Les valeurs moyennes sont-elles désormais trop chères ?
William Higgons: Les valeurs moyennes sont-elles désormais trop chères > Il reste des opportunités parmi les plus petites
Propos recueillis par XAVIER DIAZ et NATHALIE RAMBAUD
n° 3128
paru le 20/05/2005
Habitué des tableaux d'honneur, ce gérant nous livre cette semaine les secrets de sa réussite : + 440 % en dix ans, + 135 % en cinq ans et déjà + 19 % depuis le début de l'année ! Son fonds, Siparex Small Cap Value (130 millions d'euros d'actifs), est exclusivement investi dans des sociétés moyennes décotées, choisies à partir de critères très simples qu'il nous expose. Malgré l'engouement suscité l'an dernier par les valeurs moyennes et la flambée de certains titres, ce segment de la cote présente encore à ses yeux des opportunités d'achat. En revanche, il déconseille de participer aux introductions et se montre très critique à l'égard d'Alternext et des fonds qui privilégient les valeurs dites de croissance.
Depuis 1993, Siparex Small Cap affiche régulièrement une des meilleures performances des fonds valeurs moyennes françaises. Quelle est votre recette >
Je n'ai pas à proprement parler de secret, ni de formule magique pour dénicher de bons investissements ! Ma stratégie est simple : je n'investis que dans des titres faiblement valorisés par rapport à leur capacité d'autofinancement. En clair, j'achète lorsque la capitalisation boursière d'une société représente moins de 6 fois son cash-flow et je revends lorsque ce ratio dépasse 10 fois. Pour affiner ma sélection, j'analyse ensuite la rentabilité de chaque entreprise. Je ne retiens que celles dont le retour sur fonds propres est supérieur à 10 % et dont la marge d'exploitation dépasse 5 %. Mes critères de sélection sont donc très mathématiques et je veille à ne pas me laisser perturber par les rumeurs de marché. La moitié du temps, celles-ci sont infondées et la pratique m'a prouvé que lorsque je sortais de mon modèle, l'expérience n'était pas concluante.
Votre modèle a-t-il évolué >
Effectivement. Je considère désormais le momentum des actions comme un critère à part entière. Il traduit la dynamique d'une valeur à la hausse comme à la baisse. Je m'autorise ainsi aujourd'hui à conserver des titres qui se paient 12 fois leur capacité d'autofinancement si la progression de leur cours dépasse de 20 % la performance de mon indice de référence, aujourd'hui le CAC Small90. Cela peut aussi, à l'inverse, m'amener à revoir ma position sur les titres sous-évalués dont la performance est inférieure de 20 % à celle de l'indice. Si l'action a été pénalisée par un événement récent, comme par exemple l'annonce de mauvais résultats, je ne vends pas. En revanche, si elle baisse sans raison, il y a de fortes chances que cela cache quelque chose, et je préfère m'alléger. Compte tenu du nombre d'acteurs qui détiennent des informations privilégiées - salariés, fournisseurs, clients, concurrents - il y a peu de baisses significatives non justifiées. Le marché a toujours raison sur les petites valeurs !
Pouvez-vous citer des entreprises dans ce cas >
Je pense à deux sociétés du monde de la distribution qui ont dévissé début 2004 sans raison particulière : Mr. Bricolage et Gifi. Ces groupes ont fini par émettre des avertissements sur leur activité et sur leurs résultats, pour publier finalement des comptes de mauvaise facture. Début 2005, la société Faiveley - dont la performance du titre était inférieure de 20 % à celle du marché - a annoncé un chiffre d'affaires annuel inférieur à ce qui était prévu après la publication des ventes à neuf mois...
Après leur forte hausse en 2004, pensez-vous que les valeurs moyennes soient désormais trop chères >
Le nombre d'opportunités sur le marché s'est réduit car, l'an dernier, les gérants ont largement privilégié le thème des valeurs moyennes décotées. Leurs cours ont grimpé de plus de 20 % en moyenne. Du coup, elles se paient entre 6 et 8 fois leur capacité d'autofinancement. Il n'en reste pas moins que certaines valeurs moyennes sont encore bon marché, d'autant qu'avec des taux d'intérêt à long terme de 3,4 %, la Bourse n'est pas actuellement surévaluée. C'est notamment le cas de certaines capitalisations inférieures à 100 millions d'euros, qui restent mal suivies.
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mareva