La France qui tombe et la Bourse qui monte ...

par freeman @, mercredi 10 mai 2006, 19:48 (il y a 6757 jours) @ FLANEUR

Michel Kempinski, directeur général de la rédaction du Journal des Finances

Hausse des prix du pétrole, hausse des taux et hausse de l'euro contre le dollar : voilà une combinaison infernale dont la Bourse aurait dû pâtir. Si l'on y ajoute un climat politique et social délétère dans un contexte de croissance économique faible, on aurait même dû assister à un plongeon du CAC 40 : sanction logique du système. Et pourtant, non seulement la Bourse ne décroche pas, mais elle consolide plutôt à des niveaux relativement élevés après un rally de hausse de plus de six mois. Les experts considèrent même qu'elle devrait continuer à bien se tenir car, depuis les plus hauts niveaux atteints au faîte de la bulle Internet, les profits des entreprises du CAC 40 (pour ne prendre que cet échantillon) ont crû de plus de 60 %. Et des secteurs d'activité comme la distribution ou les médias affichent encore des retards significatifs par rapport à d'autres, offrant de belles opportunités, comme nous l'analysons cette semaine.

Les marchés financiers se sont progressivement déconnectés de l'évolution des conjonctures régionales, à mesure que les entreprises réduisaient leur exposition au risque national en multipliant leurs implantations et leur développement à l'étranger. Plus que de délocalisation, il s'agit en fait d'une vraie tendance de fond amorcée dans les années 1980 et qui s'est accélérée à la fin des années 1990 : le salut de bon nombre d'entreprises, avec l'ouverture de marchés aussi gigantesques et prometteurs (car en forte demande) que la Russie, l'Inde et la Chine, passait, et passe toujours, par une présence accrue de leurs produits ou services sur ces pays à forte croissance (voir l'actualité du secteur bancaire pages 20 et 21), et donc par une internationalisation accrue de leurs ventes et de leur production. Les entreprises qui se développent et gagnent de l'argent sont celles qui ont le mieux intégré cette dimension : la donnée est d'autant plus incontournable que ceux que l'on appelait les pays émergents génèrent en leur sein de redoutables compétiteurs, car ils apprennent vite.

Bien sûr, cette évolution a ses revers : au-delà des préoccupations sur l'emploi qu'elle suscite dans nos pays (et surtout en France, il faut bien le dire), elle accroît aussi en partie les risques liés à une dispersion géographique (que la Bourse ne manquera pas de sanctionner le moment venu). Mais a-t-on le choix > C'est le pragmatisme qui prévaut : à savoir une grande souplesse et une grande adaptabilité à des données de marché très changeantes. Autant de qualités qui font malheureusement tant défaut à un pays qui tend à se replier sur lui-même et refuse l'évidence


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