SUEZ et GDF annoncent leur fusion
(AOF) - Les Conseils d'Administration de Suez et de Gaz de France ont approuvé le projet de fusion amicale entre les deux groupes. Ce rapprochement s'inscrit dans le prolongement des coopérations existantes entre les deux groupes et concrétise l'aboutissement des discussions engagées il y a quelques mois. La fusion sera précédée du versement par Suez à ses actionnaires d'un dividende exceptionnel de 1 euro par action, soit 1,25 milliard d'euros. La parité proposée post dividende sera de une pour une. La finalisation de l'opération est attendue au cours du deuxième semestre 2006.
La parité retenue fait ressortir pour les actionnaires de Gaz de France une prime de 3,9 % sur la base de la moyenne 3 mois, au 24 février 2006.
Les modalités de gouvernance du nouvel ensemble, en cours de finalisation, seront communiquées au marché dans les meilleurs délais.
Le nouveau groupe, fort d'un chiffre d'affaires de 64 milliards d'euros figurera dans les tous premiers rangs des acteurs européens de l'énergie et de l'environnement.
Le projet de fusion est porteur de synergies importantes à court et moyen termes. A court terme, il permet de réaliser 500 millions d'euros par an de synergies opérationnelles disponibles avant impôts. Une part importante de ces synergies sera issue de la politique d'approvisionnement (optimisation du portefeuille, réduction des coûts d'approvisionnement, arbitrage étendu en GNL). Le solde proviendra du développement d'offres combinées, principalement en France, de l'optimisation du portefeuille d'activités dans les services et d'économies sur les achats hors énergie. Ces synergies seront réalisées par tiers sur trois ans. A plus long terme, le nouveau groupe dispose d'un potentiel de synergies complémentaires dont l'optimisation du programme d'investissements et le développement de synergies de revenus. L'imputation des déficits fiscaux existants permettra en outre une économie substantielle.
Un autre point de vue...
Des bans de mariage pas très lisibles
Après la délicate ouverture de capital de GDF en 2005, les syndicats peuvent se sentir floués.
par Grégoire BISEAU
LIBERATION : lundi 27 février 2006
Une opération industrielle qui a du sens fait-elle pour autant une bonne décision politique > En annonçant, samedi, dans la précipitation, la fusion entre le groupe privé Suez et GDF, encore détenu à 80 % par l'Etat, le Premier ministre Dominique de Villepin prend le pari qu'il y a dans cette noce matière à capitaliser sur le plan politique. En créant un champion national dans le secteur de l'énergie, il espère donner à son concept de «patriotisme économique», inventé dans la panique d'une (vraie ou fausse >) menace d'OPA hostile sur Danone l'été dernier, un peu de chair. Et redonner, du coup, à l'action de son gouvernement un nouvel allant (lire aussi page 15).
Encore faut-il que le mode d'emploi de ce montage industriel soit compréhensible. Or, le gouvernement semble incapable pour l'heure de donner des justifications claires au moment et au mode opératoire choisis pour le mariage.
Pourquoi annoncer cette fusion si vite > Le ministre de l'Economie Thierry Breton a déclaré que la (vraie ou fausse >) menace d'OPA hostile de l'italien Enel sur Suez, la semaine dernière, n'a pas été le «déclencheur» de cette affaire. A Matignon, au même moment, on explique pourtant que «le gouvernement avait le choix entre laisser Enel prendre le contrôle de Suez sans rien faire, ou créer un grand groupe énergétique français placé sous le contrôle de l'Etat et capable de résister à une OPA hostile».
Pourquoi avoir choisi une fusion totale, si, pour le gouvernement, l'objectif était d'abord de sauver Suez d'un hypothétique raid > Un échange de participations entre les deux groupes aurait suffi pour consolider le noyau dur de Suez et même, peut-être, obtenir une minorité de blocage. Là encore, les argumentaires sont étrangement différents. Matignon assure que, «compte tenu du droit boursier, cette prise de participations aurait été trop lente à mettre en oeuvre». Bercy, de son côté, explique que «la fusion était la modalité qui faisait le plus de sens pour le projet industriel des deux groupes». Et une source gouvernementale de lâcher : «De toute façon, tout le monde savait que le modèle d'un GDF indépendant n'était pas viable dans la durée.»
Alors, dans ce cas, pourquoi avoir pris la décision de mettre GDF en Bourse à l'été 2005, en vantant partout le modèle de croissance de l'ex-monopole gazier > Pourquoi ne pas avoir attendu l'aboutissement de ce projet d'alliance industrielle (qui existait depuis longtemps dans les tiroirs de Gérard Mestrallet, le patron de Suez) pour justifier l'ouverture du capital de l'entreprise publique >
Toutes ces incohérences n'auraient finalement pas beaucoup d'importance si ce n'était pas la parole de l'Etat qui était en cause dans cette affaire. Car la mise en Bourse de 20 % du capital de GDF a été l'aboutissement de trois années de négociations acharnées entre pouvoirs publics et syndicats, CGT en tête. Le bras de fer avait fini par aboutir à la loi de juillet 2004, qui stipulait que l'Etat ne descendrait jamais en dessous de 70 % du capital des deux ex-monopoles publics, EDF et GDF. On se rappelle encore du serment solennel de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Economie. Un an et demi plus tard, l'Etat se retrouve dans la situation de revenir sur sa parole. Et de défaire ce qu'il avait péniblement réussi à construire.
