Considérations sur Peugeot et FFP

par Graham ⌂ @, vendredi 28 juillet 2006, 01:01 (il y a 6685 jours)

J’avoue être beaucoup moins optimiste que JMP et CAQUE. La détérioration des marges des constructeurs semble durable (matières premières élevées et coûts fixes stables). La part variable des coûts de Peugeot est déjà réduite à peau de chagrin. Pour la première fois depuis quelques années, le taux d’utilisation des capacités de production est passé sous les 100%. Certes, les causes de la baisse des résultats de Peugeot sont communes à l’ensemble du secteur automobile et non à Peugeot en propre (ce qui signifierait un moindre attrait auprès des clients). Ainsi les résultats de Peugeot sont quasi similaires à ceux de Renault. Certes aussi la solidité financière de Peugeot n’est pas immédiatement remise en cause. Cependant les risques à moyen terme sont latents. Les prix des matières premières demeureront probablement encore longtemps élevés et la concurrence entre les constructeurs restera particulièrement vivace. La clientèle automobile n’est pas disposée, en général, à augmenter le poste « achat de véhicule neuf » dans leurs budgets. Aussi, l’unique raison qui permettrait à Peugeot de conserver des résultats positifs serait un accueil particulièrement favorable des nouveaux modèles. A ce titre, il faudra plus particulièrement observer l’évolution des CA et des marges opérationnelles de la division automobile des 3 prochains trimestres. Une dégradation de ceux-ci sur plusieurs trimestres prouverait l’insuffisant succès de la nouvelle gamme. Peugeot serait alors très gêné. La nécessité de financer la recherche constante de nouveaux modèles et l’adaptation des usines à ceux-ci impliquerait un coût important. La capacité d’autofinancement du groupe ne serait pas suffisante et Peugeot devrait assez tôt recourir à nouveau à de l’endettement pour les financements sans que ne soit garantie la réussite de cette stratégie (qui dépend tjrs du succès des modèles auprès du public). A ce titre et par opposition, Renault dispose de moyens largement supérieurs simplement pour la raison que les dividendes issus de Nissan permettent de compenser toutes les difficultés de financement mais aussi parce que la marge d’amélioration des coûts de production est tjrs importante (synergies de production et de recherche). D’autre part, il faut considérer comme durables les difficultés de la filiale Faurecia. On comprend qu’à horizon de trois ans Peugeot pourrait voir son profil financier se détériorer considérablement à l’instar de ce qui est déjà survenu à d’autres constructeurs prestigieux. Certes, je présente le pire scénario et il est impossible de prévoir en l’état actuel des choses ce qui surviendra pour Peugeot dans les prochains mois. Il est certain aussi que ces menaces agiteront les intervenants du marché. Les titre Peugeot et corrélativement FFP seront en conséquence chahutés à court et moyens termes. Si les résultats baissaient, ils chuteraient plus encore et on pourrait revoir un retour des titres Peugeot et FFP à des niveaux plus faibles (30-35€ pour Peugeot et 130€ pour FFP à horizon de 18 mois). Un retour de Peugeot au-delà de 50€ est beaucoup plus improbable car il faudra rassurer beaucoup le marché et pour cela redresser durablement les marges. Quant à lui, le titre FFP s’est énormément revalorisé ces deux dernières années et la décote vis-à-vis de Peugeot s’est grandement réduite. Un niveau de décote sur Peugeot supérieur à l’actuel de 10%-15% est très probable à venir en cas de baisse durable de Peugeot.
Je crois qu’il sera possible de racheter des titres FFP à des niveaux de cours inférieurs dans les prochains mois, tant les incertitudes et inquiétudes provoqueront une volatilité accrue). Dans tous les cas, je considère qu’à ce jour :
- l’achat de Peugeot est plus judicieux que celui de FFP
- l’achat de Renault est plus judicieux que ceux et des Peugeot et de FFP
- que les titres Peugeot et FFP ne sont pas dévalorisés (malgré les décotes sur fonds propres) par rapport aux risques existants)
- l’estimation juste de leurs valeurs est impossible
- prendre position sur ces titres est aujourd’hui un pari spéculatif
Par opposition, je ne pense pas qu’il faille non plus nécessairement les vendre. Le potentiel de retour aux niveaux récents reste. Les chiffres prochains en témoigneront mieux. Cependant, il me semble plus prudent de réduire la voilure sur les titres du groupe pour ne point être trop exposé (une proportion de 7% du portefeuille sur Peugeot ou FFP me parait ne devoir pas être dépassée et une exposition réduite aussi à l’ensemble du secteur). Des opportunités surgiront quasi certainement dans les mois à venir.

Je clos cet article sur une interrogation se référant à la discussion sur le thème des erreurs les plus fréquentes en bourse : « Serons-nous capables de nous couper le bras avant la curée > ».

Bien à vous,

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