la bourse chinoise et les mauvais chiffres US... (Securibourse)
Hugues de Montvalon, Oddo
Commentaires sur la bourse chinoise et les mauvais chiffres US : pas de panique !
La chute du marché chinois de 9% était à prévoir
A l'image de l'économie chinoise, le marché boursier chinois est opaque, peu réglementé, et certainement pas efficient. Il n'est donc pas surprenant qu'il connaisse un accident de cette ampleur d'autant qu'il avait fortement progressé en 2006 (+125% pour le Shanghai Composite).
La crise boursière chinoise est-elle susceptible de faire tache d'huile >
Non
Tout le monde a en tête les précédents de 1997 (crise asiatique), 1998 (crise russe), 2002 (Enron). Il nous semble que la meilleure référence est la crise boursière de 2006 qui a vu les Bourses des pays du Golfe dévisser de quelques 20%. La problématique chinoise est un peu la même : un excès de cash qu'on investit dans des marchés où la gouvernance, disons, laisse à désirer. À la différence des pays asiatiques à la fin des années 90, la Chine n'est pas endettée. Les entreprises débordent de cash, les ménages croulent sous l'épargne et la Banque de Chine (donc le gouvernement) est assis sur un Himalaya de réserves de changes ( > 1000 milliards de dollars).
L'impact économique de la crise boursière des pays du Golfe fut nul. Il en sera sans doute de même pour ce qui pourrait devenir la crise chinoise. Le problème de la Chine, c'est l'excès d'épargne. Une manière de liquider ce problème est de développer une bulle financière qui, lorsqu'elle éclate, siphonne ces excès. En ce sens, la baisse de la bourse chinoise n'est peut-être pas une mauvaise chose. Sinon, le fond de l'histoire économique chinoise, c'est quoi > C'est la convergence. Et ce n'est pas une crise boursière qui remettra en cause ce processus.
Les mauvais chiffres U.S. ne doivent pas surprendre
Inutile de le nier : les chiffres des commandes de biens durables sont calamiteux. Recul de 7.8% de janvier sur un mois de la statistique principale ; baisse de 6% des commandes de biens d'équipement civils hors aéronautique : tout est mauvais. L'ampleur de la baisse est d'ailleurs étonnante, trop étonnante pour être fiable. Mais bon, nous savons tous que les séries économiques sont volatiles. Elles le sont d'autant plus dans la période actuelle marquée par une forte incertitude. Au mois de novembre, tout le monde criait à la catastrophe et pariait sur la baisse des taux de la Fed. Au mois de janvier, tout le monde discourait sur la sortie de crise de l'immobilier U.S. et la prochaine hausse des taux de la Fed. Au mois de mars, la roue peut tourner de nouveau et on pourrait avoir de mauvaises surprises notamment lors de la publication de l'ISM (jeudi 1er mars) et des chiffres de l'emploi (vendredi 9 mars).
Sur le fond, nous réitérons notre diagnostic : l'économie U.S. traverse une zone de turbulences liée à l'immobilier. La croissance du PIB de 3,5% survenue au mois de décembre nous a toujours paru suspecte et en tout cas non reconductible. Nous avons une prévision de croissance de 2% pour 2007. Pour les États-Unis, cela constitue un net ralentissement.
Le risque de récession existe, mais reste minoritaire
Greenspan a évoqué un risque de récession pour les États-Unis fin 2007. Pourquoi pas > Mais Greenspan reste un être humain qui peut se tromper comme tout le monde. Il ne dispose pas d'informations privilégiées qui échapperaient au commun des mortels. Cela dit, il est évident que lorsque la croissance U.S. tourne autour de 2%, le risque de récession est plus important que lorsqu'elle atteint 4%. Encore une fois, nous restons sur notre analyse de départ : le choc immobilier ralentit la croissance mais n'est pas suffisamment fort pour provoquer une récession. D'ici la fin de l'année, il peut néanmoins se produire des événements qui pourront modifier notre point de vue ; mais aujourd'hui nous n'avons pas de raisons de modifier notre analyse.