Pétrole : suite.....(1)
par JanNo1, mercredi 22 mars 2006, 21:43 (il y a 6805 jours)
Bonsoir tout le monde,
Je voudrais juste relancer le débat sur le pétrole.
1°) Rétablir une "certaine vérité" pour certains
2°) Confirmer ce que l'on sait déjà, pour d'autres.
Il y a un site intéressant : à découvrir...
http://euobserver.com/
Sur l'article "Energy" voici une petite traduction que j'ai trouvé.
Consommation énergétique : l'avenir s'annonce difficile
L'OPEP a annoncé récemment que la demande mondiale d'or noir devrait progresser de 1,8%, à 84,5 millions de barils par jour. Par ailleurs, le site euobserver.com nous apprend que "plus de 80% de l'utilisation d'énergie [du bloc européen] sont basés sur le pétrole, le gaz et le charbon, et l'on prédit que d'ici dix ans, l'Union européenne consommera 10% d'énergie supplémentaire".
La Commission européenne a tiré dans un récent "livre vert" un portrait peu réjouissant de l'évolution de la consommation énergétique de l'Europe dans les années qui viennent : notre dépendance au pétrole et au gaz ne semble pas près de diminuer, contrairement aux objectifs ambitieux que se sont fixés nos gouvernants. Quant au nucléaire, 17 états européens sur 25 ne possèdent pas de centrales -- et encore moins de ressources pour en construire.
Ne restent plus que les énergies renouvelables... en espérant que d'ici 2010, elles auront gagné en efficacité et rentabilité.
La suite arrive...
Pétrole : suite.....(2)
par JanNo1, mercredi 22 mars 2006, 21:50 (il y a 6805 jours) @ JanNo1
Voici donc la suite.
J'ai trouvé cet article fort intéressant. Je me permet donc de le recopier.
Pétrole : Un chemin difficile
par Kjell Aleklett
Traduit de World Watch Pétrole : Un chemin difficile
Quand je suis né, en 1945, aucune des quatre fermes de mon petit village suédois nutilisait de pétrole. Dix ans plus tard, lère du pétrole était arrivée : il avait remplacé le charbon pour se chauffer, mon père avait acheté une moto et on pouvait voir des tracteurs dans les champs. De 1945 à 1970 la Suède a augmenté sa consommation dénergie dun facteur de cinq, soit de presque 7% par an pendant 25 ans. Ce voyage dans lère du pétrole a fait de la Suède, un pays plutôt pauvre, le troisième pays le plus riche (par habitant) dans le monde. 90 % de laugmentation de la consommation vient du pétrole. Le pétrole bon marché a fait de la Suède un pays riche.
Prenons maintenant lexemple de la Chine, un pays en voie de développement représentant 21% de la population mondiale. Ce pays consomme 8% de la production mondiale de pétrole et pense quil serait juste quil en consomme 21%, soit 17,6 millions de barils par jour (mb/j). Pendant les cinq dernières années, le PIB en Chine a augmenté en moyenne de 8,2% par année et la consommation moyenne de pétrole de 8,4% par an. On peut voir la même corrélation entre laugmentation du PIB et la consommation de pétrole en Chine quen Suède il y a 50 ans. Si léconomie chinoise croît de 8% par an sur les cinq prochaines années, on peut sattendre à ce que la consommation de pétrole augmente de 3 millions de barils par jour. Selon le professeur Pang Xiongqi, de lUniversité Chinoise du Pétrole à Pékin, la production du pays va se maintenir au même niveau jusquen 2009 puis va commencer à décliner. Cela signifie que le total de laugmentation de la consommation devra être importé. Dans la mesure ou la Chine importe déjà 3 millions de barils par jour, elle devra augmenter ses importations de 100% durant les cinq prochaines années. Doù proviendra ce pétrole >
Depuis la création de lAssociation for the Study of Peak Oil and Gas (ASPO), en 2001, nous avons essayé de faire comprendre au monde quil y aurait bientôt des problèmes pour approvisionner le monde en pétrole brut alors que la demande ne cesse daugmenter. Le premier groupe de travail sur la déplétion, réuni à Uppsala en 2002, a estimé que 2010 serait lannée du pic de production. Deux ans plus tard, à notre assemblée de Berlin, cette estimation était ramenée à 2008. Il semblerait maintenant que ce soit de nouveau 2010, les gisements en eau profonde contenant des quantités plus importantes que prévu. Lannée exacte du pic pétrolier dépend beaucoup de la demande future et nous ne saurons que nous avons atteint le pic seulement après lavoir dépassé. Cela arrivera certainement avant 2020.
