A propos d'investissement (Securibourse)

par Myownway, samedi 05 décembre 2015, 16:34 (il y a 3268 jours)

(l'impossibilité de poster sur le site de Boursorama une réponse à un intervenant ("erreur "4" et effacements intempestifs) m'amène à créer ce nouveau sujet que j'enrichirai au fil du temps selon l'actualité et mes disponibilités - à nouveau un grand merci aux administrateurs de Securibourse.com pour nous permettre de nous exprimer librement et sans contrainte)


@Noctis86 (qui a écrit : <<Merci pour ces petites réflexions sur l'investissement value. >>)
http://www.boursorama.com/forum-groupe-guillin-valorisation-entreprise-et-cours-action-...

Sachant que vous me rejoindrez certainement sur cette observation, je me permettrai de vous reprendre : la terminologie employée pour décrire ce style particulier d'investissement, << l'investissement value >> ou dans sa langue d'origine "value investing", m'est toujours apparue comme un parfait pléonasme !

Buffett a souligné cette contradiction en ces termes :
<< we think the very term "value investing" is redundant. What is investing if it is not the act of seeking value at least sufficient to justify the amount paid? Consciously paying more for a stock than its calculated value -- in the hope that it can soon be sold for a still-higher price -- should be labeled speculation (which is neither illegal, immoral nor -- in our view -- financially fattening).>>

" Nous pensons que ce terme particulier "investissement dans la valeur" est redondant. Qu'est-ce que l'investissement si ce n'est pas l'acte de rechercher suffisamment de valeur afin de justifier le montant payé ? Payer consciemment un titre pour davantage que sa valeur déterminée par le calcul -- dans l'espoir qu'il pourra bientôt être vendu pour un prix encore plus élevé -- devrait être qualifié de spéculation (ce qui est ni illégal, ni immoral ni -- selon nous -- financièrement profitable) "


Et ce qui suit vous fera peut-être sourire...

J'ai pour habitude depuis quelques années maintenant de prendre des notes lors de toutes les interventions (orales ou écrites) de mon "mentor" (W. Buffett), que ce soit celles régulières sur CNBC (avec Becky Quick) ou à partir des vidéos présentes sur YouTube, des articles sur le site GuruFocus.com, de ceux publiés par Forbes et Fortune Magazine (les interviews menées par Carol Loomis) et de bien d'autres sources encore suivant les résultats de mes recherches.

Toutes ces notes sont consignées dans un fichier de traitement de textes pour lecture, puis pour de multiples relectures afin de parfaitement m'imprégner de la philosophie du "sage d'Omaha" et d'alimenter mes réflexions au long cours.
En particulier quand ça secoue sur les marchés, il n'y a rien de plus efficace pour retrouver sa rationalité et pour passer ensuite à l'action de manière profitable !
(pour exemple, cela m'a permis d'initier récemment des investissements en Zodiac Aerospace et en Edenred - sociétés que je connaissais bien par ailleurs [être prêt en attendant le moment opportun pour agir] mais dont les prix étaient jusqu'alors bien trop élevés ["le prix est ce que vous payez. La valeur est ce que vous obtenez"])

J'ai également adopté la même démarche et constitué un fichier spécifique pour son partenaire et vice-président de Berkshire, Charlie Munger.
Puis un 3ème pour tous les autres investisseurs de renom : Ben Graham, John Keynes, Phil Fisher, Peter Lynch, Seth Klarman, Mohnish Pabrai, Joel Greenblatt, etc...

Bref, je conserve précieusement toutes les remarques, quel que soit l'auteur de celles-ci, qui m'aident à progresser et à devenir un meilleur investisseur.

