Acanthe Developpement
Conserver (inchangé)
Cours : 4,7 Objectif : 4,3
La mariée est un peu trop maquillée
Acanthe Développement a présenté hier ses résultats semestriels ainsi que des résultats
prévisionnels assez précis au 31 décembre prochain. Rappelons quaprès léchec de la
mise en vente de son contrôle, lactionnaire majoritaire a entrepris une mutation
profonde de la foncière dans le but avoué de céder ses titres sur le marché. Acanthe se
sculpte un nouveau profil avec un patrimoine dimmobilier dentreprise réparti entre 30
actifs procurant 18,9 M de loyers potentiels, dont 80 % provenant de Paris intra-muros
et 7 % de résidences hôtelières en province louées à long terme. Un quart des loyers
proviendra du groupe de luxe édifié par Alain Duménil à partir dentreprises de santé
fragile. Au total, les deux-tiers du portefeuille ont été cédés depuis le début de lannée.
Les résultats demeurent peu significatifs.
Les charges dexploitation demeurent élevées (EBE/loyer de 66 %) mais Acanthe
explique ce ratio par les frais liés aux cessions massives, à loption pour le régime SIIC,
au passage aux IFRS et à la simplification de lorganigramme, passé de 126 à 36
sociétés. Le reclassement du capital a débuté avec lacquisition de 12 millions dactions,
à un prix, selon nous, proche de 4,5 par action. Ces titres provenaient de la conversion
docéanes et de lexercice bons de souscription rachetés par Acanthe sur le marché. Le
résultat courant du second semestre est gonflé par 17 M de plus-values provenant de
la revente de ces titres.
Limportant est le résultat de 2006 qui sera sécrété par le nouveau périmètre. La CAF
ressortirait, selon nous, à 15,25 M. Au début de 2006, Acanthe disposera dune
trésorerie denviron 140 M pour 116 M de dette longue à taux fixe restant à
rembourser. Nous supposons une pénalité de lordre de 10 M.
Une présentation très favorable de la valorisation
Nous ne sommes pas en phase avec les arguments appuyés de la société pour
démontrer sa sous-évaluation. La définition de la CAF hors cessions dimmeubles est
propre à Acanthe puisquelle sélève à 21,5 M attendus pour lannée 2005. Or, lEBE
sera de 15,7 M et les charges demprunt de 8,9 M, soit une CAF avant impôt selon
nos règles de 6,8 M. Du coup, le ratio cours/CAF 2005, que la foncière met en avant
nest pas de 16,5 fois mais de 52 fois.
Laccent est également mis sur un actif net réévalué par action de 5,91 en valeur de
remplacement, qui ferait ressortir une décote prononcée au lieu de la forte prime
presque universelle chez les foncières. Nous corrigeons doublement cet ANR. Dune
part, des bons de souscription supplémentaires à échéance 2007 et 2009 entraînent une
dilution inéluctable de 5,91 à 5,33 . Dautre part, et surtout, cet ANR ne provient pas
dune expertise externe mais dune évaluation interne « en capitalisant les loyers à 5 %
compte tenu de la qualité des immeubles et du bas niveau des loyers ». Ce taux ne
correspond pas à ce que nous observons sur le marché. Deux ventes par Unibail ont
certes franchi récemment en baisse la barre des 5 %, mais il sagit dactifs exceptionnels
(50 avenue Montaigne et Cité du Retiro). Nous préférons retenir un rendement moyen
de 5,7 %. LANR tombe alors à 4,50 /action. On notera que cet ANR est stable alors
que les sociétés soeurs ADT et Alliance Développement, qui ont acheté des actifs à
Acanthe, voient leur ANR par action progresser très fortement.
Labsence dendettement est difficile à justifier dans lenvironnement de taux faibles
actuels, surtout au point de se trouver avec des emprunts longs à taux fixe à rembourser
par anticipation. La seule explication que nous trouvions réside dans lespérance dune
optimisation du prix de vente. La prime boursière quaffichent les foncières sur leur actif
net nest guère proportionnée à lendettement. Cela signifie quun endettement faible
permet de vendre indirectement les immeubles plus cher.
Enfin, un rendement attrayant de 4,72 % est évoqué. Mais nous considérons quil
excède la rentabilité courante de lentreprise puisque les 20 M correspondants
dépassent de 30 % les 15,25 M de CAF normalisée en 2006. Même sil est
techniquement possible, ce dividende comporte une part de remboursement de capital
et ne peut être comparé à celui des autres foncières.
En outre, nous estimons quil existe un risque de reclassement sur le marché des titres
de lactionnaire majoritaire et quAcanthe devienne un navire sans capitaine. Du fait de
ces incertitudes, nous ne conseillons pas lachat du titre au-delà de lANR de
remplacement, tel que retaillé ci-dessus à 4,5 par action. Au-dessous de ce prix, on
pourrait espérer une OPA.
Reuters/Bloomberg CFMP.PA/CTDV FP
Le 28 Octobre 2005
Immobilier
France
Benoît FAURE-JARROSSON �� 01 40 27 03 99 bfj@faure-jarrosson.com
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