Le retour en force de la rotation sectorielle (Securibourse)

par Bobo, vendredi 17 août 2007, 21:34 (il y a 6303 jours) @ Graham

17-08-2007 Investir Hebdo

ARBITRAGE. Les investisseurs ne font pas dans le détail face à la crise du marché du crédit immobilier aux Etats-Unis.
Un danger dont personne ne peut estimer aujourd’hui le coût financier. Des secteurs entiers sont vendus.

L’onde de choc provoquée par la crise du marché du crédit immobilier aux Etats-Unis s’est propagée à l’ensemble des places financières mondiales.
A Paris, le Cac 40 a ainsi dévissé de 13,2 % depuis que les inquiétudes liées au subprime ont resurgi le 20 juillet (variation arrêtée au 16 août en clôture).
Mais, bien sûr, les actions se comportent de façon différente suivant leur degré d’exposition à cette crise.
Les écarts entre les vingt secteurs composant le SBF 250 sont même colossaux.
Dans ce dossier, nous avons donc classé les vingt secteurs que nous retenons habituellement dans Investir en fonction du risque lié à la crise du marché des crédits immobiliers américains (voir illustration ci-contre), sachant qu’aujourd’hui aucun expert n’est capable de mesurer précisément l’ampleur des dégâts financiers et l’impact sur des entreprises, voire sur des secteurs.
Pour l’instant, les investisseurs ne s’appuient donc pas sur des analyses financières mais plutôt sur une logique de bon sens.
Dans ces conditions, il s’opère une rotation sectorielle alors que depuis des mois on ne parlait plus que de stock-picking (choix de valeurs au cas par cas).
Le secteur le plus touché est la banque et les déclarations de Dexia, qui martèle qu’elle ne fera aucune perte même en cas de poursuite de la détérioration
du marché du subprime américain, n’empêchent pas le titre de chuter. A l’autre extrémité de l’échelle du risque, les télécommunications retrouvent un statut de valeurs refuges qu’elles avaient perdu depuis des années. Elles ne sont, en effet, pas affectées par cette crise compte tenu de leur métier local et à forte visibilité. Dans notre classement, les secteurs qui ont le plus dévissé ne sont pas forcément ceux qui sont le plus sensible à la crise du marché des crédits.
Les équipementiers technologiques ont, par exemple, cédé 20,1 % sur la période en raison notamment de la publication de très mauvais résultats trimestriels d’Alcatel-Lucent. En une séance, le titre avait chuté de 9,3 %. Surtout, ce sont les valeurs solides qui ont fortement chuté jeudi, les investisseurs prenant leur plus-value sur de beaux dossiers.
Pour résumer, six grandes raisons peuvent expliquer les mouvements de cours provoqués par la crise immobilière aux Etats-Unis sur les secteurs du SBF 250, au cours des dernières semaines.

1 - Exposition au marché du crédit immobilier

Il est impossible de mesurer l’étendue des dégâts chez les banques et les assurances qui sont, a priori, les plus touchées.
Dans le doute, les investisseurs se sauvent donc, redoutant de très mauvaises performances dans les fonds monétaires dynamiques et chez les hedge funds.

2 - Exposition directe au marché immobilier

Face à une chute de 23 % des ventes de logements neufs aux Etats-Unis en l’espace d’un an, les groupes de BTP et de matériaux de construction sont forcément boudés en Bourse même si les grands acteurs français sont très diversifiés géographiquement.
Le secteur immobilier est touché par ricochet, les investisseurs s’interrogeant sur un risque de propagation de la crise immobilière en France, sur un
relèvement des conditions de financement des foncières et sur une baisse globale de la valorisation de ce secteur dans le monde.

3 - Arrêt temporaire des fusions et des acquisitions

La crise immobilière conduit les banques à être plus sélectives en matière d’octroi de crédit. C’est le raisonnement que se font les experts en ce moment.
La période est donc moins propice aux LBO. Les bancaires vont accorder des prêts à des conditions plus strictes aux holdings pour financer leurs OPA.
L’arrêt temporaire des opérations nuit aux SSII, un secteur animé par de nombreuses rumeurs d’acquisitions depuis le début de l’année.

4 - Attention aux entreprises endettées

Les sociétés de services aux entreprises, généralement très endettées, risquent de refinancer leur dette à des conditions moins avantageuses qu’elles pouvaient l’espérer avant l’arrivée de cette crise.

5 - Prises de bénéfices sur les actifs qui ont le plus monté

Pour couvrir leurs opérations hasardeuses dans l’immobilier à haut risque, les hedge funds ont pris des bénéfices sur le marché des matières premières et notamment le pétrole, où ils avaient réalisé d’énormes plus-values.
Il en résulte une baisse des cours sur ces matières et, par ricochet, sur les valeurs pétrolières et les produits de base.
Les investisseurs se sont mis également à prendre des bénéfices sur l’automobile, qui affiche encore d’excellentes performances annuelles.

6 - Les secteurs refuges

Les valeurs de Luxe, télécommunications, pharmacie, alimentation résistent pour l’instant très bien (voir illustration).


François Monnier (Investir Hebdo)

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