La Bourse de Paris chute de 3,26% et passe sous les 5.300 po (Securibourse)
PARIS (Reuters) - La Bourse de Paris a amplifié ses pertes jeudi, enfonçant d'importants seuils graphiques alors que l'impact de la crise du marché du "subprime" américain ne cesse de s'élargir, touchant notamment fortement les marchés boursiers des pays émergents jusqu'ici relativement épargnés.
Le CAC 40, qui a enfoncé dans la journée les 5.400 points puis les 5.300 points, a clôturé sur une perte de 3,26% à 5.265,47 points.
L'indice termine près de son plus bas du jour de 5.263,15 points (-3,3%), affecté en fin de journée par l'accélération des pertes des marchés américains (-1,4% à -1,5% pour le Nasdaq composite, le S&P 500 et le Dow Jones).
L'indice parisien porte ainsi à 14,63% ses pertes par rapport à son plus haut de l'année de 6.168,15 points du 1er juin dernier et à 4,99% ses pertes depuis le début de l'année.
Les volumes ont très été étoffés, sans commune mesure avec les échanges d'un mois d'août, totalisant près de 13 milliards d'euros dont 8,5 milliards sur les seules valeurs du CAC.
Le seuil des 5.300/30 points constitue, selon les analystes graphiques, un seuil technique majeur qui marque la sortie par le bas du canal haussier dans lequel se trouvait le CAC depuis mars 2003.
Les autres grandes places européennes ont également subi de fortes pertes, Londres abandonnant 4,1% et Francfort 2,36%.
L'EuroStoxx 50, qui a encore perdu plus de 120 points (-2,89%) à 4.062,33 points après avoir enfoncé la veille le bas du canal haussier intermédiaire amorcé en juin 2006, a encore à effacer quelque 130 points avant de venir tester cette même résistance majeure, située autour de 3.935, représentant le bas du canal haussier amorcé en mars 2003.
"Les analystes fondamentaux nous disent que les marchés boursiers sont peu chers, que les fondamentaux sont solides, que les résultats des sociétés sont bons. Mais après il y a la psychologie des investisseurs. Ils savent qu'il ne faut pas être le dernier à appuyer sur le bouton", commente un analyste technique.
"Il a désormais le risque que les marchés soient confrontés au plus fort durcissement des conditions financières connu depuis très longtemps" en conséquence notamment de l'effondrement de l'appétit des investisseurs pour le risque, soulignent pour leur part les stratèges obligataires de Crédit suisse, en ajoutant que cela peut "devenir très dangereux pour l'économie réelle".
Reflet de cette crise de liquidités, Countrywide Financial, le numéro 1 américain du crédit hypothécaire, a déclaré en début de journée qu'il tirait sur la totalité d'une facilité de crédit de 11,5 milliards de dollars pour accroître sa liquidité, le secteur du crédit immobilier ayant actuellement des problèmes pour se refinancer. Countrywide a par ailleurs annoncé le durcissement de ses conditions d'octroi de prêts.
LES PAYS EMERGENTS TOUCHES
La journée a été marquée par un approfondissent de la crise provoquée par le marché du "subprime" américain. Les marchés émergents, jusqu'ici relativement immunisés ont ainsi décroché. En Asie, la Bourse de Séoul a chuté de 6,93%, la devise sud-coréenne reculant pour sa part à des plus bas depuis cinq mois face au dollar, la Bourse de Singapour a perdu 3,7%, sa plus forte baisse depuis septembre 2001 et celle de Taiwan 4,56%. En Amérique latine, la Bourse de Mexico perdait plus de 3% à la clôture européenne et celle de Sao Paolo plus de 5%.
Le débouclement des opérations dites de "carry trade", consistant à emprunter en des monnaies à faible taux pour financer des placements dans des actifs à plus fort rendement mais plus risqués, s'est par ailleurs fortement accéléré, provoquant une envolée du yen, contre dollar notamment, et par contrecoup une forte baisse de la Bourse de Tokyo (-1,99% après -2,19% la veille).
Pour Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis Asset Management, la phase de correction n'est pas terminée et la crise de confiance qui ébranle les marchés financiers risque de s'aggraver faute d'une intervention concertée des banques centrales sur leurs taux directeurs.
"L'apport de liquidité n'est plus suffisant. Il faut changer les repères. Je pense maintenant que seule une intervention concertée des banques centrales sur les taux directeurs peut enrayer le mouvement de défiance", estime-t-il.
ENVOL DE LA VOLATILITE
En attendant, la volatilité des marchés boursiers s'est envolée, l'indice Vix du CBOT, considéré comme l'indice de la peur à Wall Street, bondissant de plus de 8% à plus de 33, des niveaux inconnus depuis mars 2003.
Les investisseurs se sont du coup précipités sur les emprunts d'Etat, provoquant une chute de plus de 6 points de base du rendement à 10 ans en Europe à 4,247% et de plus de 7 points de base du même rendement aux Etats-Unis à 4,653%.
Les statistiques du jour ont par ailleurs montré que la crise immobilière s'aggravait outre-Atlantique avec les mises en chantier qui ont dégringolé de 6,1% et des permis de construire qui ont reculé de 2,8% en juillet pour tomber à leur plus bas niveau depuis plus d'une décade.
Tous les indices sectoriels ont terminé dans le rouge en Europe. Le secteur des produits de base a chuté de 7,28% alors que les prix des matières premières baissaient fortement de crainte que la crise actuelle n'affecte la croissance mondiale.
Les mêmes inquiétudes ont pesé sur les cours pétroliers, le cours du brut léger américain perdant plus de 3,5% à 70,68 dollars, et par ricochet sur les majors, TOTAL reculant notamment de 4,24%. L'indice DJ Stoxx des pétrolières a reculé de 4,45%.
Les moins mauvaises performances sectorielles ont été le fait des services aux collectivités (-2,48%) et des pharmaceutiques (-2,09%), des secteurs défensifs.
Les investisseurs ont pareillement privilégié les valeurs défensives au sein du CAC 40 comme L'OREAL (meilleure performance de l'indice avec une perte de 1,06%), FRANCE TELECOM (-1,34%) ou encore ESSILOR INTERNATIONAL
(-1,6%).
Les bancaires, toujours en baisse, ont eu, elles, tendance à surperformer le marché à Paris, DEXIA ne reculant que de 1,54%, SOCIÉTÉ GÉNÉRALE de 2,06%, CRÉDIT AGRICOLE de 2,01% et BNP PARIBAS de 3,09%.
VALLOUREC et ARCELOR-MITTAL, plus fortes baisses du CAC 40, ont chuté de 7,93% et 6,28% respectivement.
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