JDF : 6 opportunités à saisir dans le secteur textile
JOURNAL DES FINANCES- N°6152-29/10/2005- PAGE23
Analyse sectorielle
MALGRE UN ENVIRONNEMENT TRES DIFFICILE, CERTAINES VALEURS DE L'HABILLEMENT OFFRENT DE BELLES PERSPECTIVES
Six opportunités à saisir dans le secteur textile
par chorere ainejian
Entre la suppression des quotas chinois et la morosité de la consommation d'articles textiles (+ 0,7 % depuis le début de l'année), les perspectives des valeurs de l'habillement demeurent peu réjouissantes.
En Bourse, la moindre incartade est sévèrement sanctionnée pour ces valeurs qui ont toujours pâti de la désaffection des investisseurs. Toutefois, il reste encore des opportunités parmi les sociétés de l'habillement, comme l'illustrent les récentes opérations de rachat dans le secteur. Lafuma a ainsi mis la main sur Oxbow, tandis qu'Alain Manoukian a été repris par l'américain BCBG Max Azria.
Nous avons déniché six sociétés qui ont résisté à cet environnement difficile et qui sont bien armées pour le futur. La plupart d'entre elles sont faiblement valorisées en Bourse par rapport à la moyenne du secteur (multiple des bénéfices de 10 fois pour 2005) en dépit des bonnes perspectives de croissance en termes tant d'activité que de résultats.
Certaines constituent une bonne opportunité pour jouer la concentration du secteur, étape inéluctable à leur survie, alors que la pression sur les prix se poursuit.
CAMAIEU Un parcours toujours brillant
Parmi les valeurs de l'habillement, Camaïeu fait figure d'exception. Même en période de consommation atone, voire baissière, le groupe a toujours affiché une croissance de ses ventes supérieure à celle du marché et un bilan des plus sains. Le cours de l'action a été multiplié par plus de huit depuis l'introduction en juin 2000. Les fonds d'investissement ont été sensibles au potentiel de Camaïeu, dont le réseau compte 465 boutiques : la financière Addax, contrôlée par Axa Private Equity, a lancé une OPA à 85 euros en janvier 2005. Mais le prix, jugé à juste titre trop faible, n'a pas séduit les actionnaires minoritaires, et la valeur s'échange aujourd'hui autour de 105 euros. Camaïeu conserve toutes ses qualités et une nouvelle offre n'est pas à exclure. Le spécialiste du prêt-à-porter féminin a publié d'excellentes performances au titre des neuf premiers mois de l'exercice 2005. Son chiffre d'affaires a bondi de 20,8 %, dont 13 % à surface comparable, pour atteindre 329,8 millions d'euros. D'après les données de l'Institut français de la mode, le marché de l'habillement pour la femme aurait progressé de seulement 0,7 % entre les mois de janvier et d'août. Pour l'ensemble de l'année, la direction s'est fixé pour objectif d'atteindre un niveau de ventes de l'ordre de 450 millions d'euros (+ 17 %). Elle table sur une croissance plus rapide du résultat net, comprise entre 20 et 25 %. Sur cette base, le bénéfice pourrait avoisiner 50 millions d'euros, ce qui fait ressortir un multiple de 12,9 fois qui est correct pour le secteur.
LAFUMA Des projets ambitieux
Spécialisé dans les articles de loisirs en plein air, Lafuma s'est développé au cours des années grâce à la croissance externe et détient environ 17 % du marché français. Sa dernière opération en date, le rachat de la marque de surf Oxbow, se révèle des plus judicieuses. Elle permet à la société d'augmenter d'un tiers ses ventes tout en lui donnant accès à une clientèle plus jeune. Les synergies issues du regroupement des achats et de l'utilisation commune des plates-formes de distribution seront visibles d'ici deux ans. En revanche, l'exercice clos le 30 septembre sera affecté par l'absorption d'Oxbow. Nous anticipons un résultat net en légère baisse, à 8 millions d'euros. Le chiffre d'affaires, incluant quatre mois d'activité d'Oxbow, s'est établi à 202 millions, en hausse de 12,3 %. A périmètre constant, il a reculé de 3,6 %. En 2006, le nouvel ensemble devrait réaliser un chiffre d'affaires de l'ordre de 250 millions d'euros et dégager un profit net de 11,8 millions. Dans un horizon plus lointain, la société nourrit des ambitions en Europe, où sa part de marché si limite à 5 %. Pour la développer, Lafuma réalisera de nouvelles acquisitions, après avoir recouvré une situation financière plus saine (l'endettement net sera ramené à 85 % des capitaux propres au 30 septembre).D'ici cinq ans, la société pourrait afficher un chiffre d'affaires de 500 millions d'euros ainsi qu'une marge d'exploitation supérieure à 10 %. La direction vise également une marge nette excédant 5 %, contre environ 4 % à ce jour. Ces objectifs nous semblent plutôt conservateurs et pourraient être atteints plus vite que prévu. La valorisation reste attrayante : la société se paie l'équivalent de 9 fois nos estimations de bénéfice pour le présent exercice.
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mareva
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