crise de production (Securibourse)
Bonjour,
cette réponse me donne l'occasion de préciser mon intuition.
Les Etats sont nombreux à être endettés. Ils approchent une zone de rupture qui a déjà été touchée par d'autres lors de la crise financière de 2008; avec les conséquences que l'on connait.
Les bilans des banques centrales aussi sont fragilisées et tout à fait hors des normes anciennes.
Les banques commerciales pourraient aussi voir leurs créances douteuses monter en flèche avec le risque d'une destruction de leurs capitaux propres et d'une déstabilisation de tout le secteur bancaire et financier.
Pour autant, l'emprunt des institutions publiques ne posent encore aucun problème; celui du secteur privé commence à poindre avec des difficultés d'emprunt pour un dixième des petites entreprises. Il y a ainsi beaucoup d'endettement, mais pas de crise de confiance, ni non plus de crise de l'endettement.
Le secteur privé toutefois en grande partie est à l'arrêt. Il ne produit plus. On commence à voir certains arrêts résultés de l'arrêt des fournisseurs produisant les composants essentiels. C'est l'effet boule de neige, la spirale auto-réalisatrice. La chute de l'un emporte la chute de l'autre, etc. Une entreprise au bilan équilibré et sain ne peut pas survivre à un arrêt de production qui dure de trop par épuisement de la trésorerie si elle ne parvient pas à compenser cette destruction de trésorerie par un emprunt auprès des banques commerciales. Les banques commerciales cherchent à se garantir du risque de l'augmentation de leurs créances douteuses qui menacerait de faire fondre leurs fonds propres. D'elles-mêmes, elles auraient naturellement tendance à réduire ce risque en limitant les nouveaux emprunts. D'où la nécessité d'une garantie supérieure: celle des Etats. Les Etats essaient de le faire. Faut-il qu'ils y parviennent en ne rendant pas ces dispositifs trop administratifs et compliqués. Ceci on le verra les semaines à venir. Pour ce faire, les Etats doivent eux-mêmes emprunter ce qu'ils prêteront aux entreprises en difficultés. Pour éviter que les taux remontent, ce qui les fragiliserait, les banques centrales doivent les soutenir par des moyens non orthodoxes. C'est très bien aussi. Mais comme il y a dix ans, comme il y a dix-huit ans cela fausse la valeur de tous les actifs.
Donc, si cette crise actuelle et tout à fait extraordinaire de production persiste, c'est le tissu économique privé qui meurt progressivement. Avec celui-ci, la richesse créée dans toute la société.
Supposant que toutes ces mesures réussissent et que l'épidémie disparaît vite, il y aura malgré tout une difficulté à reprendre une production normale. Ne serait-ce que parce que certains fournisseurs auront disparu, mais aussi que les stratégies de déconfinement des Etats seront différentes entre elles et perturberont le cycle des échanges.
La crise de dettes surviendra ou non dans un deuxième temps, soit presque consécutif, soit dans seulement quelques années. Ainsi la crise d'endettement sera un effet de la crise de production.
Bref tout cela pour dire que les risques sont immenses. Pour autant, le risque n'est qu'une menace et ne dit rien sur sa réalisation ou non.
Mon opinion est que le risque, aujourd'hui, n'est pas correctement rémunéré, ni valorisé.
Si ce que je dis sur la crise de production se vérifie ou pire s’accroît, la richesse créée décroîtra fortement et la menace d'une crise d'endettement consécutive augmentera. La conséquente immédiate sur les marchés boursiers est un réajustement brutal des valorisations.
Je précise encore qu'on n'en sait rien. Beaucoup dépend de la durée de la pandémie, de la capacité des Etats à mettre en place les dispositifs de soutien.
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Graham
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