Marché actions : prudence à court terme
Boursorama le 16/09/2005 06h00
Marché actions : prudence à court terme
Alain Bokobza, stratège actions européennes la Société Générale, ne relève pas son objectif annuel sur le CAC40
Un automne maussade. Si lon en croit le stratège actions européennes de la Société Générale, Alain Bokobza, mieux vaut au cours des quelques mois à venir se garder de trop dinvestissements boursiers. Il présentait hier à Paris, la stratégie actions de léquipe de recherche actions européennes de la banque française au cours du quatrième trimestre. Il estime «quune pause dans un mouvement haussier » devrait souvrir jusquà la fin de lannée. « Nous avions comme objectif annuel un CAC 40 à 4500 points, cette barre a été franchie à deux reprises. Nous ne relevons pas notre objectif ».
Un appel à la prudence qui sexplique par quelques nuages qui samoncellent sur le ciel de la bourse française sans pour autant annoncer une grosse tempête. « Contrairement au reste de lEurope, la France poursuit le mouvement de privatisation ce qui devrait amener plus doffre sur le marché, et donc moins de rareté » explique Alain Bokobza qui souligne que le marché parisien a déjà bien performé par rapport à ses pairs. Position dattente également au moment où lincertitude plane sur le rythme de hausse des taux que choisira finalement la banque centrale américaine à la suite de louragan Katrina ou encore en raison délections allemandes à lissue encore imprévisible. Mais que lon se rassure : « 2006 devrait être une bonne année ». Que faire donc à court terme pour bien préparer lannée prochaine >
Alain Bokobza refuse dopter pour la rotation sectorielle ni lallocation pays. Ces approches ne sont pas forcément pertinentes et napportent pas un différentiel de performances très significatif explique-t-il même sil avoue un faible pour les bourses allemandes et japonaises du fait de leur faible valorisation. Le stratège préfère jouer des thèmes qui dépassent ou « traversent » ces catégories. Il en va ainsi de la quête des sociétés opéables, et des valeurs dites de croissance. Le vrai enseignement de ces derniers mois est la fin de la mode des valeurs défensives : « La thématique du rendement est morte ». Dont acte. « Depuis six mois, ces valeurs sous-performent le marché. » En revanche, « la thématique de la croissance monte. » « Les bilans sont rétablis, les profits élevés. Les sociétés qui veulent prendre des risques et générer de la croissance seront les gagnantes des 18 prochains mois. » Dans « un marché qui na plus peur de son ombre », le sujet des fusions-acquisitions demeure également un bon vecteur. Pour preuve, les titres « opéables » sélectionnés par léquipe recherche de SG ont sur-performé en moyenne de 15,5% au cours de la dernière année. Avant de connaître la nouvelle liste de ces pépites qui sera publiée dans les prochaines semaines, il faut jeter un oeil sur la « premium list » du bureau danalyse pour mettre des noms sur les actions préférées de SG. On y trouve en France, TF1, Sanofi-Aventis, LOreal, France Telecom, Vinci, Atos Origin et Axa.
Quant au secteur de lénergie, lexpert souligne les risques quil peut représenter aujourdhui « Le cours des valeurs du secteur est presque exclusivement lié au niveau du baril en dollar dont la volatilité est très forte...» Il préfère donc rester « neutre » sur le secteur dautant que les prévisions de prix sont revues à la baisse pour 2006 et quil ne faut pas sur-estimer la demande en provenance de Chine : « Ce pays est en train de construire une politique énergétique alternative. Il devient progressivement moins dépendant et moins exposé au prix du baril. » Alain Bokobza préfère dailleurs minimiser limpact général de la hausse des cours du baril. Si lon ajoute au prix nominal, l'inflation et lintensité en énergie de nos économies (quantité de pétrole nécessaire à notre économie pour produire), le niveau du baril devrait être de 143 dollars pour quil atteigne la même valeur que lors du précédent choc pétrolier. » Nous en sommes loin... Il ne croit donc pas au scénario catastrophe dune récession provoquée par le pétrole. Cest surtout le niveau de linflation et des taux qui pourrait avoir un impact. De ce point de vue là, la hausse est pour linstant très graduelle et ne menace en rien la croissance. Jusquà quand > Rendez-vous en 2006. Le stratège nest pas devin.
Jean-François Eyraud
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