Cherté du titre et opportunisme d'achat (Securibourse)

par Graham ⌂ @, vendredi 18 mai 2007, 14:31 (il y a 6394 jours) @ Graham

Sur un autre forum, un intervenant m'a suggeré qu'il lui paraissait risqué d'entrer désormais sur le titre après sa hausse. Voilà sa question:
"après une telle hausse, il me parait risqué d'entrer (malgré tes avis encore positifs) : j'ai peut-être encore tort...". Cette remarque est très intéressante. Elle amène à des réponses qui le sont aussi et qui me paraissent mériter d'être ici publiées.

Votre question consiste à vous interroger s’il est encore judicieux d’entrer sur le titre à plus de 30€.
Je commence par ma position qui n’est pas une démonstration mais juste mon point de vue.
Si je conserve à 30€ plutôt que de liquider ma plus-value virtuelle, en stricte logique la démarche est équivalente à acheter quand je ne posséderais aucun titre. Le risque est strictement le même : une hypothétique et équivalente baisse ou hausse de la rentabilité de mon investissement selon ce qu’en décidera le marché. De la sorte, je ne suis pas plus protégé dans mon investissement parce que j’aurais une plus-value virtuelle antérieure. C’est uniquement le biais psychologique qui déforme la perception de l’occurrence. Pareillement, une décision d’investissement ne devrait pas dépendre des cours passés mais de la situation présente. Les cours sont le reflet de la perception d’une minorité d’acteur s à un instant précis. Rien n’indique par le cours, si ceux-là ont tort ou raison. L’approche fondamentale permet seule de déterminer si le cours est cher ou pas. La décision d’investissement doit se prendre en considération du rapport des fondamentaux à la capitalisation boursière affectée d’une décote de précaution. Quand ce cas se réalise, on ne devrait pas réfléchir plus avant. Les conditions sont remplies pour faire un bon investissement sous réserve d’une bonne approximation préalable de la valeur économique de la société. On dit bien les résultats passés ne doivent pas faire préjuger des performances futures. Dans le cas des cours boursiers, la règle est identique. Les cours passés ne permettent pas de préjuger des cours prochains. Dans le cas précis d’Acadomia, j’estime que l’occurrence a dernièrement radicalement changé et avec elle la valorisation du titre. De même, j’estime qu’au cours actuel de 30€, il subsiste toujours une marge de sécurité appréciable pour investir avec sérénité à horizon de 3-4 ans sur la société avec un bon potentiel d’appréciation. Je développerai cela plus avant.
Deuxième considération. J’aurais plutôt tendance à dire, avec une absurdité apparente, que le titre est moins risqué à 30€ qu’il ne l’était quand j’y ai investi naguère, en deçà de 20€. Pourquoi > Alors, la société était grandement menacée dans la continuité de son exploitation par les positions de Mme Royal. La menace écartée, la considérable décote de précaution qui plusieurs mois a affecté le cours, et qui en considération du risque était en partie justifiée, s’est effacée. C’est encore une considération de psychologie qui me fait penser qu’une partie des investisseurs aurait mal assimilé la raison de la hausse brutale. Cette catégorie d’investisseurs me parait avoir mal estimé le risque précédent. Ceux-là me paraissent mal mesurer maintenant les conséquences sur le cours de la suppression du même risque.
L’irrationalité de la hausse n’est jamais qu’apparente. Il suffit de s’en référer aux fondamentaux. On peut évoquer de la sorte et sommairement quelques caractéristiques capitalistiques remarquables de la société :
-une rentabilité élevée (supérieure à 20% sur le CA)
-une croissance organique élevée sur un marché porteur (11% de croissance quand la société a crû l’an dernier de plus de 15%)
-absence d'endettement et trésorerie positive correspondant à environ 1/3 des capitaux propres
-un BFR structurellement négatif
-des relais de croissance (par le développement actif de l’activité d’entretien de la maison)
-un retour sur capitaux propres élevés (longtemps supérieur à 20% et encore autour de 15%)
-le soutien de l'Etat par des dispositions fiscales favorables qui rendent le coût d'une heure de cours légal quasi équivalent à celle d'une heure au noir, d'où rattrapage sur le travail illégal.
-une position de leader avec un avantage de développement sur la concurrence légal d'environ 3-4 ans
Maintes sociétés de la cote pourraient envier justement pareilles caractéristiques.
On peut aussi rappeler l’étonnante performance économique de la société depuis sa création et son bon parcours boursier depuis son introduction sur le marché libre. Il n’y a guère qu’à objecter le risque de la concurrence sur les marges. J’ai largement développé ce thème en d’autres messages. Je ne crois guère qu’il y ait de forte pression sur les marges par le fait de la concurrence. La concurrence première, comme je l’ai explicitée ailleurs, est d’abord une concurrence sur le marché au noir. Le taux de progression de l’activité (supérieur au marché) suffit à mettre en évidence la pénétration de la société sur ses marchés de références et la supériorité de la société tous ses concurrents distancés. Ailleurs aussi, j’ai explicité la raison pour laquelle les marges sont provisoirement affectées dans les résultats comptables par l’effet de forts investissements publicitaires, stratégiques pour les affaires futures, et voués à accaparer des parts de marché avant la consolidation du secteur. Les résultats semestriels prochains seront l’occasion d’observer les premiers effets de cette stratégie volontariste et surtout d’en avoir de plus complets commentaires par la direction.
Aussi, on s’en convainc aisément : les fondamentaux sont bons, voire très bons. Et ce n’est sans doute pas pour rien mais en raison de pareilles considérations que d’importants opérateurs rachètent par gros blocs le capital de la société, il y a peu encore disséminé. Pendant ce temps, les particuliers hésitent ou vendent. Quant à moi, je demeure indifférent aux mouvements récents du cours. Je les trouve logiques. Je ne me réfère jamais qu’à mon estimation de la valeur future de la société pour former ma conviction. Ainsi, je conserve comme j’achèterai si je le pouvais encore pour la bonne raison que je suis persuadé qu’à venir le marché intégrera plus pleinement dans le cours les qualités propres de la société, la croissance de son activité et de ses résultats ainsi qu’enfin ses perspectives dégagées.
Ceci ne vaut pas pour preuve mais comme force de conviction.

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