Quimporte le flacon... pourvu quon ait livresse (Securibourse)
Eric Galiegue - analyste chez Valquant, le 10/04/07 à 15:00
Le bon mot dAlfred de Musset pourrait bien sappliquer aux marchés de cette première partie dannée. Lintensité de livresse ne dépend pas de la qualité du flacon. Finalement, ce qui compte, cest que les marchés montent ! Economistes et analystes financiers, dont nous sommes, préfèrent que la hausse soit gouvernée par les bénéfices des entreprises ou par la croissance saine de léconomie, et non par labondance des liquidités générée par des déséquilibres macro-économiques. Pourtant le résultat est le même : des indices qui montent, et dépassent leurs plus hauts de lannée.
Dailleurs, la configuration devient très étonnante : tout monte... leuro, les taux, les matières premières, les actions, mêmes chinoises. Où sont donc ces vendeurs qui se débarrassaient de leurs titres dans le mouvement de panique de la fin février >
LEuro monte, notamment parce que léconomie européenne retrouve une dynamique qui étonne. Le redressement de lAllemagne, qui profite de son positionnement international remarquable, nest pas étranger à ce phénomène. Par ailleurs, le phénomène immobilier contribue encore beaucoup à la croissance retrouvée en Europe continentale, que ce soit en Espagne ou en France : certains économistes estiment que plus de la moitié de la croissance française de lannée dernière est imputable à limmobilier, à la construction et aux dépenses daménagement de la maison !
Les taux montent parce que la conjoncture est favorable, et parce que linflation est plus probable aujourdhui quil y a 1 ou 2 ans. Quoi de plus normal > Le taux dutilisation des capacités de production reste élevé aux USA, et de plus en plus dentreprises éprouvent des difficultés à embaucher, même en France. Les taux obligataires européens sapprochent des 4,2% en Europe : cest peu éloigné des plus hauts de lannée dernière, et ils viennent de monter de 30pb en quelques semaines. Ils pourraient sapprocher de la forte résistance des 4,5% assez rapidement.
Le pétrole monte, malgré lheureux dénouement de lincident diplomatique entre lAngleterre et lIran. Cest la "driving season" et la "cooling season" qui aujourdhui font monter le pétrole, pas (plus) la "heating seson"... Le baril valait jeudi 64$, après avoir atteint 68$ récemment. Lor noir est passé par 50$ à la fin de lannée dernière...
Les matières premières industrielles montent, et la formation dune bulle sur cet actif est maintenant évidente, de lavis même des plus grands spécialistes. On a aujourdhui, par exemple, beaucoup de mal à comprendre comment le cours du cuivre a pu rebondir aussi fortement alors que la hausse de la production depuis un an a dépassé la hausse de la consommation. La constitution de stocks par la Chine est une des raisons qui pourrait lever ce paradoxe. La poursuite des achats par certains fonds dinvestissement, dans le cadre de stratégies "global macro" en est une autre...
Les actions montent : la consolidation de fin février, qui a pris la forme dune chute hystérique, est maintenant oubliée.
Le marché aurait il déjà digéré un phénomène qui a dégénéré en récession à chaque fois quil sest réalisé > Cest possible, et le voilà déjà prêt à franchir dautres étapes de hausse.
La gravité du sujet nous amène à prôner une certaine prudence, et à considérer que dans le meilleur des cas cest le dollar qui va souffrir.
Nous profitons donc de la bonne tenue des bourses pour réduire les allocations actions, et revenir sur une pondération neutre.
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jean-marie