pétrole : je suppose que vous avez lu ça :

par hervé, dimanche 31 octobre 2004, 23:40 (il y a 7326 jours)

Le patron de la principale centrale syndicale du Nigeria, le Congrès national du Travail (NLC), Adams Oshiomhole, a annoncé dimanche une grève générale et illimitée à partir du 16 novembre et menacé de stopper la production pétrolière pour protester contre l'augmentation des prix des carburants.

M. Oshiomhole a fait cette annonce lors d'une conférence de presse au quartier général du NLC à Lagos en compagnie de différents représentants de la société civile qui soutiennent la grève, ainsi que des responsables des principaux syndicats de la filière pétrolière.

"La grève commencera le 16 novembre et sera illimitée", a-t-il lancé soulignant que le dialogue, entamé avec le gouvernement après la dernière grève générale "d'avertissement" qui avait en partie paralysé le pays entre le 11 et le 14 octobre dernier, est dans l'impasse.

"Le gouvernement a rendu le dialogue impossible. Il a démontré que nous avons eu tort et qu'aucune solution ne sortira du dialogue", a-t-il ajouté estimant que le chef de l'Etat, Olusegun Obasanjo, "a limité le mandat" du comité ad hoc mis en place début octobre pour trouver les moyens d'amortir les effets de la hausse des carburants.

"Nous pensons qu'il faut s'attaquer à la cause et non aux conséquences de l'augmentation. Il faut revenir aux anciens prix" des carburants, a-t-il martelé annonçant également des manifestations d'ici au 16 novembre.

Estimant que le gouvernement "refuse d'écouter les Nigérians", le président du NLC a également menacé directement la production pétrolière nationale, qui jusqu'à présent n'avait pas été affectée par les grèves.

Le Nigeria tire du pétrole brut 95% de ses recettes extérieures. Selon l'ONU, 80% des Nigerians vivent cependant avec moins d'un dollar par jour.

"Tous les travailleurs du secteur pétrolier seront concernés par ce mouvement de grève", a déclaré M. Oshiomhole expliquant que "la dernière fois, il n'y a pas eu d'interruption du flux pétrolier mais aujourd'hui, c'est la seule façon pour que le gouvernement nous écoute".

Le président du PENGASSAN, Brown Ogbeifun, s'est voulu plus prudent tout en confirmant l'intention des syndicats de s'en prendre au secteur pétrolier.

"Nous allons tenter de perturber la production, mais nous ne pouvons pas révéler l'étendue de notre arsenal avant le début du mouvement. Nous avons pris cette décision parce que nous n'avons pas d'autre option. Nous étudions actuellement les stratégies", a-t-il déclaré à l'AFP.

M. Oshiomhole a également attaqué directement la principale compagnie pétrolière opérant au Nigeria, le géant anglo-néerlandais Shell, qu'il a qualifié d'"ennemi du peuple nigérian".

"Shell a décidé de soutenir le gouvernement pour opprimer notre peuple et se mêler des affaires politiques intérieures nigérianes", a-t-il expliqué en référence à une procédure judiciaire entamée par Shell pour empêcher le syndicat des cadres du secteur pétrolier, le Pengassan, et les ouvriers de la filière rassemblés au sein du NUPENG, de participer à la grève.

Le fait que les syndicats menacent de s'en prendre directement aux exportations devrait secouer un peu plus le marché mondial pétrolier déjà très nerveux, qui a enregistré des records de prix ces dernières semaines.

Avec des exportations de 2,5 millions barils/jour, le Nigeria figure au premier rang des producteurs africains et à la sixième place au niveau mondial. Ce pays fournit aux Etats-Unis 15% de ses besoins en pétrole.

Le 23 septembre, les prix des carburants et du pétrole lampant ont bondi de quelque 25% à 55 nairas (40 cents) le litre. Il s'agissait de la dernière en date des majorations des prix du pétrole, depuis que le président Obasanjo a décidé en octobre de l'année dernière de déréguler les prix des carburants et de supprimer les subventions.

Le président Obasanjo et ses partisans estiment que les hausses sont un mal nécessaire en raison du programme de réformes mis en chantier par le Nigeria et dont l'objectif est de mettre un terme au glissement vers la pauvreté du pays le plus peuplé d'Afrique, avec 130 millions d'habitants.


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