JDF : Maurel
LE JOURNAL DES FINANCES - N° 6204 - 27/10/2006- PAGE 10
Les interviews
TROIS QUESTIONS AJean-François Hénin Président du directoire de Maurel & Prom
« Il serait déraisonnable de ne pas offrir à nos actionnaires le fruit du travail de la société »
Propos recueillis par Christophe Soubiran
LE JOURNAL DES FINANCES : Vous menez des négociations avec le groupe pétrolier italien Eni en vue de lui céder une partie de vos actifs congolais. Pourquoi voulez-vous procéder à une telle cession > Que comptez-vous faire ensuite de la somme récoltée en cas d'accord >
Jean-François Hénin : - Les négociations en cours avec l'Eni peuvent ou non aboutir. L'échéance a été fixée d'ici à la fin de l'année. L'objectif de cette opération consiste à agir au mieux pour préserver les intérêts de nos actionnaires. Le cours du baril de brent dépasse actuellement 60 dollars et les taux d'intérêt à dix ans se situent à des niveaux historiquement bas. Or rien ne dit que de tels niveaux perdureront dans les années à venir. Sans parler du risque de change qui entoure notre activité. Dans ce contexte, céder aujourd'hui une partie de nos activités au Congo, et notamment M'Boundi, sur la base des réserves prouvées actuelles et avec des taux d'actualisation corrects constitue selon nous la meilleure manière de capter la richesse créée depuis des années.
Il serait déraisonnable de ne pas offrir à nos actionnaires le fruit du travail de la société.
Par ailleurs, une épée de Damoclès pèse constamment sur un groupe de notre taille : celle d'une OPA hostile, qui nous sous-valoriserait. Une offre lancée sur la seule base des réserves pourrait frustrer nos actionnaires du potentiel que représente notre important domaine minier.
Bien évidemment, dans l'hypothèse d'un accord avec l'Eni, nous reverserons la majeure partie de la somme collectée à nos actionnaires sous la forme d'un dividende exceptionnel. Nous ne souhaitons conserver que le montant nécessaire pour mener à bien nos campagnes d'exploration durant trois ans.
Vous souhaitez ainsi vous concentrer dans l'exploration. Pourquoi ce retour à la case départ pour Maurel & Prom >
C'est un domaine que nous connaissons bien et dans lequel nous avons déjà fait nos preuves. Nous avons confiance dans notre capacité à reconstituer des réserves de pétrole nouvelles. Une confiance qui s'appuie sur trois éléments. Nous disposons aujourd'hui des moyens humains nécessaires pour mettre en place des campagnes d'exploration dans différents endroits du monde. Nos ingénieurs et géologues ont prouvé par le passé leurs compétences et leur savoir-faire pour développer les idées suggérées par la nature. Notre domaine minier est par ailleurs suffisamment vaste pour nous occuper durant de nombreux mois. Et nous continuons de l'étendre. Nous menons par exemple des négociations avec les autorités syriennes et gabonaises pour la signature de nouveaux permis d'exploration. Enfin, nos moyens financiers sont suffisants pour soutenir nos ambitions. Nos besoins s'élèvent en moyenne à 100 millions d'euros par an. Un montant couvert en partie par le cash-flow dégagé par notre filiale Hocol en Colombie et au Venezuela et à partir de 2008 par notre filiale gabonaise.
Notre éventuel recentrage sur l'exploration modifiera naturellement notre profil boursier. Il conférera au titre un attrait plus spéculatif. Des champs en cours de prospection, comme Vandji ou Loufika, peuvent en effet reproduire M'Boundi, notre actuel joyau. Ce qui pourrait donner au titre l'impulsion que le gisement congolais lui a procuré au début de notre aventure.
Enfin, notre nouvelle taille nous permettra de demeurer indépendants, car nous n'apparaîtrons plus sur les écrans radars des « grands prédateurs ».
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mareva