Arcelor/Mittal/Severstal: épisode du jour !
Arcelor fusionne avec Severstal pour échapper à Mittal
BRUXELLES/PARIS (Reuters) - Arcelor et le groupe russe Severstal ont annoncé vendredi un projet de fusion qui permettrait de faire échec à l'OPA-OPE hostile de Mittal Steel sur le groupe européen en créant d'ici mi-juillet le nouveau leader mondial de la sidérurgie.
Selon les deux groupes, cette opération valorise Arcelor à 44 euros par action, soit une prime de plus de 20% sur la dernière offre améliorée de Mittal (36,35 euros au cours actuel), ce que conteste ce dernier.
L'ensemble Arcelor-Severstal serait le premier groupe sidérurgique au monde avec un chiffre d'affaires proforma de 46 milliards d'euros (contre 27 milliards pour Mittal), un Ebitda proforma de neuf milliards d'euros et une production d'acier de 70 millions de tonnes, sur la base des résultats 2005 des deux groupes.
Lors d'une conférence téléphonique, Guy Dollé, président du comité exécutif d'Arcelor a reconnu que la pression de Mittal avait joué un rôle de "catalyseur" dans les discussions avec Severstal, qui ont démarré selon lui il y a plus de trois ans, en octobre 2002.
Alexeï Mordachov, actionnaire de référence de Severstal, apportera à Arcelor la totalité de ses intérêts dans la sidérurgie (y compris Severstal North America), ainsi que Severstal-Resource (mines de fer et de charbon) et sa participation dans le sidérurgiste italien Lucchini.
L'homme d'affaires russe apportera également à Arcelor 1,25 milliard d'euros en numéraire. En échange, il recevra 295 millions d'actions Arcelor nouvellement émises au prix de 44 euros, représentant environ 32% du capital du nouvel Arcelor, ce qui valorise sa participation à quelque 11,7 milliards d'euros (13 milliards sur la base de 100% de Severstal).
UN PROJET DIFFICILE A CONTRER POUR MITTAL
Les actionnaires existants d'Arcelor, qui détiendront ainsi environ 68% du capital à l'issue du rapprochement, bénéficieront également d'une distribution en numéraire d'un montant maximum de 7,6 milliards d'euros, y compris le versement des dividendes et du produit de l'offre publique de rachat d'actions (OPRA), annoncée récemment par Arcelor.
"Je pense que c'est un moyen de saper le projet de Mittal. Ce sera très difficile à contrer", a déclaré un analyste à Paris. "Cet accord a du sens sur le plan industriel. Le nouveau groupe va faire 40% de son Ebitda en Russie et au Brésil, où les marges sont élevées".
Vers midi, le titre Arcelor perdait plus de 4% à 32,59 euros, alors que les chances de voir Mittal (+2,98% à 25,25 euros à la Bourse d'Amsterdam) l'emporter paraissent désormais bien minces.
A Moscou, le titre Severstal s'est pour sa part envolé de 13%, les opérateurs voyant dans ce projet une grande opportunité pour la société d'accéder au premier plan mondial.
Le nouveau groupe, qui vise un Ebitda "normalisé" de 10 milliards d'euros, souligne que cette opération sera relutive dès 2006, avant même prise en compte des synergies évaluées à 590 millions d'euros, "et potentiellement plus" sur les investissements industriels.
Le groupe issu de la fusion-acquisition de Severstal par Arcelor devrait générer un taux de retour sur capitaux employés (ROCE) supérieur à l'objectif actuel d'Arcelor de 15%.
Joseph Kinsch et Guy Dollé resteront respectivement président du conseil d'administration et président de la direction générale d'Arcelor.