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JDF : Maurel

par mareva @, Barjac, samedi 26 novembre 2005, 09:43 (il y a 6921 jours)

LE JOURNAL DES FINANCES- N°6156-26/11/2005- PAGE32
Les interviews
Jean-François Hénin, président du directoire de Maurel & Prom
« Nous avons l'intention de verser au titre de 2005 un dividende en hausse par rapport à l'an dernier »
Propos recueillis par Christophe Soubiran

Jean-François Hénin, 61 ans, a occupé différents postes dans de grandes entreprises (Bull, Pechiney, Thomson CSF, Altus Finance) avant de devenir gérant de Maurel & Prom en janvier 1997. Il est président du directoire depuis décembre 2004.
Le Journal des Finances : Vous avez récemment musclé vos équipes. Votre communication semble également différente. Maurel & Prom est-il passé au stade industriel >

Jean-François Hénin : - L'aventure pétrolière de Maurel & Prom est toute récente. Nous sommes partis d'une petite équipe, travaillant ensemble par affinités et qui réagissait aux événements au fur et à mesure qu'ils se produisaient. Mon rôle a consisté alors à mettre en place des compétences techniques et à assurer le passage de l'exploration à la production.

Nous opérons aujourd'hui sur des champs pétroliers qui produisent 90.000 barils par jour, dont environ 60.000 pour notre propre compte. Maurel & Prom est devenu une compagnie pétrolière de taille moyenne au sens plein du terme avec des actifs situés au Congo, au Gabon, en Colombie, au Venezuela...

Il a donc été nécessaire, après cette première période de croissance, de professionnaliser les équipes, notamment celles du siège. Cela marque effectivement un tournant. Mais la période de changement de l'organisation s'achève. Maurel & Prom est désormais en ordre de marche pour attaquer l'année 2006.

Le titre fait du surplace depuis le début de l'année, alors que le prix du pétrole s'est envolé. Comment l'expliquez-vous >

- Le titre a été victime de deux méprises qui l'ont propulsé à deux reprises en cours d'année à des niveaux élevés. L'abandon du statut de commandite, en décembre 2004, a été interprété comme les prémices d'une OPA. Ce qui a conféré à l'action une « prime » spéculative.

Deuxième erreur, les opérateurs attendaient des réévaluations de nos réserves d'hydrocarbures liées à l'interprétation des études sismiques programmées. Or, les réserves ne se fabriquent qu'à partir de puits, qui confirment ce que la sismique a permis d'entrevoir.

Sur ces deux événements, il y a eu deux déceptions. Il n'y a pas eu d'OPA et nos réserves n'ont pas été réévaluées.

Qu'attendez-vous de vos différents projets d'exploration >

- Nous disposons aujourd'hui de dix projets (cinq sont situés au Congo, les autres au Gabon, en Colombie, en Sicile, en Hongrie et en Tanzanie), susceptibles pour chacun d'eux, d'accroître de 10 à 50 % nos réserves en cas de succès. Les forages d'exploration auront lieu tout au long de l'année 2006, et nous rendrons compte bien évidemment des succès, mais aussi des inévitables échecs.

Comme il est hautement improbable qu'aucun de ces prospects ne donne de résultats positifs, le profil de la société pourrait être bouleversé au cours de l'année prochaine.

Nous avons également entrepris de changer de méthodes et de certificateurs de réserves. Le niveau de nos stocks faisait l'objet de commentaires d'incrédulité de la part de certains de nos confrères et des marchés. En conséquence, nous avons choisi de prendre une des deux sociétés les plus réputées au monde en matière de certification des réserves, Degolyer and McNaughton, pour ne plus être soumis à aucune suspicion.

Il ne faut pas s'attendre à un tremblement de terre, et le chiffre publié ne sera plus contesté.

Il est à noter que, au-delà de l'éventuelle révision à la hausse de nos réserves liée aux dix projets de prospection en cours, nous allons tester au Congo, dans les prochains mois, les premiers puits avec injection d'eau. Si cette technique de production donne de bons résultats, le taux de récupération de nos gisements augmentera et, par corollaire, le niveau de nos réserves.

Mais ce n'est qu'à la fin de l'année prochaine que nous saurons si le modèle d'injection tient la route. Les extensions probables du champ de Mboundi, lui-même à l'intérieur du permis d'exploitation actuel, sont aussi de nature à augmenter nos réserves.

Quel est votre programme d'investissement pour les mois qui viennent >

- Le budget 2006 n'est pas encore arrêté. Mais l'enveloppe consacrée aux investissements devrait avoisiner au moins 80 millions de dollars. Les dix puits de grande exploration coûteront à eux seuls (pour notre part) déjà 40 millions de dollars. Et il faut compter sur la même somme pour les puits de développement au Congo.

Sans compter que, si notre projet de valorisation du gaz (aujourd'hui brûlé) au Congo, en cours de négociation, aboutit, il nécessitera 20 millions de dollars supplémentaires.

