La Fed au secours de l'économie américaine (Securibourse)

par jacopini, samedi 18 août 2007, 11:25 (il y a 6303 jours)

Pour bobo et les autres
D.


La banque centrale américaine a réduit son taux d'escompte hier pour enrayer la crise du marché du crédit.

LES SITUATIONS de crise appelant les grands moyens, la banque centrale américaine (Fed) a réduit hier son taux d’escompte de 50 points de base, à 5,75>%. C’est à ce prix que les banques pourront emprunter de l’argent en dernier ressort auprès de la Fed si elles ne parvenaient plus à se financer normalement sur le marché interbancaire, où le taux d’intérêt Fed funds reste, lui, inchangé, à 5,25%.

Par ailleurs, la Fed a étendu à trente jours (éventuellement renouvelable) ses habituelles opérations de prêts quotidiennes («overnight»), le tout dans le but d’offrir aux emprunteurs «une plus grande assurance sur le coût et la disponibilité des sources de financement».

Ce double geste a réduit d’un coup les craintes d’un assèchement du marché du crédit qui montaient depuis quelques jours. Il a fait rebondir les actions européennes et américaines, notamment les valeurs bancaires, même si le commentaire dont la Fed a assorti son intervention a de quoi préoccuper les opérateurs. «Même si l’économie continue de croître à un rythme modéré… les risques pour la croissance se sont nettement accrus», affirme ainsi la banque centrale de la première puissance économique mondiale.

Identifier les risques
Les marchés y ont lu l’annonce d’une possible baisse du taux des Fed funds lui-même, dans les prochains jours, si la situation restait tendue, ou bien lors de la prochaine réunion du comité de politique monétaire, le 18 septembre.

Le président de la Fed, Ben Bernanke, qui traverse sa première tempête à la tête de l’institution monétaire, a en tout cas choisi de passer la vitesse supérieure, pour ramener le calme sur des marchés toujours déboussolés par leur propre incapacité à identifier l’ampleur et la localisation des risques liés aux «subprime». Jusqu’à présent, Washington s’était contenté d’injecter des liquidités par le biais de ses prises en pensions au jour le jour –ce qu’elle a encore fait hier – soit quelque 95 milliards de dollars depuis le 9 août. Non seulement la baisse du taux d’escompte interrompt un cycle de trois ans de hausse, mais il s’agit du premier geste de la banque hors de ses réunions normales depuis les attentats du 11 Septembre. Jeudi encore, le président de la Fed de Saint-Louis, William Poole, cité par l’agence Bloomberg, estimait que la crise des crédits «subprime» ne menaçait pas l’économie américaine et que seule une «calamité» pouvait justifier une baisse des taux d’intérêt aujourd’hui.

Resserrement du crédit
Mais sur des marchés perturbés, les comportements sont largement affaire de psychologie. En s’affichant prête à refinancer les banques à un taux proche du taux interbancaire, la banque centrale veut les inciter à poursuivre leurs opérations de crédit, carburant indispensable à une économie américaine très endettée. La Fed le reconnaît elle-même, «la hausse des incertitudes et le resserrement des conditions de crédit» provoqués par la crise financière «ont la capacité de freiner la croissance à venir». D’ores et déjà, la déprime du marché immobilier – chute des mises en chantier, baisse des transactions – a coûté un point de croissance aux États-Unis l’an dernier. Alors que l’économie du pays a pratiquement stagné au premier trimestre, la crise financière compromet le rebond enregistré au printemps. Non seulement les prix immobiliers pourraient reculer de 2% cette année et de 4% l’an prochain, estime Fannie Mae, le spécialiste américain du marché hypothécaire, mais la chute de la Bourse appauvrit aussi les actionnaires, très sensibles à l’effet richesse outre-Atlantique.

Le spectre de 1987
L’indice de confiance des consommateurs calculé par l’université du Michigan a chuté de 7 points en août, selon une estimation préliminaire. Alors que la consommation représente environ 70% de la croissance aux États-Unis, il est indispensable que les banques continuent de financer les ménages et, pour se faire, que la confiance revienne.
La première réaction des marchés hier laisse penser que les opérateurs n’ont pas vu dans la baisse du taux d’escompte l’aveu d’une panique grandissante au sein de la Fed. «Comme en 1987, les banques centrales ont la capacité de ramener le calme si elles se montrent prêtes à financer les emprunteurs solvables», estime Thomas Meyer, chef économiste Europe chez Deutsche Bank. Dans la matinée, le refus de Berlin de convoquer la réunion extraordinaire des pays membres du G7, souhaitée par Nicolas Sarkozy, avait déjà été interprété comme une volonté de calmer le jeu.

Muriel Motte. Publié le 17 août 2007

Les histoires d'Oncle NT, pour instruire vos enfants!

par Bobo, samedi 18 août 2007, 13:00 (il y a 6303 jours) @ jacopini

Fil RSS du sujet
powered by my little forum