Comment l'aurit dit Jean Gabin (Securibourse)
Je sais que je ne sais pas... ou plutôt que je ne comprends pas...
La parole est donnée cette semaine à Marc Fiorentino, président d'Euroland Finance.
Il existe une règle, dor mais non écrite, parmi les professionnels des marchés qui consiste à se sentir une obligation de trouver une explication à tout, tout de suite. Même sil nen existe pas. Même si on doit dire le contraire de ce quon a dit précédemment. Même si on doit renier ses convictions profondes. En se basant sur un dogme : « Le marché a toujours raison ». Si le marché a toujours raison et quon ne veut ni avoir tort, ni donner limpression de ne pas être professionnels, on a réponse à tout. « Pourquoi le Dow Jones est à son plus haut historique alors que limmobilier aux Etats-Unis sécroule > Cest normal car si léconomie sécroule, la FED va baisser ses taux et ça cest bon pour les actions ! » « Pourquoi le CAC monte til alors que le dollar baisse > Cest normal car si le dollar baisse, cest favorable aux actions américaines et ce qui est favorable aux actions Américaines est favorable aux Actions Françaises ». Du tac au tac. Et je pourrais citer des dizaines dexemples , et faire même « un petit guide des explications a posteriori ».
Mais avec plus de 25 ans dexpérience sur les marchés, je revendique le droit de dire que je ne comprends pas ce quil se passe. Non. Il ny a pas dexplication à tout. Pas de vraie explication. Non. Avec une économie américaine au tapis, un dollar en déroute, des matières premières agricoles au prix de lor lui-même à un niveau record, un pétrole à un cours de choc pétrolier, une Chine en surchauffe, des marchés du crédit en lambeaux, des banques en équilibre instable et des déséquilibres commerciaux abyssaux, je ne peux pas, sans trahir mes convictions, prétendre quil est normal que les marchés dactions montent.
On me rétorque que les grandes valeurs sont à des cours relativement bas par rapport aux prévisions de résultats... je réponds que les espoirs de résultats futurs sont déconnectés de la réalité. On mexplique que la croissance mondiale peut se passer momentanément de la croissance américaine grâce à la nouvelle puissance des pays émergents et surtout de la Chine, je ne peux mempêcher de penser que la Chine aujourdhui est dans une situation plus inquiétante que le Japon en 1989. On me donne encore de la « liquidité mondiale » prête à se déverser à nouveau sur les marchés, je réponds que la crise de cet été nest pas finie. On me parle de nouvelles corrélations, de « nouvelle économie », je réponds que ce sont les arguments quon avançait en 1999.
Je suis fier de vous dire aujourdhui que je ne comprends pas. Pour paraphraser Jean Gabin « ce que je sais aujourdhui, cest que je ne sais pas ». Et comme le dit Warren Buffet, qui avait une étiquette de « has been » pendant la bulle internet, il ne faut investir que quand on comprend et dans ce que lon comprend.
Le marché a toujours raison. Cest vrai. Dans ce cas, je préfère ne pas être dans le marché. Je ne comprends pas, donc je ninvestis pas.
Comment l'aurit dit Jean Gabin
16-01-2004
Marc Fiorentino
Président d'Euroland-Finance
« Nous anticipons une légère baisse du Cac 40 cette année »
Un avis qui tranche avec le consensus ! Marc Fiorentino, le président d'Euroland-Finance, confie à investir.fr ses prévisions pour l'année boursière 2004. A contre-courant du marché, il voit le Cac 40 stagner, voire reculer, en 2004 pour finir l'année autour des 3.500 points.
Comment voyez-vous l'année boursière 2004 >
Il existe actuellement un très fort consensus pour voir le Cac 40 progresser de 10% à 15% en 2004, soit un objectif de l'ordre de 4.000 points. Nous sommes prêts, pour notre part, à prendre le contre-pied de cette tendance, en visant au contraire une baisse modeste de l'indice, un peu en dessous de ses niveaux de fin 2003, vers les 3.500 points. En revanche, il est fort probable que le mouvement de hausse se poursuive en cette première partie de l'année. Le Cac 40 pourrait ainsi monter au-dessus de la barre des 4.000 points au cours de ce premier semestre.
Ensuite, les investisseurs devraient se focaliser sur les perspectives affichées pour 2005. Et les risques de dérapage sont réels. En 2005, année post-électorale aux Etats-Unis, la problématique sur les taux d'intérêt devrait être au centre des préoccupations. Attention également à cette bulle actuellement naissante dans les pays émergents, et notamment en Chine. La moindre mauvaise nouvelle en provenance de cette zone pourrait avoir un impact négatif. S'il existe un dossier Parmalat en Italie, on pourrait très bien déceler de telles affaires dans ces pays moins bien structurés.
Et puis attention aux niveaux de valorisation, que nous jugeons plus que corrects aux Etats-Unis. Il ne faut pas oublier que le Dow Jones n'est qu'à 15% environ de son plus haut historique. Compte tenu de la corrélation des marchés, je ne vois pas comment les indices européens pourraient tirer leur épingle du jeu.
Comment l'aurit dit Jean Gabin
» Je sais que je ne sais pas... ou plutôt que je ne comprends pas...
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» La parole est donnée cette semaine à Marc Fiorentino, président d'Euroland
» Finance.
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» Il existe une règle, dor mais non écrite, parmi les professionnels des
» marchés qui consiste à se sentir une obligation de trouver une explication
» à tout, tout de suite.
Il y a une autre règle d'or (ainsi qu'un nombre d'or), c'est que baisse et hausse ne sont jamais certaines et que krachs ou pétées de hausse arrivent toujours quand on ne les attend pas
Et pour faire un résumé de cette période croquignolesque : avec tous ces sons de cloches à vous filer le bourdon il fallait que je tire la sonnette d'alarme. Je suis donc digne d'un don.