Malheureusement, très peu de gens ont prêté attention à nos mises en garde, même si les signes sont si évidents que même un aveugle aurait pu les voir. Il y a cinquante ans, on consommait 4 milliards de barils de pétrole par an dans le monde et le taux de découverte (la vitesse à laquelle ont découvre de nouveaux gisements) était denviron 30 milliards de barils par an. Aujourdhui nous en consommons 30 milliards et le taux de découverte se rapproche de 4 milliards par an (voir graphique p. 12). Cest symptomatique ; la firme Chevron a même diffusé une publicité disant, « Le monde consomme deux barils de pétrole pour chaque baril découvert. Cela devrait-il vous inquiéter > » (Par découverte, jentends seulement les nouveaux gisements. Certains analystes incluent la croissance des réserves - le pétrole nouvellement accessible dans danciens gisements - dans les nouvelles découvertes mais nous utilisons la même approche que lIEA, lAgence Internationale de lEnergie.)
Si nous extrapolons à partir de la courbe descendante de ces trente dernières années, nous pouvons estimer que 134 milliards de « nouveaux » barils seront découverts ces trente prochaines années. Le dernier grand champ pétrolier à avoir été découvert est celui de la mer du Nord (en 1969), qui représente environ 60 milliards de barils. En 1999, le champ pétrolier de la mer du Nord a atteint sont pic de production à 6 mb/j.
Notre prévision laisse entendre que nous découvrirons dans les trente prochaines années de nouveaux champs pétroliers atteignant au total deux fois la taille de celui de la mer du Nord - une prévision pessimiste, selon nos détracteurs. Mais je pense que lindustrie pétrolière serait heureuse de trouver deux régions pétrolières de la taille de celle de la mer du Nord.
Pétrole : suite.....(3)
par JanNo1, mercredi 22 mars 2006, 21:52 (il y a 6805 jours) @ JanNo1
(suite)
Selon le scénario de référence de 2004 de lIEA, la demande mondiale de pétrole atteindra 121 millions de barils par jour, ce qui nécessitera une augmentation de la production de 37 millions de barils par jour sur les 25 prochaines années, sur lesquelles 25 mb/j devraient provenir de gisements qui nont pas encore été découverts. Ce qui signifie que nous devrons trouver quatre systèmes pétroliers de la taille de celui de la mer du Nord. Cela est-il réaliste >
Chaque champ pétrolier atteint un point de production maximum, que les technologies avancées peuvent différer mais pas éviter. Lindustrie pétrolière et lIEA acceptent le fait que la production totale des champs pétroliers exploités soient en déclin. Selon ExxonMobil, le taux de déclin moyen de la production se situe entre de 4 et 6% par an.
La production mondiale actuelle est de 84 millions de barils par jour. Lannée prochaine, à la même période, les gisements exploités aujourdhui produiront un total denviron 80 millions de barils par jour. Etant donné laugmentation prévue du PIB mondial, la demande totale de pétrole dans un an sera de 85,5 mb/j - les nouvelles réserves devront atteindre 1,5 mb/j plus 4 mb/j, soit 5,5 mb/j. Dans deux ans, la nouvelle production nécessaire sera de 11 mb/j et en 2010 dau moins 25 mb/j. Lindustrie peut-elle suivre >
Si lon étend le déclin des gisements existants jusquà 2030 en acceptant le scénario de référence (une demande mondiale de 121 mb/j), « nous aurons besoin de nouveaux champs pétroliers représentant 10 fois la production de lArabie Saoudite. » Certains peuvent appeler cela un scénario catastrophe, mais ce nest pas moi qui le dis - il sagit de Sadad Al Husseini, encore récemment vice-directeur de Saudi Aramco, la plus grande compagnie pétrolière au monde.
Si lon exclut les gisements deau profonde, le rendement de 54 des 65 plus grands pays producteurs est en déclin. LIndonésie, membre de lOrganisation des Pays Exportateur de Pétrole (OPEP), ne peut non seulement plus produire suffisamment de pétrole pour atteindre ses quotas mais narrive même plus à produire assez pour sa consommation nationale. LIndonésie est maintenant un pays importateur de pétrole. Dans les six ans à venir, cinq autres pays vont connaître un pic. Seuls quelques pays - lArabie Saoudite, lIrak, le Koweït, les Emirats Arabes Unis, le Kazakhstan et la Bolivie - ont le potentiel pour produire plus de pétrole quavant. Dici 2010, la production de ces pays et des gisements en eau profonde devra compenser le déclin de 59 pays et la demande grandissante du reste du monde.
