"L'immobilier craque... " Oula... (Securibourse)

par The Bull @, Guinée, vendredi 16 mars 2007, 10:00 (il y a 6456 jours) @ mareva

Je me permet d'anticiper sur les éventuelles demandes pour poster la note de Francheteau, instructive...

"L’immobilier américain craque et le désordre des changes en Asie multiplie les risques Après le décrochage brutal des marchés, dû aux corrections des excès de la bourse de Shanghai, nous sommes rentrés clairement dans une période de consolidation qui pourrait durer de longs mois. Nous sommes confrontés à un mécanisme classique d’éclatement de bulle spéculative provoquée par une extraordinaire abondance de liquidités, fruit de la surchauffe économique chinoise. Parallèlement à cette prise de conscience, le marché prend acte également que le ralentissement américain s’avère
beaucoup plus prononcé que prévu. En Europe, nous avons jusqu’ici vécu dans l’illusion d’une reprise économique portée par la consommation. Mais celle-ci a été soutenue artificiellement par l’effet richesse induit par la très forte valorisation de l’immobilier. Or, après la fièvre de la pierre de 2006, de part et d’autre de l’Atlantique, nous assistons à un net ralentissement de ce secteur, qui pourrait préparer une prochaine inversion de tendance. Il est donc désormais temps de ce poser la question de savoir si cette nouvelle bouffée d’agitation et d’inquiétude des opérateurs des marchés financiers (la
seconde en moins d’un an après celle de mai 2006) est justifiée ou pas.

Allons nous connaître une normalisation, avec un retour ponctuel à l’aversion au risque, après les excès commis par l’abondance de liquidités, ou sommes-nous à la veille d’une franche inversion de cycle et d’une crise financière majeure > Le haut niveau des cours du pétrole et des matières premières pourrait laisser croire à l’observateur non averti que la croissance mondiale reste solide. Le rebond de la croissance européenne de la fin 2006 pourrait également entretenir cette illusion. Mais, nous préférons analyser de près 2
phénomènes qui nous paraissent plus pertinents : d’une part la crise immobilière américaine et d’autre part, le désordre profond des changes mondiaux. La baisse de régime de l’économie américaine est désormais une évidence, puisque sur les 2 derniers trimestres, la croissance du PIB est désormais sur un rythme de 2% l’an (au lieu de 3,3% publié en 2006 et 3,2% en 2005). La correction de l’investissement résidentiel a été assez sévère. Elle est confirmée par la rechute des mises en chantier qui annonce des menaces sur certains fournisseurs financiers de la construction. En effet, la faillite
programmée de New Century, le spécialiste américain du crédit immobilier, risque d’engendrer une onde de choc sur le secteur. Déjà, son rival Accredited Home Lenders a perdu 60% en Bourse en une séance. Le taux de défaut des emprunteurs n’a jamais été aussi haut depuis quatre ans. Ce phénomène est à mettre en parallèle avec un taux d’épargne négatif des ménages de –1,2% en janvier, alors que la consommation reste forte. Et si c’étaient les premiers signaux d’une fin de cycle qui s’amoncellent > Les
effets dérivés de ce déclin de l’immobilier sur l’ensemble de l’économie peuvent être plus rapides que prévus. Les premières statistiques décevantes sont déjà là, notamment sur le niveau de commandes de biens durables en dégradation et sur l’indice des ventes de détail de février inférieur aux attentes. La FED va être contrainte de desserrer ses taux sans doute plus vite que prévu dès 2007. Le second point qui nous semble inquiétant
concerne le désordre des monnaies des pays émergents, de la zone Asie. Les hauts niveaux actuels de la roupie indienne et du bath thaïlandais constituent des facteurs de risques à garder en tête. Ces niveaux de change ne sont pas supportables longtemps par les économies locales et provoquent des déséquilibres sérieux de balances commerciales. C’est exactement ce qui avait déclenché la crise asiatique le 1er juillet 1997 avec la crise du bath thaïlandais qui avait entraîné toute l’économie mondiale. Et en Chine, nous assistons à la situation extrême inverse, à savoir, un yuan très sousévalué,
qui peut entraîner un risque équivalent pour les économies développées. Après
une progression de 35% des exportations en dollars en décembre 2006, la Chine génère encore une croissance de ses exportations à deux chiffres au point que les excédents commerciaux de février 2007 atteignent 434 milliards de dollars en rythme annualisé ( à comparer à une moyenne de 200 milliards les années précédentes). Ainsi, avec déjà plus de 1 000 milliards de réserves accumulées, la Banque centrale chinoise se met désormais à investir en direct dans des actifs réels, ce qu’aucune autre banque centrale au monde ne s’autorise. Elle se lasse sans doute de transformer ses excédents en bons
du trésor américains et s’apprête enfin à réaliser son rêve ; celui de s’approprier l’accès aux ressources naturelles qui lui ont fait tant défaut jusqu’à présent. C’est d’ailleurs dans ce but qu’elle s’est ouverte au monde. Dans ce contexte, nous recommanderons de rester prudents à court terme, sans pour autant remettre en cause notre scénario global (cf : dernière lettre stratégie)

Guy Francheteau


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