proposition de thème: les erreurs ordinaires en bourse

par Graham ⌂ @, dimanche 16 juillet 2006, 09:39 (il y a 6697 jours)

L’existence d’un tel forum boursier est incontestable. Chacun y multiplie ses avis et recommandations. Ce qui ne contribue pas peu à parfaire progressivement l’intelligence de tous sur le marché. Bien évidemment, il est nécessaire de séparer le bon grain de l’ivraie. Peu de commentaires ont plus de consistance que le vent. Cela étant, le mérite de tels forums est indéniable et il faut en remercier et les animateurs et les participants qui contribuent beaucoup à leur qualité.
L’investissement boursier cependant ne consiste pas seulement en avis d’achat, de vente, sur les divers titres existants. Ceci est l’aspect tactique de l’investissement qui consiste à découvrir puis sélectionner des titres intéressants. Deux autres aspects me paraissent considérables : la gestion patrimoniale et l’aspect psychologique. La gestion patrimoniale est l’aspect stratégique de l’investissement. Il peut se résumer succinctement en l’allocation des différents actifs proportionnellement aux objectifs visés, proportionnellement aussi à son aversion au risque et à la connaissance que nous avons des marchés et de leurs évolutions prochaines.
Je m’intéresse ici à l’aspect psychologique de l’investissement boursier qui me semble conditionner et déterminer les choix que nous faisons tant dans les parties tactique que stratégique de l’investissement. A ce titre, il me paraît à la fois opportun et judicieux de traiter plus amplement de ce sujet ici. Chacun, s’il se connaît assez bien, se convaincra aisément que la performance de ses placements résulte au moins autant sinon plus du rapport psychologique qu’il entretient au risque et de sa propension à suivre les mouvements de foule ou, plutôt à conserver un parfait sang froid et une confiance sûre en son propre jugement. Mais ce n’est pas le lieu, ici, d’autant de généralités. Plus concrètement et plus modestement, je propose à chacun de faire un bref commentaire de ces erreurs les plus courantes mais encore des plus retentissantes afin d’extraire des multiples expériences un éclaircissement utile à tous. Donc, bas à la vanité déplacée ! A la fin, et pour clore, peut-être parviendrons-nous à établir une sorte de table des erreurs communes ou extraordinaires à éviter. Du moins, la distraction présente un intérêt.
bien à vous,

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Graham

proposition de thème: les erreurs ordinaires en bourse

par crocroc, dimanche 16 juillet 2006, 14:18 (il y a 6697 jours) @ Graham

1° ne pas avoir su se constituer assez de liquidités pour profiter d'une opportunité, donc revente en vitesse d'une action ayant bien performé mais sans analyser si elle aurait pu mieux performer que la nouvelle entrante.
2° hésiter à placer des stops réguliers pour faire face à la volatilité, de peur de faire le bonheur de mon courtier

