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LE TITRE S'ECHANGE AU-DESSOUS DE SON COURS D'INTRODUCTION
EDF reste un bon placement pour le moyen terme
par CHRISTOPHE SOUBIRAN
Les premiers pas en Bourse d'EDF étaient très attendus après le succès populaire sans précédent rencontré par la souscription, avec plus de 4,9 millions d'actionnaires individuels. Ils se sont avérés plutôt balbutiants, même après le coup de pouce donné par les autorités boursières en fin de semaine. Faut-il pour autant réellement s'en étonner, au regard du prix d'introduction (32 euros pour les particuliers, 33 euros pour les investisseurs institutionnels), jugé élevé par l'ensemble de la communauté financière >
En décidant que le producteur d'électricité intégrerait la composition du CAC 40 (à la place de TF1) dès le 19 décembre, soit à peine un mois après sa mise en Bourse, les autorités de tutelle ont fait preuve d'un excès de zèle qui n'a trompé personne. L'objectif était de donner un véritable ballon d'oxygène au titre. Celui-ci s'est effectivement adjugé près de 1 % le vendredi 25 novembre, ce qui lui a permis de terminer la semaine sur un modeste repli de 0,75 %, à 31,76 euros.
53 millions d'actions échangées
Les gérants des fonds répliquant le CAC 40 qui attendaient patiemment un recul de la valeur pour la mettre en portefeuille (son intégration dans l'indice étant une chose entendue) ont dû en effet quelque peu précipiter leurs achats.
Mais ce tour de passe-passe n'occulte en rien un bilan mitigé. Le titre a été fortement chahuté lors de sa première journée de cotation, le lundi 21 novembre. Il a dû faire face à une forte pression vendeuse, exercée à la fois par les particuliers, à la recherche d'une plus-value immédiate, et par les fonds spéculatifs, qui n'ont pas hésité à jouer la baisse par des ventes à découvert. Lors de cette seule séance, près de 53 millions d'actions ont changé de mains, soit un quart des titres émis (hors option de surallocation). Les trois journées suivantes n'ont guère été plus brillantes, mais les volumes d'échanges se sont progressivement effrités, preuve d'un retour vers une certaine normalité.
Une valorisation tendue à court terme
On est donc loin du succès de GDF, dont le titre s'était apprécié de 18,3 % lors de la première semaine de cotation. Il est vrai qu'EDF s'est présentée sans véritable décote par rapport à ses concurrents européens. Le gouvernement a préféré s'aliéner les actionnaires individuels, plutôt que de se voir accusé de brader les actifs de l'Etat. La moindre des choses aurait pourtant été de laisser à l'action un potentiel d'appréciation à court terme en fixant le prix dans la partie basse de la fourchette indicative.
Au cours actuel, que l'on raisonne en termes de capitalisation ou de valeur d'entreprise (capitalisation boursière plus endettement financier net) rapportée à l'excédent brut d'exploitation, la valorisation d'EDF se situe au-dessus de celle de ses principaux concurrents (voir le tableau ci-dessous).
Et l'électricien national ne peut même pas se prévaloir d'un rendement attrayant pour justifier une telle différence. Selon nos estimations, sur la base d'un taux de distribution de 50 % des bénéfices annoncé par les dirigeants, le dividende versé au titre de 2005 pourrait s'élever à 0,7 euro par action, ce qui procurerait un rendement de 2,2 %. Un niveau inférieur à celui de la plupart des concurrents européens (voir également le tableau ci-dessous).
Il est à noter toutefois que le coupon distribué est amené à croître au même rythme que les bénéfices dans les années à venir, soit à deux chiffres.
Un acteur unique en Europe
En tout état de cause, le placement EDF doit être considéré avant tout dans une optique de moyen terme. Et, à cet horizon, il se révélera à n'en pas douter une bonne opération.
EDF occupe en effet une place unique dans le monde de l'énergie grâce à son parc de centrales nucléaires (58 tranches réparties sur 19 sites). Une situation qui le rend difficilement comparable aux autres acteurs du secteur, qui produisent de l'électricité essentiellement à partir du fuel et du charbon, et qui justifierait une prime en Bourse.
En effet, 95 % de sa production d'électricité (si l'on y inclut le courant issu de ses centrales hydrauliques) est totalement déconnectée du prix des énergies fossiles, et n'émet pas de surcroît de dioxyde de carbone (CO2), sujet au paiement de fortes pénalités. Dans un contexte d'envolée des prix des hydrocarbures, et où les contraintes environnementales se durcissent, cette particularité constitue un avantage concurrentiel indéniable.
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- edf - mareva, 26/11/2005, 10:49
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