(EBM) : Le groupe de vins et spiritueux Belvédère, premier opérateur sur le marché de la vodka en Pologne, vient de publier ses résultats sur le premier semestre. Jacques Rouvroy, bonjour. Vous êtes le Pdg de Belvédère. Tout d'abord, pourriez-vous commenter les résultats semestriels >
(JR) : Nous sommes très optimistes et très satisfaits de nos résultats semestriels. Ils sont exactement en ligne, sinon meilleurs, que nos prévisions. Nous avions annoncé un objectif de 100 millions de bouteilles de vodka en Pologne, et un chiffre d'affaires d'environ 300 millions de dollars. Il semble que nous allons atteindre ces objectifs.
EBM : Votre résultat d'exploitation a énormément progressé sur le premier semestre par rapport à l'année dernière. Quelle en est l'explication >
JR : C'est la conséquence des investissements importants que nous avons réalisés ces deux dernières années, et qui commencent à porter leurs fruits. C'est aussi dû à la restructuration que nous avons menée après l'acquisition de trois distilleries au cours des douze derniers mois.
EBM : Depuis le mois de janvier, vous avez la première part de marché sur la vodka en Pologne, et elle augmente chaque mois. Quelles sont les perspectives sur votre activité en Pologne >
JR : Si la météo est « favorable », alors notre part de marché pourrait atteindre 26% à 30% d'ici la fin de l'année.
EBM : Vous avez récemment acquis un grand producteur de vodka en Lituanie. Quelles sont vos perspectives là-bas >
JR : C'est la troisième plus grande distillerie en Lituanie, avec une part de marché d'environ 8%. On estime qu'en exploitant les synergies avec nos activités polonaises, on pourrait pousser notre part de marché jusqu'à 15%, voire 20%, du marché lituanien. Donc, nous sommes assez confiants.
EBM : Vous avez récemment acquis trois wineries en Bulgarie. Récoltez-vous déjà les fruits de ces investissements >
JR : Nous sommes assez sûrs d'en récolter les fruits dès l'année prochaine. Mais en réalité, nous en bénéficions déjà aujourd'hui. Si vous regardez les économies d'achat que nous réalisons (environ 50 centimes par bouteille, multipliés par les 10 millions de bouteilles que nous allons vendre en Pologne), alors on voit bien que l'acquisition sera amortie au bout de 18 mois.
EBM : Quelle est votre stratégie de développement dans les autres pays d'Europe de l'est > Allez-vous appliquer la même méthode qu'en Pologne, à savoir : investir, et pénaliser le résultat d'exploitation à court terme, pour retirer des bénéfices plus importants par la suite >
JR : Absolument. A présent, nous avons prouvé que notre business model est le bon. Nous sommes bien positionnés sur chacune de nos marques, et nous voulons dupliquer notre modèle dans les autres pays avoisinants d'Europe de l'est, la Russie en particulier, qui est un très important marché pour la vodka. Nous avons toutes les raisons de croire que nous réussirons, comme en Pologne.
EBM : Quel sera pour vous l'impact de l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne >
JR : Un impact très positif, car nous assisterons à la fin du marché parallèle de la vodka, qui est transfrontalier avec la Russie, l'Ukraine et la Biélorussie. Aujourd'hui en Pologne, le marché de la vodka est d'environ 500 millions de bouteilles par an, dont seulement 300 millions sont licites (c'est-à-dire sur lesquelles l'Etat perçoit des droits). L'entrée de la Pologne dans l'UE marquera la fin du marché parallèle. Nous évoluerons donc très court terme sur un vrai marché de 500 millions d'unités.
EBM : Au-delà de l'Europe de l'est, quelles sont les perspectives de croissance pour votre société >
JR : La croissance viendra de CL Financial. Nous avons décidé, avec le management de CL Financial, de bâtir un large portefeuille de spiritueux (bruns et blancs) qui pourront être commercialisés dans le monde entier. Nous assurerons la promotion de leurs produits sur notre marché (l'Europe de l'est), et ils assureront la promotion de nos produits sur leur marché (les pays développés), en particulier, deux de nos marques : la vodka polonaise Sobieski et la vodka russe Youri Dolgorouki.
JR : Je n'ai pas d'explication. On peut dire que la vodka semble être le produit à la mode ces jours-ci, surtout chez les jeunes. C'est une chance pour nous d'être présents sur ce segment. Les ventes d'alcool brun semblent se stabiliser ou décliner.
JR : Ayant connu des problèmes de dette il y a deux ans (lorsque nous avions un gearing de plus de 200%) Nous sommes à présent très heureux d'avoir pu ramener notre gearing à 59%, ce qui est une très bonne performance en réalité. Nous voulons rester à ce niveau autant que possible. Bien sûr, il y a quelques acquisitions dans le pipeline, dont l'une est très importante. Si les conditions de marché demeurent favorables, nous allons lever de l'argent pour financer ces acquisitions plutôt que de nous endetter à nouveau.