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mareva

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fin

par mareva @, Barjac, samedi 26 novembre 2005, 10:47 (il y a 6921 jours) @ mareva

Enfin, il faudra dès 2007 augmenter notre capacité d'évacuation au Congo, notre pipeline devant arriver rapidement à saturation si notre calendrier de production est respecté. Une décision à ce sujet ne sera pas prise avant l'été 2006.

Pouvez-vous donner vos prévisions pour 2006 en termes de résultats >

- Il est difficile de donner à ce stade de l'année des prévisions chiffrées pour 2006. Les résultats dépendront des investissements réalisés. Ces derniers conditionnent en effet le niveau de production atteint. Sans compter l'impact sur nos performances de facteurs exogènes comme le prix du baril et la parité euro/dollar.

En tout état de cause, la production au Congo pourrait être portée à 80.000 barils par jour à la fin de l'année 2006, soit environ 30.000 barils par jour en moyenne pour la part qui nous revient (en excluant les redevances fiscales). En revanche, nos débits d'hydrocarbures devraient baisser en Colombie, de l'ordre de 25 %, car nous devrions perdre le permis d'exploitation du champ de Tello, comme prévu initialement, et cela en l'absence de résultats favorables du forage d'exploration de Tangara.

Au total, les résultats et le cash-flow devraient s'avérer en croissance très sensible par rapport à ceux de 2005.

Pourquoi mettez-vous fin à l'aventure cubaine >

- Nous avons essayé dans le passé et à plusieurs reprises de fusionner avec Pebercan, la société canadienne qui exploite nos anciens gisements à Cuba. Mais l'opération a échoué. Maurel & Prom n'ayant pas vocation à rester minoritaire d'une société (Ndlr : le groupe français possède 20 % de Pebercan), nous préférons récupérer des liquidités pour investir directement dans des nouveaux projets.

Sur la base du cours actuel du titre Pebercan à Toronto, cette participation vaut environ 50 millions d'euros. Mais, si nous la cédons en un seul bloc, il est peu vraisemblable que l'on en retire ce prix. L'éventuelle cotation de Pebercan à la Bourse de Paris pourrait faciliter une cession au fil de l'eau.

Maurel & Prom est-il aujourd'hui un prédateur ou plutôt une proie >

- Il est difficilement envisageable aujourd'hui que nous nous lancions dans une nouvelle acquisition. Les actifs à vendre sont peu nombreux, et beaucoup de prédateurs les chassent. En conséquence, leurs prix sont devenus excessifs. Nous ne renonçons pas malgré tout à dénicher un actif qui se trouverait dans une situation particulière. Mais ce type d'affaire est rare. Notre avenir dans les mois qui viennent réside dans l'exploitation de notre domaine minier, qui est considérable et attrayant.

Sommes-nous opéables > En premier lieu, je ne suis pas vendeur de mes titres en dehors d'une situation où une offre serait faite dans les mêmes termes à l'ensemble des actionnaires. Il est peu vraisemblable que nous ayons aujourd'hui une proposition à un prix qui puisse nous plaire, compte tenu de l'importance de notre domaine d'exploration. Cette question pourrait en revanche se poser à la fin

de 2006. Au cours actuel, nous nous battrons bec et ongles pour contrer une éventuelle OPA.

La révision à la baisse de vos résultats pour l'année en cours aura-t-elle une incidence sur le dividende versé au titre de 2005 >

- Nous avons bien l'intention de verser, au titre de 2005, un dividende en hausse par rapport à l'an dernier. Il sera calculé selon la méthode de répartition des résultats annoncée lors de la dernière assemblée générale, c'est-à-dire que le montant total distribué représentera entre 35 et 40 % du bénéfice net. La question est de savoir si on ira au-delà ou pas. Ce qui dépendra de nos besoins en matière d'investissements.

Il existe également d'autres manières de récompenser les actionnaires. Nous y réfléchissons.


Son dernier cours

Après un parcours exceptionnel en 2003 et 2004, marqué par la multiplication par huit du cours de Bourse, l'action fait du surplace depuis le début de l'année.

Une pause qui s'explique par un tarissement du flux des bonnes nouvelles.



Ses objectifs

Si l'exercice 2005, ponctué par un avertissement sur les résultats, se révèle sans éclat particulier, 2006 pourrait marquer un nouveau départ. Les résultats devraient fortement progresser en raison de la hausse de la production au Congo. D'autre part, le programme intensif de prospection actuellement en cours pourrait conduire le groupe à réévaluer ses réserves d'hydrocarbures.



NOTRE CONSEIL

La chute du cours de Bourse consécutive à la déconvenue suscitée par les résultats semestriels constitue une opportunité pour se replacer sur le titre en visant un premier objectif de cours de 22 euros.

La valeur ne capitalise en effet que 7,6 fois notre estimation de bénéfice net pour 2006, ce qui est peu cher.

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mareva

Merci mareva

par GNML @, samedi 26 novembre 2005, 14:37 (il y a 6920 jours) @ mareva

Merci pour cet article, espérant que cela va enrailler la chute des cours
Amitié
Gérard

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