Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez Vivendi ? (Securibourse)
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Depuis le début de l'année, l'action du groupe de médias et de télécommunications a perdu le quart de sa valeur, tombant à moins de 13 euros. Jamais, depuis le départ de Jean-Marie Messier à l'été 2002, elle n'était descendue aussi bas.
La valeur en Bourse du conglomérat, qui possède l'opérateur SFR, Canal+, la major Universal Music et l'éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard, atteint tout juste 16 milliards d'euros. "Vu le niveau où se traîne l'action, ça risque de grogner un peu lors de l'assemblée générale du 19 avril", redoute-t-on dans l'entourage de la direction.
La situation de Vivendi n'a pourtant rien à voir avec celle d'il y a dix ans. Quand le groupe avait dû se délester en urgence de 22 milliards d'euros d'actifs après le départ de M. Messier, simplement pour éviter la cessation de paiements.
D'année en année, Vivendi est revenu à une situation financière saine : sa dette a été réduite à 12 milliards, sa rentabilité a battu un record en 2011 (2,9 milliards de résultat net)... Jean-René Fourtou, le successeur de M. Messier, puis Jean-Bernard Lévy, l'actuel président du directoire, ont su faire fructifier les actifs qu'ils ont trouvés.
La télévision, les jeux vidéo et la musique, des activités dont Vivendi n'avait pas pu se défaire, sont devenus des piliers du groupe. Grâce au jeu en ligne World of Warcraft et aux best-sellers Call of Duty et Modern Warfare, Activision Blizzard a généré plus de 1 milliard d'euros de résultat en 2011. Universal Music, la maison de disques de Lady Gaga et Justin Bieber, a réussi à ne pas perdre d'argent dans un secteur laminé.
Numéro un mondial de la musique, elle veut racheter le britannique EMI, pour 1,4 milliard d'euros. Et Canal+, sur la défensive avec l'arrivée du qatari Al-Jazira, dont les chaînes payantes BeIN Sport 1 et 2 seront lancées en juin, reste très rentable.
Et, dans les télécommunications, Vivendi a acquis de beaux actifs : Maroc Telecom a dégagé plus de 1,5 milliard d'euros de résultat en 2011, et GVT, un fournisseur d'accès à Internet brésilien, prend le même chemin.
Alors, pourquoi un tel désamour des marchés > La fameuse "décote de holding" qui affecte les maisons mères de filiales ayant peu de rapport entre elles > Pas seulement, pointent les analystes. Ils n'ont pas digéré la contre-performance de SFR. Lui, qui représente presque 38 % du résultat opérationnel de Vivendi, a moins bien anticipé l'arrivée de Free sur le marché du mobile.
Le rachat il y a un an pour 8 milliards d'euros des 44 % de SFR que Vodafone possédait encore, paraît désormais malvenu. "L'année dernière, cette opération valorisait SFR à 23 milliards d'euros. Aujourd'hui, l'opérateur ne vaut pas plus de 14 ou 15 milliards. Il y a eu une grosse destruction de valeur", estime Conor O'Shea, de Kepler Equities. Les actionnaires ont peu apprécié d'être mis à la diète avec 1 euro de dividende par action, contre 1,40 euro les années précédentes.
Pour enrayer la glissade du cours de Bourse, la mobilisation générale a été décrétée au siège, avenue de Friedland. M. Lévy a personnellement pris les commandes de SFR fin mars, après avoir congédié Frank Esser, le PDG de l'opérateur.
Selon les observateurs, le fait que M. Lévy cumule les deux casquettes serait la preuve qu'il a "la pression" de son conseil de surveillance : "Ayant cautionné les décisions stratégiques de SFR et sous-estimé la menace Free, il n'a pas d'autre choix que de monter au front s'il veut sauver sa tête", estime un concurrent.
Ses compétences ne sont pas en doute. Propulsé président du directoire en 2005, cet X-Télécom proche de M. Fourtou "est un bon technicien, qui connaît ses dossiers et fait le boulot", confie une habituée du siège social. Le hic > "Vivendi a besoin d'un électrochoc, la nomination d'un patron charismatique pourrait suffire à faire rebondir l'action", estime un bon connaisseur du groupe.
