JDF : les pétrolières
LE JOURNAL DES FINANCES - N° 6200 - 29/09/2006- PAGE 3
Les événements
LES COURS DU BARIL DE BRENT SE DETENDENT
Les pétrolieres gardent du potentiel
par CHRISTOPHE SOUBIRAN
Les sautes d'humeur du marché pétrolier sont bien connues, mais là, le moins que l'on puisse dire, c'est que le mouvement est spectaculaire. En quelques semaines, le prix du baril de brent est tombé de près de 80 dollars à... 62 dollars.
Le Journal des Finances a demandé à Olivier Rech, économiste à l'IFP, les raisons de cette chute brutale et si cette spirale baissière allait se poursuivre. Sur un plan boursier, les secousses estivales du marché pétrolier ont mis le secteur dans son ensemble sous pression. Pourtant, les compagnies pétrolières affichent une santé financière et opérationnelle insolente, comme en attestent leurs gigantesques bénéfices. Certes, des zones d'ombre apparaissent ici ou là (hausse des coûts de production, montée du nationalisme pétrolier, etc.), mais leur impact supposé est pour l'heure exagéré. Quant aux groupes parapétroliers, aucun retournement du cycle actuel n'est anticipé d'ici à la fin de la décennie. Si leurs résultats portent déjà la trace de l'embellie de la conjoncture, le meilleur est encore à venir. Les carnets de commandes sont pleins, et les projets continuent de foisonner un peu partout dans le monde.
C'est pourquoi nous restons positifs sur l'ensemble du secteur. Non seulement en raison de l'environnement porteur, mais aussi pour les fondamentaux propres de chaque société. Avec l'acquisition annoncée de son concurrent américain Veritas, Géophysique devrait ainsi, dans les mois à venir, conquérir la couronne de numéro un mondial du marché de la sismique. Une véritable aubaine.
De son côté, Schlumberger est en passe de retrouver ses niveaux de rentabilité historiques, tandis que Bourbon tient sa feuille de route et que Vallourec surprend de publication en publication.
Reste le cas Technip. Le groupe d'ingénierie peine à convaincre. A tort, selon nous. L'envolée de 8 % du titre, jeudi matin, à l'annonce du départ à la retraite en avril 2007 de Daniel Valot, son président, illustre bien les attentes du marché à l'égard de la valeur. La progression attendue des résultats devrait leur prouver que la stratégie mise en place est la bonne.
OLIVIER RECH, Economiste A L'INSTITUT FRANÇAIS DU PETROLE « A moyen terme, les cours pourraient se stabiliser autour de 60 dollars le baril »
LE JOURNAL DES FINANCES : Comment expliquez-vous le repli actuel du prix du pétrole >
Olivier Rech : - La première raison tient au fonctionnement normal du marché. Les prix du pétrole fluctuent au rythme de la consommation, qui est cyclique. La demande connaît deux pics par an, notamment dans l'hémisphère Nord, un premier en hiver, et un second au moment de la transhumance estivale. Entre ces deux périodes fortes, les tensions sur le marché physique retombent. C'est la phase de transition que nous connaissons aujourd'hui.
Deuxièmement, tout au long de l'année, les opérateurs ont vécu dans la hantise que la saison des ouragans dans le golfe du Mexique soit aussi terrible que celle de 2005. Les dégâts provoqués à l'époque ont été, il est vrai, désastreux. De nombreuses raffineries et plates-formes de production ont été fortement endommagées. L'industrie pétrolière américaine a mis un an avant de s'en remettre. Elle n'aurait pas supporté un nouveau choc.
Cette peur suscitée par la variable climatique explique pourquoi les prix ont été portés aussi haut cet été. Or les craintes ne se sont pas concrétisées.
Du coup, ils ont baissé, et leur repli s'avère aussi exagéré que la hausse a pu l'être.
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