Apparaissent notamment sur ce dernier fichier les réflexions d'un investisseur... nettement moins connu mais pas moins intéressant, qui a écrit, sous le pseudonyme "Noctis86" (suite à la lecture de votre message du 03/12, il m'est immédiatement apparu que ce pseudo ne m'était pas inconnu...), le 25 août 2014 en réponse à un autre intervenant du forum Capelli de Boursorama ceci :

http://www.boursorama.com/forum-capelli-hvn-b-giral--cie-432122940-1

<<
le market timing est trop compliqué. je te conseille de lire des livres sur benjamin graham, peter lynch, philip fisher, walter schloss et compagnie

La meilleure solution est de réussir à acheter de très belles entreprises à un prix bas (marge de sécurité) puis de les garder sur du long terme

si vous pouvez accepter de voir vos actions perdre la moitié de leur valeur ou plus, sans paniquer, le succès est à votre portée (Buffett)
accepter de conserver ses titres meme si les marchés s'effondrent
selon lui la clé de la réussite : consacrer du temps à évaluer les entreprises cibles

lorsqu'on achète une action, c'est comme si on achetait une maison. il serait déraisonnable de vouloir déménager tous les mois
on ne vend pas un titre au premier soubresaut du marché, comme on ne divorce pas dès la première querelle

Si ça peut t'aider : J'ai travaillé chez un broker et donc j'avais accès à tous les portefeuilles de nos clients. J'ai mené ma petite enquete en contactant tous les clients qui avaient des PEA de plus de 700 000 euros (nb : le PEA était plafonné à 132 000 euros en cumul versement. Donc tu dois bien te douter qu'ils ont fait de belles performances. Un de mes clients avait meme 2 millions sur son PEA). Bref, je leur ai demandé comment ils ont fait et ils m'ont tous dit : "Je fais du long terme. Je ne spécule pas. Quand j'achète, je conserve longtemps mon action. " Puis je leur ai demandé, mais comment avez vous fait pendant la crise de 2008. Ils m'ont dit "j'ai pas vendu, j'ai gardé. Et dès que j'avais des liquidités( grace aux dividendes par exemple), j'ai renforcé sur des valeurs ou acheté d'autres actions". Puis j'ai regardé leur portefeuille et j'ai constaté une chose en commun : Ils avaient des PRU bas. En gros, ils savaient valoriser une action et acheter l'action quand elle ne coutait pas chere par rapport à sa valeur intrinsèque. Du coup, sur certaines actions, ils avaient un rendement de plus de 10% par an, donc que la bourse baisse ou pas, ils avaient leur 10% de rendement. Et au bout de 10 ans, ils avaient des lignes sur lequel tu voyais PRU par exemple 12 euros mais en vrai c'est comme s'ils avaient un PRU de 0 euros car ils avaient touché bcp de div.
En gros, ce que j'ai retenu en parlant avec eux c'était : investir sur du LONG TERME, peu de transaction, PRU bas, Belles entreprises (rentable, avec du cash et bonne structure financière).
A oui, j'ai oublié, ils avaient tous ouvert leur PEA dans les années 90. Donc 20 ans de bourse environ.

Sinon tu as une stratégie simple, c'est les intérets composés :
Par exemple, si tu as 150 000 euros sur un PEA et que tu investis sur des entreprises qui versent 6% de rendement en div. et que à chaque fois tu réinvestis les dividendes perçus sur des actions qui versent 6% de rendement. Sur 25 ans = t'auras 643 780 euros, C'est pas mal ! C'est long oui, mais t'es gagnant. En tant que broker, j'ai connu trop de gens qui voulaient gagner rapidement de l'argent. Y'en a ils ont gagné du 100 000 euros sur une année puis ils les ont reperdu l'année suivante. ça sert à rien de vouloir se la jouer trader et gagner rapidement de l'argent si c'est pour perdre tout ce que tu as gagné dans les années futures

A oui, autre constat : Sur tous mes clients. Peu d'entre eux arrivaient sur du long terme à gagner de l'argent en spéculant sur du court terme. En revanche, la grande majorité des clients qui avaient fait fortune en bourse, c'était ceux qui investissaient sur du long terme sans spéculer à court terme (et ce qui était marrant, c'est que ceux qui se débrouiller le mieux en bourse, c'était des médecins, des chirurgiens, des comptables et non des financiers ou banquiers).

