les Echos de ce jour : Pfizer : on parle de Nicox
Mardi 5 décembre 2006
Industrie
Pharmacie
Pfizer perd en Bourse plus de 20 milliards de dollars
[ 05/12/06 ]
Après l'échec du développement d'un anticholestérol prometteur, le numéro un mondial de la pharmacie pourrait multiplier les acquisitions afin de combler ce vide dans son portefeuille de produits en développement.
L'industrie pharmaceutique mondiale a pris de plein fouet hier l'onde de choc déclenchée samedi par Pfizer, le numéro un mondial du secteur. En annonçant qu'il mettait fin au développement d'un médicament anticholestérol prometteur en raison de ses effets secondaires cardio-vasculaires (« Les Echos » d'hier), l'américain a déclenché une effervescence boursière qui a touché beaucoup d'autres laboratoires. L'action Pfizer cédait 11 % hier à mi-séance à Wall Street. En quelques minutes, plus de 20 milliards de dollars de capitalisation sont partis en fumée. Pfizer perdait quatre places dans le palmarès mondial des plus fortes valorisations, tombant au 16e rang. Le laboratoire est désormais dépassé par Procter & Gamble, Johnson & Johnson, Wal-Mart et AIG. L'agence Moody's envisage même de dégrader la note du laboratoire, qui est actuellement au niveau le plus élevé possible (Aaa).
L'arrêt des essais cliniques sur le torcetrapib laisse un énorme trou dans le portefeuille de produits en développement de Pfizer : les analystes attendaient au moins 15 milliards de chiffre d'affaires par an pour le torcetrapib. Ce produit devait prendre le relais d'un anticholestérol plus ancien, le Lipitor, qui perd la protection de son brevet en 2011. Vendu en France sous la marque Tahor, le Lipitor est le premier médicament au monde et assure aujourd'hui à Pfizer plus du quart de ses revenus.
Le torcetrapib devait être la première molécule d'une nouvelle catégorie thérapeutique, les inhibiteurs de la protéine CETP. Il visait à augmenter le niveau du « bon » cholestérol (HDL), diminuant ainsi le risque d'accidents cardio-vasculaires. Son échec est une bonne nouvelle pour les anticholestérols qui sont sur le marché aujourd'hui, comme le Crestor du britannique Astra- Zeneca ou encore Vytorin et Zetia, des américains Merck et Schering-Plough. « Un concurrent potentiel du Crestor disparaît », note Morgan Stanley.
L'impact est moins certain pour les produits de la même classe thérapeutique que le torcetrapib, en développement dans les laboratoires de Merck, Roche et Bayer. Même si ces molécules n'ont pas démontré les mêmes effets secondaires que celle de Pfizer pour l'instant, la suspicion va s'installer. Les autorités sanitaires risquent de demander des essais cliniques supplémentaires pour l'ensemble de la catégorie des inhibiteurs de la CETP. Autre effet indirect de cet échec, les titres de petits laboratoires considérés comme des cibles d'acquisition ont fortement progressé. Pour compenser la chute de revenus prévue après 2011, « Pfizer pourrait déclencher une vague d'acquisitions », estime Morgan Stanley. Même point de vue chez UBS : « Pfizer devrait chercher à acquérir des licences de produits en développement de façon plus soutenue, et aussi envisager des acquisitions. » Les sociétés de biotechnologies, cibles privilégiées des laboratoires en quête de croissance, sont concernées au premier chef. Le français NicOx, qui a déjà noué un partenariat avec Pfizer, a progressé de plus de 9 % hier.VINCENT COLLEN
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mareva
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