Loiseau, pris en face
Article Figaro : crise de Mangament chez BLOI
LOISIRS L'assemblée du groupe se tient aujourd'hui
Crise de management chez Bernard Loiseau
Léna Lutaud
[30 juin 2005]
Ce matin à dix heures, Dominique Loiseau présidera l'assemblée générale du Groupe Bernard Loiseau dans son Relais & Châteaux de Saulieu, en Côte-d'Or. C'est la seconde depuis la disparition du célèbre chef le 27 février 2003. La réunion promet d'être mouvementée. Selon nos informations, la directrice générale Isabelle Proust, arrivée en décembre 2003, est confrontée à de graves problèmes de management. Deux membres de la direction ont claqué la porte. Les actionnaires doivent se prononcer demain sur les changements au sein du conseil d'administration. Sur les sept sièges, deux posent un problème. Le premier sera tranché dès demain. Après 24 ans aux côtés de Bernard Loiseau, Hubert Couilloud, directeur de la restauration, a été licencié en février.
En un an, c'est le second départ d'un fidèle de Bernard Loiseau. L'ancien directeur financier, Bernard Fabre, a lui aussi claqué la porte. Habitués à décider entre hommes aux côtés de Bernard Loiseau, ils n'auraient pas supporté d'être dirigés par deux femmes, Dominique Loiseau et Isabelle Proust. Au-delà d'une incompatibilité d'humeur avec la directrice générale, ils n'ont pas non plus supporté le radical changement de culture d'entreprise. Diplômée de HEC, la directrice générale de 36 ans vient de la finance et du cinéma (UGC) et non pas de l'hôtellerie-restauration. Les courriers électroniques ont remplacé les réunions informelles que tenait Bernard Loiseau sur un coin de table. Le cas du départ d'Hubert Couilloud pourrait finir aux prud'hommes et le groupe a passé une provision de 30 000 euros à ce titre. Nommé au conseil au lendemain du décès de Bernard Loiseau, Hubert Couilloud devrait être remplacé par Isabelle Proust.
L'autre siège d'administrateur qui pourrait à terme être remis en jeu est celui d'Yves Bayon de Noyer. Ce chef d'entreprise, qui vend en grande surface les plats sous vide sous la marque Bernard Loiseau, vient de céder son groupe Agis au volailler LDC. S'il reste président d'Agis, l'entourage de Dominique Loiseau voudrait le voir quitter le conseil d'administration car «il est à la fois juge et partie». L'an dernier, il a en effet obtenu que le montant des royalties qu'il reverse au Groupe Bernard Loiseau soit revu à la baisse. Mais Yves Bayon de Noyer peut compter sur l'appui de Dominique Loiseau. Elle lui est reconnaissante de son aide après le décès de son mari et de ne pas avoir vendu Agis à Fleury Michon. «Ils ont comme chef Joël Robuchon, alors ils n'auraient pas eu besoin de nous», explique Dominique Loiseau.
Tout en réglant ces problèmes de management, Dominique Loiseau doit aussi surveiller les comptes de son groupe qui comprend le Relais & Châteaux de Saulieu et les trois restaurants parisiens. En raison du restaurant Tante Jeanne, la perte nette du groupe pour 2004 atteint 198 000 euros. «Je dois conclure la vente de Tante Jeanne demain avec un couple de restaurateurs, révèle Dominique Loiseau. J'achèterai un autre restaurant ensuite. Je réfléchis à un concept moins cher.»
Heureusement à Saulieu, coeur du Groupe Bernard Loiseau, tout va bien. Attirés par les chambres et le luxueux spa, les riches américains sont de retour. Tout comme la clientèle régionale qui afflue pour déguster la cuisine de Patrick Bertron, ancien second de Bernard Loiseau. Malgré dix jours de fermeture de plus qu'en 2003 à Saulieu, le chiffre d'affaires consolidé s'est maintenu autour des 8 millions d'euros. 2005 s'annonce bien : les réservations s'amoncellent.