Puisque nous sommes en période électorale et que nos hommes et femmes politiques deviennent soudainement si prompts à condamner et conspuer, il me paraît utile de porter le débat sur quelques chiffres éloquents qui, au fond, en disent bien plus que bien des discours parmi les plus séduisants.
Parlons ainsi un peu de la redistribution qu’opère Acadomia. Nous aurons une idée plus précise sur son éventuelle nocivité sociale ou bien plutôt son contraire.
Pour cet exemple, je prends les derniers résultats publiés et je néglige la part des résultats due aux activités d’entretien de la maison pour les assimiler à celle, largement majoritaire, de soutien scolaire. Cette erreur ne modifiera pas la portée de l’exemple. Je souligne encore que les chiffres dont il est fait cas ici ne concernent que les agences détenues en propre et excluent l’activité des franchisés

Pour un volume d’affaires de 86,6 m€ Acadomia a payé :
-env. 4,8 m€ de TVA (au taux réduit de 5,5%)
-env. 50,4 m€ pour rémunérer les professeurs et assurer leur couverture sociale
-env. 11,4 m€ pour rémunérer ses salariés et assurer leur couverture sociale
-env. 11,5 m€ pour ses achats et charges diverses
-env. 0,6 m€ d’impôts et taxes divers
-env. 2,1 m€ d’impôt sur les sociétés
Au total Acadomia a reversé :
-7,5 m€ directement à l’Etat
-61,8 m€ pour rémunérer ses différents collaborateurs (dont 20 à 25 m€ aux organismes sociaux de l’Etat)
-11,5 m€ dans l’économie française par ses dépenses diverses.
Aussi Acadomia participe à la prospérité sociale en participant globalement au cycle économique à hauteur de 80,8 m€

Imaginons maintenant la suppression des avantages fiscaux et le rehaussement du taux de la TVA. Le VA d’affaires probablement baisserait d’au moins 35% (je prends ce pourcentage pour l’exemple). Les résultats probablement seraient négatifs et il n’y aurait plus d’impôt sur les sociétés. Quelques lignes du résultat baisseraient. Nous aurions quelquechose de ce genre :
-VA : 56 m€
-env. 11 m€ de TVA
-env. 25 m€ pour rémunérer les professeurs et assurer leur couverture sociale
-env. 9 m€ pour rémunérer ses salariés et assurer leur couverture sociale
-env. 5m€ pour ses achats et ses achats et charges diverses
-env 0,5 m€ d’impôts et taxes diverses
-0 m€ d’impôt sur les sociétés.
Au total Acadomia reverserait :
-11,5 m€ directement à l’Etat
-34 m€ pour rémunérer ses différents collaborateurs (dont 15m€ aux organismes sociaux de l’Etat)
-5 m€ dans l’économie française par ses dépenses diverses.
Aussi voit-on immédiatement les effets d’une telle politique. La part de l’Etat serait accrue. En contrepartie Acadomia emploierait moins de personnes et participerait moindrement au cycle économique à hauteur de 50 m€.

Bien évidemment, Acadomia aurait beaucoup de mal à survivre à de telles conditions et on peut imaginer qu’à terme qu’elle doive cesser ses activités, nous aurions alors :
-impôts divers : 0€
-rémunération des collaborateurs et salariés : 0€
-participation au financement de l’économie : 0€

Bien évidemment toutes les entreprises privées de soutien scolaire seraient réduites à même enseigne.
Ce ne serait socialement pas bien grave si en outre nous n’aurions :
-augmentation du nombre de chômeurs et de travailleurs précaires (salariés licenciés, professeurs ayant plus de difficulté à retrouver une activité au noir)
-augmentation des prestations sociales versées par l’Etat (c'est-à-dire le contribuable) pour assurer un revenu (rmi, chômage) à des personnes désormais sans activité
-absence de financement des retraites.

Ceci encore ne serait pas bien grave puisque l’idée d’une école juste vaut bien quelques légers sacrifices. L’Egalité au moins serait sauve.
C’est sans compter sur le comportement des individus. Croyez-vous seulement que le soutien scolaire disparaîtrait > Point du tout. Ce n’est pas les quelques heures de soutien collectif gratuit en cours de semaine qui feront changer quoique ce soit. Croyez-vous sincèrement à l’attractivité de tels cours pour les clients des entreprises de soutien > J’en doute fortement. Aussi les parents continueraient à rechercher des enseignants. Cette tendance est vouée à perdurer et plus encore à croître tant la société devient chaque jour plus incertaine et précaire. Aussi le soutien scolaire continuerait et de plus belle mais au noir. Nous y gagnerons la bonne conscience. Et en sus la précarisation des enseignants employés au noir (c'est-à-dire encore et toujours la jeune génération puisqu’il s’agit surtout d’étudiants). Absence donc de financement des retraites et de la protection sociale (pour les salariés et collaborateurs), augmentation des charges sociales à payer par l’Etat et participation à la précarisation de la jeunesse. Programme idéal ainsi que nous la propose dogmatiquement nos amis socialistes. Car à la fin nous aboutirions à la société juste, celle de l’égalité et de l’égalitarisme. Tous sont pauvres, tous sont tristes mais surtout tous sont égaux. Au moins personne ne souffre de l’envie et de la convoitise. Passions malsaines, s’il en est, mais si déterminantes dans cette société injuste !

Cette diatribe virulente vise à choquer. A n’en pas douter, même Ségo renoncerait à ce programme assassin tant il est vrai que quelquefois les chiffres valent mieux que bien des discours édifiants.

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Graham