Investir, tout et son contraire.... (Securibourse)
Les craintes dun choc sur léconomie mondiale se renforcent
CONJONCTURE. La correction des marchés financiers fait craindre une croissance
plus modérée du commerce mondial. En Europe, la croissance a ralenti au deuxième trimestre. Linflation continue à se détendre aux Etats-Unis.
Les risques qui pèsent sur les marchés financiers et immobiliers et les importants déséquilibres du commerce des marchandises et des services rendent les perspectives pour 2007 plus incertaines et font craindre un ralentissement de léconomie et de lexpansion du commerce lannée prochaine », prévient lOrganisation mondiale du commerce (OMC).
En Europe, le ralentissement est entré dans les faits. La croissance de la zone euro a été limitée à 0,3 % au deuxième trimestre après + 0,7 % au cours des trois premiers mois de lannée. Toutes les grandes économies de la zone ont été touchées : lAllemagne et la France (+ 0,3 %), lItalie (+ 0,1 %) et, dans une moindre mesure, lEspagne (+ 0,8 %). Le tassement dans lHexagone a surpris : lInsee tablait sur une hausse du PIB de 0,6 %, soit le double de lestimation publiée (+ 0,3 %). La composition de la croissance est également décevante. Les ménages ont continué à consommer (+ 0,6 % après + 0,5 %). Mais cest davantage du fait du rebond de la demande de produits énergétiques (+ 2,9 % après 1,6 %),
après un hiver particulièrement clément que de lévolution des achats en produits manufacturés, qui ont stagné.
Plus décevant encore, les investissements des entreprises ont stagné alors quils avaient crû au cours de tous les trimestres depuis la mi-2005. Enfin, le commerce extérieur a une nouvelle fois amputé la croissance (à hauteur de 0,3 point de pourcentage). La ministre de lEconomie et des Finances, Christine Lagarde, na pas manqué de souligner lattentisme préélectoral des chefs dentreprise. Et les économistes estiment probable un rebond au troisième trimestre. Bercy ajoute que la prévision de croissance retenue pour 2008 dans le cadre de lélaboration du budget nest pas remise en cause, au minimum 2,25 %, 2,5 % selon lhypothèse centrale. Lobjectif de réduction du déficit public à 2,4 % du PIB fin 2007 est inchangé. Pourtant, lacquis de croissance, limité à 1,3 % fin juin, laisse peu despoir. Avec une progression du PIB de 1 % au cours des deux derniers trimestres de 2007 (4 % en rythme annualisé), ce qui est peu vraisemblable, la croissance serait limitée à 2,1 %, au bas de la fourchette retenue par le gouvernement, de 2% à 2,5 %.
Le manque de tonus de léconomie française nest pas uniquement conjoncturel. Les difficultés dans lindustrie sa production a fléchi de 0,3 % au deuxième trimestre et a stagné en douze mois montrent le manque de compétitivité du site de production France. Cette fragilité rend la France vulnérableà linstabilité financière.
Inflation américaine sous contrôle.
A linverse des publications européennes, les chiffres publiés cette semaine aux Etats-Unis ont été plutôt bien accueillis par les investisseurs. Les prix à la production ont crû de 0,6 % en juillet, soit davantage que prévu par le consensus (+ 0,2 %), mais la composante sous-jacente (hors énergie et alimentation) na progressé que de 0,1 % (+ 2,3 % en glissement annuel). Cest surtout lévolution des prix à la consommation qui a rassuré, en hausse de seulement 0,1% en juillet après respectivement + 0,2 % et + 0,7 % au cours des deux mois précédents. Mesurée en glissement annuel, la détente de linflation atteint 0,3 point de pourcentage, à 2,4 %. Quant à lindustrie, sa production a crû de 0,3 % en juillet, comme anticipé par les experts. Enfin, le déficit du commerce extérieur a diminué de quelque 1 milliard de dollars en juin, à 58,14 Md$. Le tassement de la facture énergétique nest pas étranger à ce résultat, même si la faiblesse du billet vert a stimulé les exportations américaines. Elles sinscrivent en hausse de plus de 11 % en un an, contre un gain de moins de 4 % pour les importations. Les économistes interrogés par la Réserve de Philadelphie envisagent une stabilité de linflation au quatrième trimestre 2007, après un repli de 0,2 point, à 1,9 %, au troisième trimestre. Toutefois, ils tablent sur un rebond de la croissance plus mesuré, à 2,7 % en fin dannée, après un gain de 2,5 % du PIB au troisième trimestre. Le secrétaire américain au Trésor, lui, craint que léconomie américaine soit pénalisée par les turbulences financières.
Doutes sur les pays émergents
Les économies industrialisées ne seront pas durablement affectées par les secousses boursières, estiment les experts. Il en va tout autrement de certains pays émergents. La volatilité financière devrait rester élevée, ce qui induira une évolution significative du coût du risque, estiment les experts de la société Thierry Apoteker Consultant (TAC). Les pays susceptibles dêtre les plus affectés sont ceux dont les monnaies ont bénéficié dimportantes entrées de capitaux et des opérations de carry trade (emprunts dans des monnaies peu rémunérées et placements à létranger). A surveiller également, ceux dont le besoin de financement à létranger est élevé en raison de déficits courants importants ou dun service de la dette étrangère élevé.Ainsi, il faudra porter attention au cours des prochains trimestres en Europe à la Turquie, à la Roumanie, à lEstonie, à la Lituanie et dans une moindre mesure à la Hongrie. En Asie, le Pakistan, le Sri Lanka et aussi la Thaïlande sont à surveiller.
Philippe Wenger
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Fil complet:
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