impayés futurs qui conduiront les banquiers à restreindre les facilités de son octroi, notamment leur durée > Les revenus ne sont pas suffisants. Il reste les actifs. On achète des actifs par arbitrage avec d'autres actifs qui se revalorisent. Mais par rapport à quoi se revalorisent-ils> Par rapport à la monnnaie. Or cette monnaie est devenue monnaie de Prince ou de singe! Où j'en viens> A mon idée première. Tout est sauf tant que la grande majorité y croit. C'est déjà le cas avec l'immobilier. On en voit bien qui s'endettent sur 30 ans à taux variables. Pourquoi pas si la folie reste générale! Mais gare au lendemain de cuite. On se croyait riche et en défintive on est terriblement pauvre du crédit qu'il reste à rembourser. On a bien cru que le monde tournait autour de la terre. D'autres ont crû à la valeur des coquillages et d'autres encore à celle des bulbes de tulipes. Pourquoi ne croirait-on pas à cette abstraction de la monnaie scripturale> Mais dira-t-on, il ne s'agit pas de monnaie mais d'actifs. C'est vrai et faux à la fois. Un immeuble peut-être comparé à un autre actif semblable, c'est à dire peut-être comparé avec un autre immeuble qui lui ressemble. Or on l'estime par rapport à une abstraction qui présente des failles. Si sur une île, une vache vaut pour tant de perles qui est la monnaie de l'endroit, il y a fort à parier que si la quantité de vaches vient à manquer un peu (cas du pétrole ou des matières premières par exemple) la quantité de perles qu'il faudra donner pour l'échange augmentera. Vienne le magicien banquier de l'île qui annonce avoir su trouver de nouvelles perles en quantité et qu'il consentira à les distribuer à tous sous réserve d'un modeste taux d'intérêt, que verra-t-on encore> Le prix des vaches augmentera en quantité de perles. Tout est bien dans ce monde merveilleux, puisque tous se sentent plus riches et n'hésitent pas à s'endetter toujours plus. Et le magicien banquier de trouver de nouvelles perles. Mais voilà que l'on se rend compte que l'ami du banquier est étranger. Il est chinois. Il lui arrive souvent de lui prêter une grande quantité de perles. Cela l'arrange bien puisqu'en échange on lui achète les biens qu'il vend. Un jour l'ami chinois devient riche, ses affaires ont bien prospéré. Il considère qu'il ne lui est plus suffisament profitable de faire des affaires avec notre bienfaisant banquier. D'ailleurs il le sait, ces perles sont de bien piètre qualités. Ne les a-t-il pas fabriquées pour bien le savoir> Notre banquier ne peut plus prêter. On commence à s'interroger sur l'île. On y regarde à plus près. Certains auscultent les à la loupe. Finalement on se rend compte que ces perles étaient des fausses. Dieu alors, l'île s'agite. Tous auraient-ils été dupes. Les perles ne valent plus rien. Or nos vaches, le bel actif, qui nous faisait accroire riches et bienheureux s'échangeaient sur la base de la maudite pierre. Les prix s'effondrent.
Nous pourrions bien vivre une pareille histoire si jamais nous ne décillions nos yeux embués de rêves. Cela reste dans l'ordre du possible. Cette petite fable ne vaut que pour rappeler qu'en dernier lieu en matière humaine chaque chose ne vaut que par rapport à la confiance et à la croyance que nous voulons bien y mettre. Aussi je rappelle, tant que la multitude voudra bien croire, l'ensemble du système perdura. Mais il se peut bien qu'un jour elle cesse de le faire. Les conditions des lendemains qui déchantent sont déjà là (clin d'oeil à Labadie). En attendant, pour paraphraser Hubisan il faut bien agir et pour paraphraser Keynes demain nous serons tous morts. J'en conclus de la même manière qu'Hubisan, avec un clin d'oeil humoristique en sa direction:
» Je suis donc INVESTI. Et il est souhaitable que tout investissement soit
» energetiquement raisonnable.
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Graham
Fil complet:
- Inflation ... elle est là - Hubisan_, 21/07/2007, 12:09
- l'inflation des actifs et la monnaie de singe - Graham, 22/07/2007, 00:29
- l'inflation des actifs et la monnaie de singe - Bimbo, 22/07/2007, 07:45
- le jeu qui fait rire - Graham, 22/07/2007, 11:21
- l'inflation des actifs et la monnaie de singe - Bimbo, 22/07/2007, 07:45
- Inflation ... solution impossible ! - labadie, 23/07/2007, 08:04
- l'inflation des actifs et la monnaie de singe - Graham, 22/07/2007, 00:29