En attendant, "vu le niveau de l'action, un raider pourrait faire une jolie culbute en s'attaquant au groupe", assure un analyste. De fait, le capital est très éclaté et sans actionnaire de référence. Tous n'y croient pas, cependant : "Vivendi est présent dans de nombreux métiers régulés (télévision, télécommunications), où l'intervention étatique n'est pas à négliger. Cela ôte un statut de cible au groupe", estiment les analystes de Cheuvreux.
Chez Vivendi, on dit ne pas croire à ce type de menaces. Cependant, le conseil de surveillance, présidé par M. Fourtou et que Claude Bébéar quitte cette semaine, ausculte les mouvements du titre. Dans une lettre envoyée le 27 mars aux actionnaires, la direction fait preuve d'une étonnante transparence. Elle y pose carrément la question : "Faut-il garder le périmètre du groupe tel qu'il est > Faut-il vendre des activités ou séparer le groupe en deux, voire trois >" Même si elle s'emploie ensuite à démontrer que la holding garde tout son sens. "Des débats stratégiques sur le périmètre du groupe, il y en a régulièrement au conseil de surveillance", assure un proche de la direction.
C'est la montée au capital du Qatar qui inquiéterait surtout M. Fourtou et Henri Lachmann, les deux poids lourds du conseil, qui pilotent de facto le holding. Depuis le début de l'année, le fonds souverain de l'émirat a acheté pour environ 100 millions d'euros d'actions Vivendi, portant sa participation à 2 %.
Officiellement, Qatar Holding ne réclame pas de siège au conseil. Mais cette offensive intrigue. "Pourquoi les Qataris investissent-ils chez nous alors qu'ils sont en train de déshabiller Canal+ en raflant les droits de retransmission du foot en France >", s'interroge-t-on au sein de Vivendi.
Preuve que ça bouge, l'Autorité des marchés financiers a annoncé, le 12 avril, que la Société générale était devenue début avril le premier actionnaire de Vivendi, avec 7,65 % du capital. Or la banque n'a pas acquis ces actions pour elle, mais pour des clients dont l'identité fait débat (elle est revenue à 4,53 % depuis).
Selon plusieurs sources, c'est Vincent Bolloré qui se cacherait derrière ces échanges. Adepte des coups de Bourse, le milliardaire breton est entré au capital de Vivendi en 2011. Pas de manière hostile... mais sans être invité non plus. "C'est lui qui a demandé à venir et à être payé en actions", assure-t-on à la direction de Vivendi. En échange des chaînes de télévision Direct 8 et Direct Star, vendues à Canal+, M. Bolloré a reçu 1,3 % du capital de Vivendi.
Il a annoncé qu'il ne comptait pas en rester là et détiendrait déjà entre 2 % et 3 % du groupe. Selon certains, il aimerait monter jusqu'à 10 %, pour devenir le premier actionnaire. Il pourrait même grimper au capital sans bourse délier : "Il lui suffirait d'apporter Havas, qui pèse un peu moins de 2 milliards d'euros, à Vivendi", susurre un banquier.
Le corsaire breton va-t-il partir à l'assaut > Selon un proche du conseil, M. Lachmann et M. Fourtou se font fort, au nom de liens d'amitié qui remontent aux années 1980, de maîtriser l'impétueux tycoon. Un pari risqué. Antoine Bernheim, qui fut le mentor de M. Bolloré avant d'être brutalement congédié, en sait quelque chose...
Cécile Ducourtieux et Cédric Pietralunga
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- Vivendi - chris, 30/03/2012, 21:47
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- Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez Vivendi ? - chris, 20/04/2012, 14:14
- Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez Vivendi ? - Hubisan_, 21/04/2012, 10:14
- Suite du feuilleton... - chris, 26/04/2012, 10:09
- Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez Vivendi ? - Hubisan_, 21/04/2012, 10:14
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