Un de mes clients a du Total à un prix de revient de 17 euros. ça fait longtemps qu'il détient ses actions Total.
Que le marché baisse ou pas, doit il s'en soucier ? Perso, non je ne pense pas. Pour moi c'est comme s'il avait investi dans un bien immobilier. Il a un excellent rendement. C'est une belle valeur. Il a probablement déjà perçu plus de 17 euros de div en totalité.

Sans vouloir froisser personne, il est excessivement rare que je recopie des messages trouvés sur les forums "Boursorama", c'est à ce jour le premier et le dernier.
Je me souviens aussi avoir regretté que les autres intervenants, alors en pleine recherche sur la meilleure stratégie à adopter dans le cadre de leurs investissements, n'aient pas davantage apprécié à leur juste valeur vos propos tirés de saines lectures et surtout en lien avec votre expérience du terrain.

Cette dernière rejoint et conforte parfaitement, s'il en était encore besoin (apparemment - et malheureusement - c'est toujours le cas !) l'application de principes édictés par les plus grands investisseurs aux performances sur le long terme exceptionnelles.
(quelle est donc cette folie que de vouloir s'inspirer de ceux aux résultats médiocres, toujours bruyants et bien visibles aux yeux du grand public [banques, société de gestion, etc...], même labellisés sous des noms "prestigieux" ? - être très connu n'est pas forcément synonyme de qualité...).

Pour les "professionnels", les enjeux sont bien sûr d'une toute autre nature.
Pour eux, plus il y a de transactions, plus il y a de (pseudo)"conseils" à vendre, d'articles à produire, d'abonnements à générer, etc... plus il y a de commissions et de prestations à facturer. Leur business est alors florissant au détriment... des particuliers qui, intoxiqués par ce qu'ils lisent et entendent, se piègent... eux-mêmes.


Merci à vous d'avoir souligné et confirmé, à partir de données concrètes tirées d'un large panel de cas, l'efficacité des règles d'investissement dont les élèves de Buffett sont convaincus depuis longtemps en raison des résultats qu'ils obtiennent (globalement - les erreurs ne sont malheureusement pas toutes évitables...) grâce à une application stricte de celles-ci.
Mais que la plupart des particuliers continuent d'ignorer...

Aussi, je m'interroge.
Peut-être que la remarque d'un des intervenants de la file citée constitue un début de réponse à cette attitude le plus souvent perdante largement adoptée par les "investisseurs" individuels :
<<
@noctis86
Vous avez certainement raison .Mon grand père avait fait des merveilles en bourse en conservant des titres sur u très LT .
Mais il y a un ingrédient qui est grisant en bourse .....c est le défi ou pari de gagner ou perdre sur ses analyses ou convictions .si c est pour faire du très long terme et ne pas faire ou très peu faire d achats_ ventes , ce n est pas fun .bref je vais choquer mais je préfère de loin moins de performance et plus de fun intellectuel .....

Suite à cette réflexion, je ferai 2 remarques :
- Son grand père a fait << des merveilles >> mais ce n'est pas le résultat, voir ses investissements gagner en valeur, qui semble lui importer le plus... !!!???
- ses propos sont grandement contradictoires, c'est selon moi une interprétation à l'opposé de vos remarques !

De fait, suivre les principes des plus grands investisseurs, c'est investir massivement sur ses principales convictions et, en conséquence, contrairement à celui qui ne sait pas ce qu'il fait à travers de nombreux achats et reventes de titres, opérer peu de transactions à l'achat et à la vente ! (tout en engraissant moins les profiteurs)

Il n'y a pas de plus grande satisfaction, ça je peux l'assurer à cet intervenant, que de voir ses convictions, fruit de réflexions intenses basées sur des principes d'investissement intangibles (ceux que vous citez mais bien d'autres encore), accroître la valeur de ses investissements et ainsi générer de confortables profits.

