Plan B

par BouBou @, mardi 28 juin 2005, 16:15 (il y a 7070 jours) @ BouBou

1 - CEDC gagnante est ravie mais complètement engluée dans ses dettes. Elle ne peut guère investir ce qu'il faudrait dans la modernisation de ses nouveaux outils de production (Bol et Bialystok), non plus qu'en publicité pour pousser ses nouvelles marques, puisque son cash-flow est largement consommé par le service de sa dette. De plus, les verrous sociaux sont intenses : je présume que si les syndicats de Bialystok ont préféré l'Américain (quel paradoxe !), outre quelques probables loucheries, c'est parce que ces syndicats ont vite pigé que, parce que plus endetté que Belvédère, CEDC moderniserait moins l'outil de production, vision passéiste et suicidaire mais corrélative d'un rêve de maintien de l'emploi dans le monde syndicaliste de notre vieille Europe. Financièrement, il est bien possible que CEDC finisse par être contrainte d'augmenter ses prix de vente et de lancer une grosse augmentation de capital.

2 - En même temps, BVD perdante est contrite, l'actionnaire long s'aperçoit qu'il n'a rien perdu car encore rien vendu. Certes il n'a pas déjà et vite gagné beaucoup comme il le croyait, mais que pouvait-il faire > Il n'a clairement commis aucune faute de gestion puisque le risque d'échec était assumé et couvert - justement - par les possibilités alternatives de développement, nommées comme il se doit plan B. Le cash misé lors des AK n'a pas disparu. Les capacités d'emprunt restent intactes. Les partenaires-actionnaires restent disposés à suivre et à donner leur patience. Donc le plan B se joue sereinement et dans la durée :

2.1 - BVD modernise son outil de production, restructure les sites dans la limite de ses engagements sociaux, acquiert çà et là quelques judicieux compléments, modernise le marketing de ses marques et les fait monter en gamme, pousse sa communication commerciale, tout ceci facilité par la hausse des prix initiée par CEDC qui pendant ce temps là courre jour après jour après le cash.

2.2 - Conséquemment BVD chipe petit à petit des parts de marché à CEDC : la première se renforce de jour en jour, la seconde s'affaiblit car elle ne peut suivre. Une spirale vertueuse pour BVD peut s'enclencher. Une jolie croissance organique se met en place. Résultat net et dividende augmentent, la dette baisse. Les marchés financiers adorent cela, l'action BVD monte, tandis que, poussée par ses actionnaires, CEDC se paye sur la bête, mais la laine ne repousse pas sur une entreprise quand la tonte est trop rase.

2.3 - BVD attaque des zones géographiques ciblées avec des projets bien définis, limités, étudiés et cadrés, orientés haut de gamme. On murmure USA et Russie. Excellent retour sur investissement. Revalorisation des actifs. L'action monte.

2.4 - Forte de ces succès, BVD développe l'export sur toute l'Europe, où le potentiel vodka est énorme pour celui qui saura déclencher un subtil phénomène de mode ou d'engouement. Pari risqué, à consommer avec modération, mais jouable pour celui qui dispose de cash et de culot. En cas de succès l'action monte.

2.5 - Sans s'appeler Pernod-Ricard, une vraie stratégie de synergie de groupe se met malgré tout peu à peu en place, mais évidemment moins rapidement qu'en cas de succès sur Bialystok. L'action monte.

2.6 - Simultanément les actions judiciaires n'auront été lancées concrètement que si la probabilité du succès apparaît comme grande au vu de l'analyse du dossier. Possiblement un beau paquet d'indemnités, peut-être de l'ordre de 10 à 15 % du prix de vente des 61 % de Bialystok. En cas de succès, l'action bondit. Mais l'essentiel ne réside pas dans le volet judiciaire dont les dépenses et l'impact psychologique négatif devront être minimes et contenus.

2.7 - Les dettes de BVD sont au fil du temps largement épurées, l'action est au plus haut, et la stratégie de croissance peut s'envisager sous le jour de nouvelles "aventures" industrielles, ou bien ce peut être l'aventure d'une OPA. A ce moment l'actionnaire long verra un cours du même ordre que celui qui aurait été obtenu à ce même moment dans l'hypothèse du succès de Bialystok, car avec évidemment dans le cas de succès de Bialystok les difficultés décrites pour CEDC partiellement reportées sur BVD.

2.8 - Bien trop tardivement CEDC lance une augmentation de capital géante sur son action au plus bas, deux actions nouvelles pour 1 ancienne : l'actionnaire pleure, doit suivre ou perdre.


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