Suite et fin

par chris, jeudi 14 septembre 2006, 09:35 (il y a 6637 jours) @ chris

A Strasbourg, l'alerte est encore plus chaude puisque l'enquête pour proxénétisme vise nommément Niel et Develter. Leur établissement alsacien, sous l'enseigne Sex-Shop X Live Peep-Show, emploie une quinzaine de jeunes femmes comme «artistes visuelles». Mais en cabine, on ne touche pas qu'avec les yeux. Le juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, spécialiste des affaires financières, détaille dans son ordonnance de renvoi la «variété des contacts physiques» avec le même détachement que pour les transactions off-shore : «Caresses par le client sur les seins et les fesses des danseuses, intromission de godemichés ou de vibromasseurs dans le sexe et/ou l'anus des danseuses par le client, intromission par les danseuses de ces mêmes ustensiles dans l'anus de certains clients.» Les gestionnaires locaux sont renvoyés en correctionnelle pour proxénétisme, après avoir admis la réalité de ces prestations excédant le simple show.

Xavier Niel et Fernand Develter, qui avaient investi 200 000 euros sans se mêler de la gestion, étaient-ils au courant > Le juge Van Ruymbeke accorde au premier un non-lieu «au bénéfice du doute», Niel ne s'étant jamais rendu sur place. Le second est renvoyé pour proxénétisme car, lors d'une tournée d'inspection anonyme, Develter avait demandé à une des artistes de lui faire une fellation : pour s'assurer du respect des bonnes pratiques, jure-t-il aux enquêteurs, «grandement satisfait» que son employée ait refusé ; parce que «ces pratiques devaient être habituelles pour lui», interprète au contraire l'intéressée.
Lettre anonyme. Xavier Niel ne se voit plus reprocher que des prélèvements en espèces, portant sur plusieurs centaines de milliers d'euros.

La montagne a accouché d'une souris : en 2002, une lettre anonyme dénonçait ­ excusez du peu ­ un vaste blanchiment, Iliad étant accusée de recycler l'argent du proxénétisme et de la pédophilie... Tracfin (l'organisme anti- blanchiment) y allait aussi de sa dénonciation ­ officielle ­ au parquet. A l'arrivée, une minable affaire d'enveloppes. Niel reconnaît les faits, admet les «risques» inhérents à l'industrie du sexe, mais dit ne pas pouvoir tout contrôler. Ce n'est que le «résidu de ce qu'il faisait il y a une quinzaine d'années», plaide son avocate, Me Catherine Toby.

A la fin des années 90, Xavier Niel envisageait en effet de se retirer du sexe : candidat à la reprise du Palace (une boite de nuit parisienne), son pedigree de «roi du porno» avait été brandi pour lui barrer la route. Mauvais genre, car au même moment, la banque d'affaires Goldman Sachs envisageait d'entrer au capital d'Iliad. Depuis, sa soeur Véronique porte parfois des parts en son nom. L'accusation la qualifie de «faux nez». En 2004, Xavier lui offre un Land Cruiser Toyota tout neuf. «Contrepartie de sa passivité arrangeante», estime le juge Van Ruymbeke. Comme si un milliardaire n'avait pas le droit d'offrir un cadeau de 45 000 euros à sa soeur ...


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