les ventes prématurées

par Graham ⌂ @, dimanche 16 juillet 2006, 17:49 (il y a 6697 jours) @ Graham

L’acte d’achat d’une action ne présente ordinairement guère de difficulté pour la plus part d’entre nous (puisque souvent elle n’est que l’effet d’un optimisme compulsif et d’un besoin d’intervenir et d’agir). Par opposition, la liquidation de cet achat présente quelques difficultés : que ce soit lorsque l’achat initial résultait d’un mauvais choix et qu’il faut limiter sa perte ou encore que ce soit quand l’acquisition était judicieuse mais que la perspective d’une plus-value certaine l’emportait sur la confiance en la conservation de ces mêmes titres.
Je traite ici de ce second point qui est mon erreur passée la plus courante. A l’époque du krach boursier, j’avais fait l’achat de plusieurs titres en déroute, persuadé que les excès commis à la hausse se reproduisaient à la baisse. J’avais une connaissance limitée des sociétés que j’achetais (ce point à une importance qui apparaîtra ultérieurement). A dire vrai, ce point ne présentait pas un inconvénient essentiel dans ce contexte précis. Les titres que j’achetais restaient largement bénéficiaires et ne souffraient que de la panique généralisée et provisoire des spéculateurs à CT et de quelques annonces légèrement inquiétantes qui étaient exagérées. La diversification, les bénéfices pérennes suffisaient à donner une assurance suffisante à mes placements. Il me suffisait de patienter que cette vague de pessimisme s’atténue pour revoir mes titres jouir de critères de valorisation plus normaux. Ce qui ne manqua pas d’arriver et plus tôt que je le crus. Ainsi, sur chacun des placements que j’avais faits, je réalisais des performances toutes supérieures à 50%, et quelques unes à 100% en environ 18 mois. C’est à ce moment que je commis à plusieurs reprises la même erreur qui était de revendre prématurément les titres acquis. Je n’avais nullement alors besoin de liquidité pour de nouveaux achats. Cependant, la revalorisation rapide de mes placements m’avait surpris. Ainsi que tout investisseur dans la valeur, je ne misais pas sur une valorisation des sociétés possédées supérieure à la normale. Je crus le moment opportun d’extérioriser mes plus values. Or il s’avéra que globalement le marché monta et je ne trouvais pas de nouvelles sociétés présentant les mêmes gages de sûreté. Je souffris donc alors d’être insuffisamment investi pendant une phase importante de hausse du marché.
Je tire les leçons suivantes :
-d’une part, l’insuffisance de connaissances sur les qualités intrinsèques d’une société, pour la même raison qu’elle provoque des achats compulsifs, a suscité chez moi des ventes compulsives dès lors que les objectifs de rattrapage des aberrations passées avaient été réalisés alors que les perspectives de ces sociétés demeuraient. Mais je les méconnaissais.
-on ne devrait revendre une action, selon l’enseignement de Philip Fisher, que dès lors que l’on s’est persuadé que ses qualités intrinsèques se sont altérées et jamais sur des considérations de timing, ou de rattrapage de décote…
On revient là au premier point de l’investissement : l’achat. En achetant des titres dont nous sommes, non pas convaincus de leurs décotes ou de leurs dépréciations (ce qui suppose que l’on pense mieux que le marché), mais convaincus de leurs qualités véritables, on évite l’écueil des ventes prématurées, puisqu’on ne vend jamais sauf changement majeur. Au pire, en ce cas, dans un portefeuille suffisamment diversifié on pourrait au moins égaler les performances indicielles (ce qui n’est pas si mal et évite de souffrir les affres de la décision).

En ce dernier trait, on peut rejoindre la considération de crocroc. La vente d’un titre que l’on connaît bien pour extraire des liquidités afin d’effectuer un achat sur une société que l’on connaît moins est une erreur. La revente d’un titre ne devrait résulter que d’un revirement de son jugement sur les capacités bénéficiaires futures de la société possédée. En ce cas, si la société précédemment sélectionnée est vraiment excellente et les autres placements également, il n’y a aucun lieu de se rembrunir pour avoir manqué l’achat d’un titre nouveau (qui rappelle l’on le ne sera la plus part du temps que compulsif) puisqu’à cet état de perfection le portefeuille serait déjà très efficient.

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Graham

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Bonne idée ! Pour les miennes :

par labadie ⌂ @, Chaloupe St-Leu, La Réunion, lundi 17 juillet 2006, 06:31 (il y a 6696 jours) @ Graham

Deux types d’erreurs pour ma part :

1) Les erreurs de débutant : croire les économistes et la presse financière, alors qu’ils ne font que décrire des tendances passées en disant que ça va continuer et sont incapables de prévoir un gros changement.
Résultat : un petit bouillon pris en 2001 pour mes débuts en bourse avec la faillite d’info-réalité. (la baisse du CAC vers 5500 pts m’avait incité à me lancer en bourse, j’y avais vu une belle opportunité sur les techs)

