Se préparer à une assez longue période d'instabilité. (Securibourse)

par Bobo, dimanche 17 juin 2007, 11:43 (il y a 6364 jours) @ Bobo

» 15-06-2007 INVESTIR Hebdo
» Se préparer à une assez longue période d'instabilité.

Suite sur le thème qui nous préoccupe:

LE POINT DE VUE DE JEAN-PIERRE PETIT *
* Directeur de la recherche économique et de la stratégie à Exane BNP Paribas.

Que penser de la hausse des taux >

Le refrain est immuable : la hausse des taux d’intérêt constitue toujours dans le discours dominant une mauvaise nouvelle pour l’économie et les marchés de capitaux. Car la vision instrumentale du taux d’intérêt l’emporte hélas ! le plus souvent sur une approche structurelle, pourtant plus féconde. Commençons par un peu de théorie économique. La fonction du taux d’intérêt a toujours été, dans l’analyse néoclassique, non pas d’élever le niveau de dépenses ou d’épargne selon les cas, mais de sélectionner les projets d’investissement les plus rentables. Le taux d’intérêt, comme tous les autres prix, doit révéler des choix rationnels et non pas subventionner des activités peu créatrices de valeur. Dès l’avant-guerre, Hayek et les membres de l’école autrichienne mettaient en garde contre les dangers d’un écartement trop élevé du taux d’intérêt de sa pente naturelle. C’est la raison pour laquelle ils proposaient de privatiser la monnaie afin que les banques soient sanctionnées par le marché lorsqu’elles prêtent à u taux différent du « taux naturel ».

Les crises sanctionnent des excès de liquidités

Toutes les crises que nous avons connues depuis quinze ans ont sanctionné des excès de liquidités et des phases de sur- ou de mal-investissement : bulles immobilières de la fin des années 80, crise japonaise de la décennie 90, crise des pays émergents en 1997-1998, krach boursier en 2000-2002. La considérable baisse des taux au début des années 2000 a été d’une efficacité économique structurelle douteuse et contestable sur le plan social. Belle allocation des ressources que celle qui voit ainsi les pays émergents financer le déficit public américain. De façon plus empirique, on a connu des périodes de croissance forte caractérisées par une remontée graduelle des taux longs : les années 1896 à 1914 et les années 50 et 60 dans les pays occidentaux. Inversement, les années de déflation (1873-1896, années 30, 1992-2003 au Japon) ont été marquées par des taux nominaux bas. Pour la gestion de portefeuille, il ne faut pas oublier que la baisse des taux a abouti (du fait de la rec herche de rendements) à « écraser » les primes de risque quelles que soient la rentabilité intrinsèque des actifs et/ou leur liquidité. Aujourd’hui,la hausse graduelle des taux représente une opportunité de procéder à une plus forte discrimination entre les actifs et de revenir à des valorisations plus saines. La hausse des taux a toujours été un vecteur de dispersionet de discrimination entre les actifs. D’ailleurs, la hausse des taux n’est pas en soi vecteur de baisse absolue des marchés d’actions. En termes relatifs, elle est plutôt facteur de surperformance des actions sur les obligations. Que faut-il faire aujourd’hui > Certainement sous-pondérer les actifs à trop faible prime de risque et/ou trop faible liquidité. Sous-pondérer les valeurs ou secteurs à longue duration ou très endettés. Surpondérer les secteurs et valeurs les moins vulnérables à une forte remontée des taux longs : le marché japonais, américain et un grand nombre de marchés émergents (dont le Brésil). Bref, il est temps de quitter la vision utilitariste du taux d’intérêt et de lui redonner sa véritable fonction de révélation des préférences.

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