JDF : Vallourec objectif 210
LE JOURNAL DES FINANCES- N°6193-11/08/2006- PAGE11
Valeurs francaises
VALLOUREC
Salzgitter vend sa participation de 17 %.
Bruno Kus
C'est une petite bombe qu'a lâchée le groupe sidérurgique allemand Salzgitter en annonçant, lundi 7 août au soir, sa décision de vendre la totalité de sa participation de 17,2 % dans le capital de Vallourec.
L'action du tubiste français a immédiatement décroché en abandonnant 6,38 % mardi 8 août. La Deutsche Bank et Lehman Brothers, qui étaient mandatés pour écouler 70 % des actions détenues par Salzgitter, auraient vendu les titres auprès d'investisseurs à un prix compris entre 155 et 163 euros.
Pourquoi une telle précipitation de la part de Salzgitter alors que le mois d'août n'est pas le plus propice pour procéder à une telle transaction > Le sidérurgiste allemand répond qu'il souhaite conforter sa flexibilité financière pour saisir de prochaines opportunités et se recentrer sur son coeur de métier.
Le scénario paraît crédible, sachant que Salzgitter lorgne plusieurs activités dont le nouvel ensemble Mittal-Arcelor est susceptible de se séparer pour respecter les critères de concurrence établis par Bruxelles.
Salzgitter, qui devrait récupérer près de 1 milliard d'euros avec cette cession, porterait sa position financière nette à près de 1,7 milliard d'euros, soit l'équivalent du montant de ses engagements de retraite, font par ailleurs remarquer les analystes de la Société Générale.
Quoi qu'il en soit, si le moment n'est pas le plus adapté, la baisse du cours de Vallourec constitue selon nous une bonne opportunité pour renforcer la position sur la valeur, dont le potentiel nous semble intact.
Certes, la croissance du chiffre d'affaires du deuxième trimestre (+ 30,2 %) s'est légèrement ralentie par rapport à celle du premier (+ 46,4 %). Mais ce phénomène est dû uniquement à des incidents de production rencontrés dans une aciérie extérieure au groupe. La demande mondiale reste forte, ce qui permet à Vallourec d'augmenter suffisamment ses prix pour défendre ses marges face au renchérissement des coûts de production. A tel point que la direction a relevé le 27 juillet ses prévisions de rentabilité pour le premier semestre en tablant sur un résultat brut d'exploitation nettement supérieur à 26,2 % du chiffre d'affaires, c'est-à-dire le niveau atteint au cours du second semestre 2005.
Notre estimation de profit pour 2006 (900 millions d'euros) n'est capitalisée que 9 fois au cours actuel, ce qui devient très raisonnable pour un groupe qui sera totalement désendetté à la fin de l'exercice.
De quoi aiguiser certains appétits alors que le capital de Vallourec est totalement ouvert, Vincent Bolloré n'ayant pas vocation à conserver sa participation résiduelle de 6 %.
Rappelons enfin que Tenaris, le concurrent luxembourgeois de Vallourec, issu de la fusion des sociétés Siderca (Argentine), Tamsa (Mexique) et Dalmine (Italie), vient de prendre le contrôle du groupe américain Maverick Tube Corp. sur la base d'une valeur d'entreprise équivalente à 6,7 fois l'excédent brut d'exploitation attendu en 2006. En appliquant ce même critère à Vallourec, sa valorisation théorique ressort à 210 euros par action.
La baisse du cours est une bonne opportunité pour renforcer les positions avec un objectif minimal de 210 euros.
--
mareva