Remède : l’analyse fondamentale, faire preuve d’indépendance vis à vis des foules et refuser par principe d’acheter des valeurs surévaluées. Et surtout : pour réussir en bourse, l’expérience et l’indépendance vis à vis des foules est indispensable.
Pour moi, le 1er filtre (avant d’étudier plus en détail la valeur) est :
un PER instantané (corrigé des éléments exceptionnels du compte de résultat) < 10 et/ou à 2 ans < 6 ou à 3-4 ans < 4 (ou alors cas très particulier avec rendement excellent, forte décote sur fonds propres + société bénéficiaire). Si cette condition n’est pas remplie je ne cherche même pas à étudier la valeur. Et si il n’y a plus ce type de valeurs disponibles, c’est que le marché est trop cher et qu’il faut attendre aussi longtemps que nécessaire.

2) Mes erreurs plus récentes et à chaque fois il y a le même comportement derrière : une tendance à trop anticiper le marché (ça vient sans doute de ma nature contrarienne), que ce soit à l’achat ou la vente.
Du coup :

- des puts sur indices achetés en 2005 (pour de petits montants heureusement) alors que le marché n’était pas encore prêt à entamer la vague suivante du grand marché baissier qui a démarré en 2000. j’espère que cette fois sera la bonne, surtout pour cet automne, vu que là je suis plus que jamais décidé à réserver 3% du portefeuille pour des positions baissières agressives (puts sur DJ).

- Des valeurs découvertes bien avant que les foules ne s’y intéressent mais vendues beaucoup trop tôt alors que j’aurais du laisser courir la position. Par exemple :

Airox revendu à 7€ après un achat à 4 (c’était avant le split !).
SIPH revendu à 135 après un achat à 75 (on est à 380 ajd).

- Des opportunités ratées sur les pétrolières (j’ai suivi MAU jusqu’en 2005, donc rien raté sur celle-ci, maintenant je ne fais que du CT dessus, par contre sur les oil sands et juniors oil anglaises, j’ai raté de bonnes occasions pour avoir sous-estimé la tendance haussière en cours). Maintenant il est amha trop tard vu que je vois mal ce qui pourrait échapper à la baisse à venir.

Remèdes : quand on a acheté une valeur sur la base des fondas et qu’elle monte, la laisser monter sans revendre même si elle devient chère, ne revendre que sur signal AT.
L’analyse fonda sert à trouver les bonnes valeurs et à les acheter quand elles sont oubliées, pour la vente on devrait par contre utiliser l’AT pour ne pas sortir trop tôt.

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Très intéressant

par caque, lundi 17 juillet 2006, 09:19 (il y a 6696 jours) @ labadie

Je crois que le fond du pb c'est la méthode / les critères qu'on utilise.
J'ai tendance moi aussi à "sous performer" pendant les hausses et à vendre trop tôt.

J'ai été très influencé par Graham (le vrai !) et j'utilise ces critères :
Mes critères d'achat :
- PER sur 5 ans ou plus
- % annualisé de progression du RN et des FP sur 5 ans (avec excel). Je regarde si c'est cohérent.
- décote sur FP (en fait actif circulant - toutes les dettes)
- je vérifie que le tableau de flux donne un flux d'exploit > 0
- pas trop loin de la mm200

J'ai plus de mal pour les critères de vente.
Si j'ai acheté sur une décote sur FP, je vends quand la décote n'existe plus.

Je me méfie de l'AT. Il me semble qu'il faut être cohérent : si on achète avec des critères d'AT, on vend avec des critères d'AT.

Dès que je suis mal à l'aise, je vends la moitié de la ligne pour faire baisser la pression et prendre une décision plus sereine.
C'est pas très logique, mais bon.

Notons qu'avec ce genre de critères je suis complètement passé à côté de MAU ou VK.

