Poursuite du «supercycle» des matières premières (Securibourse)

par Bobo, dimanche 14 octobre 2007, 10:38 (il y a 6245 jours)

REBOND. Après le « trou d’air » lié à la crise américaine du crédit, les cours ont largement rebondi.
Les perspectives pour les prochains mois demeurent bien orientées pour la majorité des produits.

Poursuite du «supercycle» des matières premières

La crise américaine du crédit a eu des effets contradictoires sur les matières premières. Dans un premier temps, les prix se sont détendus, les marchés anticipant l’allégement des positions des fonds spéculatifs. Depuis, les cours ont rebondi pour la quasi-majorité des matières premières. Le meilleur exemple est le pétrole, dont les cours ont franchi temporairement, en octobre, la barre de 80 $ le baril de brent (première échéance). Ce prix n’est pas considéré
comme celui qui reflète les fondamentaux économiques (environ 70 $, selon les économistes), mais il prend en compte l’impact de la dépréciation du billet vert liée aux anticipations de baisse des taux d’intérêt aux Etats-Unis. Pour les prochains mois, la tendance dépendra du climat durant l’hiver et surtout du comportement de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Un geste conséquent de sa part n’est pas envisageable. Le cartel a récemment
déçu en annonçant une hausse limitée à 500.000 barils par jour de ses quotas de production au 1er novembre. Mais, même si l’Opep ouvrait les vannes, les prix pourraient progresser en raison de la diminution des capacités excédentaires de production comme en 2004, craint l’Institut français du pétrole (IFP).
Hors Opep, la production devrait augmenter de 1,1 million de barils par jour (Mb/j), à 51,1 Mb/j, selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie AIE). Celle-ci table aussi sur une croissance de la demande mondiale de 2,1 Mb/j, à 88 Mb/j, mais cette prévision est jugée surestimée par les économistes.
Bien sûr, ces prévisions sont dépendantes du rythme de croissance de l’économie américaine, principale consommatrice mondiale de brut. Un ralentissement plus important qu’escompté participerait à la détente du marché du pétrole. Mais la croissance de la demande de brut est davantage corrélée à l’expansion mondiale, qui restera forte, anticipée vers + 4,8 % en 2008 par le FMI, contre + 5,2 % en 2007. Le dynamisme élevé des pays émergents, tout particulièrement de la Chine, limite l’espoir d’un véritable repli des cours.

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Le prix du plomb devrait continuer sa forte progression. Le cuivre s’apprête à établir de nouveaux records.

Métaux : retour aux fondamentaux

L’impact de l’expansion débridée de la Chine est encore plus apparent pour les métaux non ferreux. Il faut toutefois noter que ces matières premières ont évolué en ordre dispersé depuis l’été. « C’est une bonne nouvelle. Les fonds indiciels et les hedge funds jouent peut-être moins un rôle moteur dans la formation des cours », estime Olivier Reymondon, économiste au COE-Rexecode. Il faut ainsi faire la distinction entre les produits qui ont renoué avec la croissance des prix, après la consolidation de cet été, et les autres. Parmi les premiers, on trouve le plomb, qui bénéficie d’une très forte demande. Ce métal est largement utilisé pour la fabrication de batteries d’automobiles dont le parc progresse à pas de géant en Asie.
Le cuivre bénéfice aussi d’une demande asiatique particulièrement forte. Selon les experts de Natixis, la Chine – premier importateur mondial de cuivre – verrait ses achats progresser de 23 % cette année. L’étain est également dans une situation tendue en raison d’un déficit de production, notamment en Amérique du Sud.
A l’inverse, pénalisés par une surproduction en Chine, les cours de l’aluminium s’inscrivent en baisse. Le marché du nickel est atypique. Après avoir fortement progressé, les prix ont chuté. Eramet envisage un excédent d’offre de respectivement 20.000 et 22.000 tonnes pour les deux derniers trimestres 2007. En amont, au niveau des producteurs, 120.000 tonnes de production seraient disponibles. « Si tous ces volumes venaient sur le London Metal Exchange (LME), cela se traduirait par un quintuplement des stocks », prévient Natixis.
Enfin, le marché de l’acier reste dynamique : sa croissance mondiale
devrait atteindre 6,8 % en 2007 et 2008 malgré le ralentissement de la demande aux Etats-Unis, selon l’Institut international de l’acier (IISI). L’Europe dénonce toutefois des exportations chinoises qui se font à « des prix de dumping », selon la Fédération allemande de l’acier.
Le compartiment le plus dynamique des matières premières reste celui des céréales. Le prix des grains (maïs, blé, soja) est fortement tiré par le développement de l’industrie des carburants verts. La Chine est devenue le troisième producteur mondial d’éthanol et de biocarburant, rappelle Olivier Reymondon. La hausse des prix des céréales se transmet à l’élevage via la hausse des coûts de production. Résultat, l’essentiel de l’accélération de l’inflation en Chine s’explique par la hausse des prix alimentaires. Un bémol toutefois pour le maïs, qui a connu une excellente récolte 2007-2008 aux Etats-Unis contrairement à l’Europe, l’Ukraine et l’Australie. Enfin, les matières premières agro-industrielles ne sont pas en reste. Le caoutchouc bénéficie toujours de l’envolée des cours pétroliers et du développement du parc automobile asiatique, fortement consommateur de cette matière première.

Philippe Wenger

Source: Investir Hebdo n°1762 du 12/10/2007

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