Les syndicats et salariés de GDF peuvent légitimement se sentir floués. «L'aspect politique est la dimension la plus délicate de cette fusion», reconnaît une source pourtant favorable à la fusion GDF-Suez. Difficile ensuite de faire le reproche à des syndicats de refuser le jeu de la négociation et de l'adaptation, si c'est pour leur apporter la démonstration que, quoi qu'il en soit, l'Etat ne tiendra pas ses engagements. Le «patriotisme économique» valait-il la peine de faire exploser le pacte social > Dominique de Villepin pense visiblement que oui. Au minimum, il prend un vrai risque politique.
Avis du JDF
GDF
GDF va absorber Suez sur la base de une action GDF pour une action Suez. L'opération renforce la position concurrentielle de GDF avec une offre élargie et accélère sa diversification géographique. Les synergies sont estimées à 500 millions d'euros par an. Objectif relevé à 35 euros.
Acheter -
OBJECTIF À 18 MOIS 35
OPPORTUNITÉ d'ACHAT (5 à 0) 4
RISQUE (1 à 5) 3
SUEZ
Le gouvernement français a orchestré la fusion de Suez avec GDF sur la base de une action GDF pour une action Suez. Les actionnaires de Suez recevront auparavant un dividende exceptionnel de 1 euro par action. L'opération a du sens et générera 500 millions d'euros de synergies par an.
Acheter en baisse <=31
OBJECTIF À 18 MOIS 36
OPPORTUNITÉ d'ACHAT (5 à 0) 3
RISQUE (1 à 5) 3
Pour ma part, j'ai pris un peu de GDF sous les 30 euros.
Fusion optimisée...
On peut taxer l'Etat de cynisme dans cette optimisation fiscale :
Faire absorber SUEZ par GDF pour consolider les déficits reportables... C'est du grand art... surtout dans une opération menée par l'Etat "lui-même" ! (qui a évidemment intérêt dans l'imposition fiscale...)
J'ai beau chercher, je ne vois pas de faux-pas dans cette histoire : la complémentarité, les synergies... Reste à dessiner une stratégie, et gérer le mastodonte.
S'agissant de Rome, et de son intérêt soudain pour "construire l'Europe", fût-elle industrielle, on pourra néanmoins lui rappeler sa présence en Irak contre l'avis de 90% de sa population, et contre celui dans les mêmes proportions de la population européenne...
Bref. Pas de leçon à recevoir des italiens... (Même si ENEL est une très belle société).
Quelques craintes et questions...
La fusion GDF / Suez est un superbe cas d'école en matière de complémentarités, de taille critique ou optimisation fiscale.
Mais des craintes subsistent :
- Les syndicats peuvent freiner ce projet.
- Les cultures d'entreprises différentes peuvent être un obstacle au succès de la fusion.
- Enel ne risque-t-il pas de riposter en faisant une offre sur Suez (il faudra quand même convaincre Albert Frère, favorable au projet avec GDF).
- Que va-t-il advenir de la branche environnement > Des contrats risquent-ils d'être remis en cause >
Mittal doit présenter un projet aussi fort que GDF
Mittal doit présenter un projet aussi fort que GDF, dit Breton
REIMS (Reuters) - Pour être convaincant, Mittal Steel doit présenter un projet industriel aussi fort pour Arcelor que celui présenté par GDF pour Suez, a déclaré Thierry Breton, ministre de l'Economie.
"Il faut, pour que cela fonctionne, qu'il y ait un fort projet industriel comme il y en a un aujourd'hui pour Gaz de France et Suez", a-t-il déclaré lors d'un déplacement à Reims.
Il a souligné qu'il ne s'était jamais prononcé pour ou contre le projet de Mittal. "Par contre, je pose des questions", a déclaré le ministre, ajoutant que la nationalité (du propriétaire de Mittal) n'était "pas le sujet".
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Le projet de fusion GDF/Suez a sans doute été fait en toute vitesse avant que ENI n'annonce son projet d'OPA sur Suez!
Le néoprotectionnisme français refuse une OPA d'une société française par une société italienne alors céder Arcelor à un groupe anglo-indien, c'est pas gagné pour Mittal !!
Dire que Mittal doit avoir un projet aussi costaud que celui de GDF est qq peu culoté !!
Mittal doit présenter un projet aussi fort que GDF
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» Le projet de fusion GDF/Suez a sans doute été fait en toute vitesse avant
» que ENI n'annonce son projet d'OPA sur Suez!
» Le néoprotectionnisme français refuse une OPA d'une société française par
» une société italienne alors céder Arcelor à un groupe anglo-indien, c'est
» pas gagné pour Mittal !!
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Officiellement l' Italie proteste et en fait des tonnes !
Officeusement, peut-être que la soi-disant OPA d'enel n'était qu'un coup de bluff convenu depuis un moment entre les 2 gouvernements pour permettre aux dirigeants francais de constituer un géant national de l'énergie.
Officiellement l' Italie proteste et en fait des tonnes!
"Officeusement, peut-être que la soi-disant OPA d'enel n'était qu'un coup de bluff convenu depuis un moment entre les 2 gouvernements pour permettre aux dirigeants francais de constituer un géant national de l'énergie."
Officieusement, histoire de calmer le Signor Berlusconi , il semble quasi-acquis que l'etat Français pousse EDF à céder sa filiale alsacienne (ELEC pour les intimes ) à l'ENEL, qui lorgne outrageusement dessus depuis 3 ans....
Le prix > il se murmure qu'ENEL "consentirait" à payer jusqu'à 210 par action ELEC,compte-tenu de sa trésorerie plus qu'abondante....