Mon portif actuel :
18 % Tocq Dividende
13 % Lyxor cac 40 (achats réguliers)
3 % Précia (acheté sur décote et revendu la moitié quand CB=FP ; en toute logique il faudrait que je solde ma ligne)
7 % Gevelot
7 % FFP
7 % Explosifs
4 % Bricodeal (mais apporté à l'OPA)
3 % Supra
3 % Sam
3 % FTE (celle là je me demande bien quoi faire)
Solde liquidités

Cordialement

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mes erreurs ??? j'en ai pour un moment....

par mareva @, Barjac, lundi 17 juillet 2006, 10:08 (il y a 6696 jours) @ Graham

alors ne prenons que la plus fréquente : acheter sous l'influence de gens (analystes pro ou non pro) qui sont sûrs d'eux et qui affirment !

j'ai toujours eu ce travers. A l'époque où je jouais au bridge en compétition, j'avais la même attitude : émerveillée par les gens sûrs d'eux qui vous expliquent précisément ce qu'ils ont fait (de bien of course), et pourquoi ... jusqu'à ce que quelqu'un de vraiment compétent me fasse comprendre que ce n'était pas vraiment ça et que j'étais un peu trop crédule :-P :-P et bien je n'ai pas changé :-D

Alors il m'arrive souvent de me jeter sur une valeur, pour la revendre très très vite, et bien sûr avec une moins-value.

Pour mon portefeuille, j'ai quatre types d'investissements :

1) les valeurs de fond de portif., en général valeurs de rendement que j'ai depuis des années :

Esso
IFI
IPO
Thermador

2) les valeurs de croissance en lesquelles j'ai grande confiance (donc lignes importantes) :

Airox
Aures
Jacquet
Maurel
Vallourec

3) les jokers (toutes petites lignes)

Bci navigation
Delta plus
Nicox
U10 bs

4) les valeurs à l'essai (prises récemment et j'attends de renforcer ou non mon opinion et donc de pyramider)

Bourbon
Kazi
Orco

voili voilou, vous savez tout:schmack:

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mareva

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Ma plus grosse erreur...

par jmp ⌂ @, Boulogne/Mer, lundi 17 juillet 2006, 22:32 (il y a 6695 jours) @ Graham

Croire que mes "bons" choix ne relèvent pas du hasard et que mes "mauvais" choix sont dus à mon incompétence. Autrement dit croire qu'on est bon quand on a choisi "pile" et qu'on gagne ou croire qu'on est mauvais quand on choisit face et qu'on perd.
Mais je n'arrive pas à l'éviter... j'ai toujours autant de mal à croire que mes résultats sont uniquement dûs au hasard :-)

Pour ce qui est des cas particuliers, j'ai cru Michel Schott et sa vision de l'identification par radio-fréquence pour tous les animaux et j'ai tout perdu dans info-réalité. J'ai aussi cru Francis Olivier qui allait mettre en bouteille plastique toute la bière de la planète et toucher des royalties sur chaque canette et j'ai fait là un de mes plus gros gains dans un temps limité (même la société générale y a cru à Sidel!). J'ai aussi gagné beaucoup d'argent avec une boite qui en a fait perdre à beaucoup: "Fi systems". Je vendais la moitié de ma position tous les quinze jours et le solde doublait pendant la même période. Je n'ai jamais revu ça depuis... Ca ne m'a pas empêché d'être suffisamment aveugle pour oser en racheter après 3/4 de baisse et perdre cette mise.

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jean-marie

Les miennes

par bpr @, Charente, mardi 18 juillet 2006, 06:37 (il y a 6695 jours) @ Graham

J'ai deux travers que je maitrise très difficilement :
- l'achat compulsif : Comme tout le monde, j'ai toujours en vue une liste de fortes convictions pour lesquelles j'attends le moment opportun d'achat (fin d'une phase de correction en cours, baisse pour achat à bon compte)... et d'acheter finalement ... une autre société sur un achat impulsif.
- changement de stratégie en cours de route sur une action et notamment vendre sur des critères court terme (suite à forte hausse par exemple) une société mise en portefeuille pour ces fondamentaux.

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