Pétrole franchit les 70 $

par John_Fills @, lundi 29 août 2005, 13:23 (il y a 7008 jours)

Le pétrole franchit les 70 dollars le baril, l'inquiétude monte

PARIS (AFP) - Les cours du pétrole, fouettés depuis quelques jours par le cyclone Katrina, ont fini par franchir la barre symbolique des 70 dollars le baril, et ce "troisième choc pétrolier" suscite une angoisse croissante, même si son impact économique semble jusqu'ici bien contenu.

Le cours du "light sweet crude" pour livraison en octobre a atteint dans la nuit un plus haut à 70,80 dollars le baril dans les échanges électroniques en Asie, avant de se replier vers 69,20 USD vers 10h00 GMT, et certains opérateurs ont évoqué un sentiment de "folie" sur le marché.

Le cours du baril ne cesse de grimper depuis maintenant près de trois ans, mais l'approche d'un ouragan puissant, conjuguée à une chute inattendue des stocks d'essence aux Etats-Unis cette semaine, a provoqué une envolée de 5 dollars en une semaine. Ces derniers temps, les opérateurs s'étaient également beaucoup inquiétés des tensions géopolitiques entre les pays occidentaux et l'Iran.

Katrina est l'un des plus forts ouragans frappant les Etats-Unis depuis des années et le président américain George W. Bush a déclaré l'état d'urgence dans la région touchée, riche en hydrocabures. Un total de 21 puits et plate-formes pétroliers ont été évacués en raison de l'approche du cyclone.

Selon les analystes, le seuil de 70 USD désormais franchi, la hausse pourrait bien se poursuivre en direction des 80 dollars, d'autant que l'équation offre/demande paraît actuellement impossible à résoudre en raison du manque d'investissements ces dernières années, en particulier dans le secteur stratégique du raffinage.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui fournit environ 40% du pétrole brut mondial, a lancé ce weekend une offensive pour rassurer les opérateurs en répétant une nouvelle fois que le marché ne souffre pas et n'est pas menacé de pénurie.

Son président, le Koweïtien cheikh Ahmad Fahd al-Sabah, a souligné que le cartel a produit bien au-delà de son quota actuel tout au long de l'année 2005 et laissé entendre qu'une nouvelle hausse de quotas serait à l'étude lors de la réunion prévue le 19 septembre prochain à Vienne.

Le directeur de la recherche et secrétaire général par intérim de l'Opep, Adnan Shihab-Eldin, a de son côté estimé que les prix allaient "retomber tôt ou tard à des niveaux qui reflètent les fondamentaux" et ajouté qu'il serait "surpris" de les voir continuer à monter.

Ces assurances risquent pourtant de ne pas suffire et l'inquiétude et le mécontentement sont de plus en plus palpables chez les consommateurs, contraints aux économies par la hausse du coût de l'essence et du fioul de chauffage. Quant aux entreprises, elles voient leurs marges diminuées d'autant.

Les économistes n'hésitent plus aujourd'hui à qualifier la hausse, continue depuis début 2002, de "troisième choc pétrolier", mais s'accordent à reconnaître qu'il affecte beaucoup moins l'économie mondiale que les deux précédents (1973 et 1979/80), notamment parce qu'il lui épargne une spirale inflationniste.

Les pays les plus industrialisés ont ces dernières décennies fourni de gros efforts pour réduire leur dépendance au pétrole, en s'appuyant en particulier sur l'industrie nucléaire et le gaz naturel.

Le patron de la banque centrale américaine, Alan Greenspan, a estimé vendredi que son pays a jusqu'ici "raisonnablement bien absorbé" la flambée des cours de l'énergie. Pour l'heure, celle-ci a tout au plus freiné l'économie mondiale, même si l'avenir demeure incertain, estiment les experts.

Les pays en développement, dont l'économie est moins efficace que celle de leurs homologues industrialisés, souffrent davantage.


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