! (Securibourse)
bonjour
Toujours extrait d'un hedbo tant apprécié page 23
Au début de lannée dernière
on disait quAlan Greenspan
était opposé à la nomination de
Ben Bernanke à la tête de la
Fed parce que ce dernier voulait
tout changer et, notamment,
introduire un langage
clair dans sa communication
avec les marchés et le Congrès. En fait, cest ce
qui était le plus facile à faire, et cest ce qui a dû
amuser ce vieux renard de Greenspan, qui savait
quil laissait à son jeune successeur un legs empoisonné
: la sortie périlleuse dune longue période
de laxisme monétaire commandée par la
Maison-Blanche pour la réélection de M. Bush.
Les taux dintérêt de 1% entre le mois de juin
2003 et le mois de juin de 2004, période pendant
laquelle léconomie américaine avançait à
vive allure (3,4 %), étaient une grave erreur de
politique monétaire. Mais Dick Cheney, viceprésident
des Etats-Unis et vrai patron de ladministration,
ne voulait prendre aucun risque
avant les élections du mois de novembre 2004.
La crise de limmobilier américain, qui éclabousse
les grandes banques françaises et allemandes,
en est la conséquence directe. La bulle,
créée sur commande par M. Greenspan, oblige la
Fed à continuer la politique du cycle électoral :
depuis le mois de mars, la Fed injecte beaucoup
de liquidités et prépare soigneusement une baisse
des taux en règle avant lannée électorale, tout en
agitant lépouvantail de linflation pour couvrir
ses traces et détourner lattention des marchés.
Voilà donc la «rupture» sur le plan de la politique
monétaire. Il en sera de même au niveau
fiscal. Avec des baisses dimpôts massives,
qui bénéficient surtout aux classes aisées,
léquipe Bush-Cheney a voulu créer une situation
irréversible qui pousse lAmérique vers la
droite du Parti républicain (donc la droite de la
droite). Il sera impossible dy toucher. Mme Clinton,
la favorite pour la nomination du Parti démocrate,
a osé dire récemment que, si elle était
élue, elle ne renouvellerait pas ces baisses, ce
qui voulait dire quelle augmenterait les impôts.
Prise dans ce piège fatal, elle commença
aussitôt à séloigner de ce débat.
On verra la même chose sur le plan de la politique
générale. Les démocrates, qui demandaient
le retrait des troupes dIrak, firent vite
machine arrière sous les accusations des républicains
de lâcher les soldats qui se battent
«pour la sécurité de lAmérique». Larmement
massif proposé par Washington aux pays du
Golfe établit clairement une situation de
confrontation avec lIran. Le bouclier antimissile
en Europe centrale et lindépendance promise
à la province serbe du Kosovo mettent lAmérique
sur un sentier politique irréversible que
lEurope et la Russie auront du mal à suivre.
Dans cette période deffervescence électorale
aux Etats-Unis, les investisseurs basés dans la
zone euro feraient bien dy rester. Les problèmes
des banques européennes sur le marché financier
américain devraient servir davertissement. ■
*Michael Ivanovitch dirige, à New York, MSI
Global, cabinet de conseil financier.
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