Cela est-il possible > Prenons le cas de lArabie Saoudite, qui, dans les années 1980, produisait 9,6 millions de barils par jour. Selon lIEA et lEnergy Information Administration, il faudrait que ce pays produise 22mb/j en 2030. Mais Salad Al Husseini affirme que « les prévisions du gouvernement américain en ce qui concerne lapprovisionnement futur en pétrole sont une dangereuse surestimation. » Le champ pétrolier saoudien de Ghawar, le plus grand au monde, est en déclin. Selon Saudi Amalco, la production peut être augmentée à 12,5 mb/j dici 2015. Ils projettent la construction dun nouveau pipeline dune capacité de 2,5 mb/j, il semblerait donc quils veuillent réellement augmenter la production à 12,5 mb/j, mais il ny a pour linstant aucun signe dune augmentation à 22mb/j.
Prenons maintenant le cas de lIrak, qui en 1979 produisait 3,4 mb/j. LIrak affirme officiellement posséder des réserves sélevant à 112 milliards de barils de pétrole brut, mais lASPO (et dautres analystes) pensent quun tiers de ces prétendues réserves sont des « barils politiques » fictifs. Lors dune récente réunion, jai appris (en privé et dune personne bien placée pour le savoir) que les réserves irakiennes disponibles à la production aujourdhui atteignaient 46 milliards de barils. Si cest le cas, il sera difficile pour lIrak datteindre son ancien niveau de pic de production en peu de temps.
Et ainsi de suite. Il est temps de se demander si le Moyen-Orient pourra encore produire au niveau des années 1970.
De nombreux pays dans le monde sont très pauvres. Il pourrait être nécessaire de doubler le PIB mondial pour arriver à un niveau de vie décent pour les populations de ces pays. Les exemples de la Suède et de la Chine suggèrent que si les schémas du passé sont reproduits, une multiplication par deux du PIB entraînerait une multiplication par deux de la production mondiale de pétrole. Cela est-il possible > La planète pourrait-elle tolérer une telle augmentation des émissions de CO2 >
Pétrole : suite et fin
par JanNo1, mercredi 22 mars 2006, 21:55 (il y a 6805 jours) @ JanNo1
(suite)
Les Etats Unis, le pays le plus riche du monde, représentent 5% de la population mondiale et consomment 25% du pétrole. Il est temps de réfléchir à ce quils peuvent faire pour réduire leur consommation - et cela rapidement. En février 2005, un rapport pour le Département de lEnergie américain (Peaking of World Oil Production : Impacts, Mitigation, and Risk Management, connu sous le nom de Rapport Hirsch) déclarait : « Le pic pétrolier mondial représente un problème unique. Les enjeux politiques, économiques et sociaux sont énormes. Une gestion prudente des risques exige une attention urgente et des actions immédiates. » Tout programme sérieux lancé aujourdhui mettra 20 ans à atteindre ses objectifs.
Les animaux, lorsquils doivent faire face à une pénurie de nourriture, ont des difficultés à sadapter et généralement leurs populations déclinent. Certains pensent que les êtres humains vont avoir à faire face à une situation similaire. Cest une chose que je ne peux accepter. En tant quêtres humains, nous pouvons penser et trouver des idées et je crois que nous pouvons arriver à des solutions. La route sera difficile et de nombreuses personnes en souffriront, mais lorsque nous arriverons au bout de cette route nous devrons arriver à une société durable. Il ne sera pas possible de parcourir ce chemin sans utiliser une partie du stock de combustibles fossiles existant, ainsi que, pour les pays industrialisés, sans utiliser lénergie nucléaire, mais nous pouvons le faire de manière à minimiser les impacts sur la planète. Nous aurions du commencer il y a au moins 10 ans. Nous devons agir maintenant avant que les bosses et les trous de la route ne la rendent impraticable.
Kjell Aleklett est professeur de physique à lUniversité dUppsala, en Suède, et président de lASPO.
ps : vous m'excuserez pour la longueur de ce post, mais je voulais vous faire partager ce document (que vous avez peut-être déjà lu >)
A bientôt.
probleme de conscience
par erwan, vannes, mercredi 22 mars 2006, 22:46 (il y a 6805 jours) @ JanNo1
deontologie et bourse font elles bon ménage >
S'il est évident que la pénurie , ou le manque de pétrole ( pas pour demain mais à échéance d'une vie humaine ) , est forcément un problème d'ordre éthique et planétaire , il est tout aussi logiquement un placement qui va rapporter tres gros .
Il appartient à chacun de choisir son camp ou de ne pas choisir ( ce qui a mon sens est un choix pour le pétrole ) , mais si l'objectif des placements en bourse est un enrichissement économique il me parait inconcevable de ne pas avoir de valeur liée au pétrole dans son portefeuille .