Suivre ces principes, c'est à la fois apprendre et appliquer des règles [les bases], pour ensuite 100% réfléchir (le <<fun intellectuel>>), apprendre de ses erreurs (et de préférence de celles des autres), ne jamais abandonner et voir ses efforts récompensés par plus de performance (et pas <<moins de performance>>) !
Je peux à mon tour confirmer, à partir de mon expérience personnelle, qu'il est possible de <<défier>> les marchés en liant analyses, convictions, fun et performance.

Bref, se muer en véritable investisseur comme vous l'aviez proposé n'enlève en rien au piquant de sa vie d'investisseur. C'est même tout le contraire !
Mais le goût du jeu et surtout l'ignorance semblent désespérément empêcher les particuliers de s'enrichir.

Myownway

Pour aller un peu plus loin, cet extrait d'une intervention précédente :

<<
L'évolution quotidienne et à court terme des cours des actions m'importe peu.
Je souris souvent en lisant les commentaires de ceux qui ayant acheté à midi se désolent de voir leur action stagner à 16h !
J'imagine que ceux-ci, collés à leurs écrans, sont surtout motivés à la fois par le jeu et le fol espoir de gains rapides et faciles. Si cela pouvait être aussi simple, vous serions tous très riches....
Ces comportements ne sont pas très sérieux et ceux qui les adoptent perdent immanquablement leur temps et à terme leur argent.
Et pour mieux résumer cette situation, rien de mieux que cette citation de Philip Fisher, un grand investisseur : << Le marché des actions est rempli d'individus qui connaissent le prix de tout, mais la valeur de rien. >>
(...)
Il est certainement plus "fun" de croire pouvoir prédire les cours du lendemain (ce qui est impossible sur un grand nombre de fois en dehors d'un facteur chance providentiel) que d'engager une démarche d'analyse et de valorisation sérieuse (c'est fun aussi, je vous rassure ! - surtout quand les résultats obtenus à terme attestent de la validité de l'analyse).

Certains reposent leurs espoirs sur les mouvements du marché nourris par quelques événements ponctuels, par l'optimisme ou le pessimisme du moment, suivant les autres aveuglément (c'est encore mieux si ce sont des professionnels) ou sur des méthodes mathématiques ou quasi magiques de détermination à l'avance des cours de bourse.
Très rares sont les gagnants sur le long terme. S'ils existent.
En dehors bien sûr des intermédiaires financiers et de l’État, ravis de ponctionner leurs dîmes sur toutes ces transactions souvent perdantes, globalement considérées sur la durée (de nombreuses études rigoureuses existent sur ce sujet que visiblement peu de gens connaissent ou veulent connaître, ou veulent faire connaître...).

Je suggère, pour plus de sûreté, aux personnes qui n'ont ni l'envie ni le temps de s'intéresser à l'analyse d'entreprises de se détourner de la détention d'actions en direct pour investir leur épargne dans des indices supportant peu de frais.

En matière d'investissement, il faut impérativement concentrer ses efforts sur l'analyse de l'entreprise car ce sont ses résultats qui feront évoluer la valorisation de cette dernière, à la hausse comme à la baisse, et in fine le cours de son titre.
Il ne peut pas s'agir de gains de court terme puisque personne ne peut savoir quand le marché va prendre toute la mesure de la valeur créée.
Et l'analyse peut être juste et l'investisseur céder inopportunément à l'impatience ou au doute !

Une bonne façon d'investir avec une marge de sécurité suffisante est certainement de rechercher de bonnes sociétés qui n'ont pas les faveurs présentes du marché et dont le secteur ne recueille, pour l'heure, que des avis pessimistes.


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