Valeurs petites et moyennes très endettées (Securibourse)
Journal des Finances n° 6308
Prudence à l'égard des valeurs petites et moyennes très endettées
Roland Laskine - JDF HEBDO - 25.10.2008
Les menaces de fort ralentissement de l'activité économique dans le monde risquent de se traduire par des baisses de bénéfice au second semestre de 2008 et surtout en 2009.
Ce repli probable des profits, qui est déjà largement anticipé par le marché pour la plupart des grandes valeurs de la cote, pourrait conduire à des situations critiques pour les sociétés les plus endettées.
Certaines d'entre elles risquent même de se trouver confrontées à des problèmes de liquidité.
La chute de Saint-Gobain à 26 euros cette semaine a notamment été provoquée par les craintes du marché portant sur l'arrivée à terme en octobre 2009 d'une importante ligne de crédit de 2,1 milliards d'euros que le groupe va devoir renégocier avec ses banquiers.
Plusieurs autres grands groupes, comme Vinci, Veolia Environnement, PPR, Rexel, Thomson, Pernod Ricard et Danone ont également dû affronter l'ire du marché avec des chutes de cours spectaculaires ces dernières semaines.
Pour ces grands noms de la cote, le durcissement des conditions de crédit devrait cependant limiter son impact à une hausse des frais financiers qui pèsera sur le compte de résultats.
Pour des sociétés de taille plus réduite, ce durcissement des conditions bancaires, voire la fermeture complète du robinet du crédit, pourrait avoir des conséquences plus inquiétantes.
Préoccupation des marchés
Il importe donc de faire preuve de la plus grande prudence à l'égard des sociétés petites et moyennes les plus endettées. La vulnérabilité d'une société se mesure avant tout par le ratio rapportant le montant des dettes financières à celui des fonds propres (c'est ce que les spécialistes appellent le gearing).
Lorsque le montant des dettes financières est supérieur à 0,75 fois les fonds propres comptables (en dehors de certaines sociétés comme les producteurs de champagne, qui supportent des stocks importants),
les analystes considèrent à juste titre que la société en question se trouve en situation de vulnérabilité lorsque l'activité ralentit.
Afin d'affiner l'analyse et de réellement apprécier la capacité de remboursement d'une société, il faut aussi rapprocher l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) du montant de la dette.
En période de ralentissement de l'activité et de risque de révision en baisse des résultats, tout ratio de dette supérieur à trois fois l'excédent brut d'exploitation commence à être source de préoccupation pour les marchés.
En plus des sociétés figurant dans notre tableau, sur lesquelles nous conseillons de systématiquement rester à l'écart (à l'exception de Bureau Veritas),
une récente étude de Fortis cite un certain nombre d'autres affaires très vulnérables à la dette, comme Partouche, Cie des Alpes, oeneo, Business & Decision et même Eiffage.
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